Boycott de 3 produits de grande consommation : A qui profite le mouvement ?

Boycott de 3 produits de grande consommation : A qui profite le mouvement ?

Cela fait plusieurs jours que le boycott de 3 produits de grande consommation au Maroc se poursuit, avec son lot de réactions, de part et d’autre, mais aussi beaucoup d’interrogations sur les objectifs réels de ce mouvement qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Tout a commencé le 20 avril 2018. Ce jour-là, les administrateurs de deux pages Facebook, «Wavo» et «Casa Bel Visa», ont publié des posts pour inciter les citoyens à boycotter 3 grandes marques largement consommées dans le Royaume. Il s’agit du lait Central (Centrale Danone), de l’eau minérale Sidi Ali et des carburants des stations Afriquia. Le mot d’ordre a été de cesser de consommer ces 3 produits pendant un mois. Objectif, contester leurs prix jugés élevés par les initiateurs de l’appel au boycott.

Menée sous deux hashtag, #Khalih_Yrib pour le lait Central et #Mouqatiôune pour l’eau Sidi Ali et les carburants d’Afriquia, la campagne de boycott a suscité des réactions diverses. Certains y ont vu un signe témoignant d’un dynamisme au sein de la société marocaine, tandis qu’une large partie de la population a considéré que le timing et les objectifs de ce mouvement inédit au Maroc demeurent louches et pleins de zones d’ombre.

Pourquoi 3 marques et pas d’autres?

En effet, nombreuses ont été les voix qui, depuis le début de ce mouvement, ont affirmé ne pas saisir les raisons du boycott de ces 3 marques et, ainsi, pourquoi mettre en péril leur modèle économique et leur contribution à l’économie nationale. D’autant plus que les prix du lait Central (7 DH le litre) et de l’eau minérale Sidi Ali (6 DH le litre) n’ont connu aucune augmentation et ce, depuis un bon moment.

En ce qui concerne les prix de vente des carburants distribués par Afriquia, entre autres stations-service, plusieurs observateurs ont rappelé à de nombreuses occasions, depuis le lancement de la campagne de boycott, le 20 avril dernier, que les prix des combustibles ne sont plus, certes, fixés par le gouvernement, comme c’était le cas au lendemain de la décompensation mise en place par le gouvernement de Benkirane. Mais ils ont rappelé que le citoyen a le choix de faire le plein de carburant de son véhicule chez Afriquia ou chez d’autres stations-service, dont le nombre se compte par centaines dans le Royaume.

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L’ombre de Benkirane plane sur le boycott

Mais qui se cache vraiment derrière cette campagne de boycott pour le moins mystérieuse? Dès les premiers instants de ce mouvement, des doigts accusateurs ont montré l’ancien chef de gouvernement et ex-Secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), Abdelilah Benkirane. Les avis qui soutiennent cette thèse s’appuient sur des éléments qu’ils trouvent logiques. Cette hypothèse voudrait que Benkirane en veuille à Aziz Akhannouch, leader du RNI et propriétaire des stations Afriquia, filiale du Groupe Akwa dont il est également le patron. C’est en effet à Akhannouch que Benkirane avait affaire, lors des négociations pour la formation de la majorité gouvernementale Benkirane II et a, aujourd’hui, toutes les raisons d’en vouloir au chef RNIste qu’il accusait d’avoir bloqué les négociations.

Concernant l’eau minérale Sidi Ali, filiale du Groupe Holmarcom, là aussi, c’est Benkirane qui est directement pointé du doigt. Selon ses détracteurs, la patronne de Sidi Ali et présidente de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), Miriem Bensalah, constituait un rempart face à la volonté des islamistes d’envahir le monde des affaires et du business. En 2013, la CGEM avait décidé de ne pas prendre part aux rencontres économiques qui se sont déroulées en marge de la visite au Maroc du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, devenu en 2014 président de la Turquie. Bien avant cet épisode, la CGEM montait au créneau pour dénoncer la décision de Abdelilah Benkirane d’opérer des coupes budgétaires de 15 MMDH dans le budget d’investissement, qui a eu de graves répercussions sur le secteur privé représenté par la Confédération.

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En ce qui concerne le lait Central, personne ne sait vraiment les véritables motivations du boycott de ce produit de grande consommation, surtout à l’approche du mois de Ramadan. Une chose est sûre: les petits éleveurs et producteurs de lait broient du noir, en raison de cette décision de boycott qu’ils qualifient d’inconsciente et d’irresponsable.

Il est vrai que le citoyen marocain peine à joindre les deux bouts, surtout en ces temps de crise qui frappe tous les secteurs économiques ou presque. Certes, il est de plus en plus difficile de subvenir à ses besoins et d’arrondir ses fins de mois. Néanmoins, ceci n’est pas une raison pour mettre en danger l’avenir de sociétés qui, au final, s’acquittent de leurs impôts et assurent des centaines d’emplois.

K.B

Campagne de Boycott

Quand des célébrités s’en mêlent

De nombreuses célébrités marocaines, dont Latifa Raâfat, Issam Kamal, Najat Aatabou, Rachid El Idrissi, Doc Samad ou encore Rajaa Belmir, ont exprimé leur solidarité avec la campagne de boycott visant trois grandes marques marocaines. La question, à leur sujet, est de savoir s’ils sont réellement sincères, ou s’ils tentent de surfer sur la vague populiste afin de capter une part de l’opinion publique…

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