Maroc : Lagarde défend la classe moyenne

Christine lagarde

Donner à la classe moyenne les moyens de grimper l’escalier

Christine Lagarde, Directrice générale du FMI, a amplement félicité le Maroc pour ses réformes audacieuses qui lui ont valu de sortir indemne des chocs internes, en particulier dans le contexte du printemps arabe qui a fait des ravages ailleurs.

En route vers Amman (Jordanie) où elle participe à une conférence sur l’avenir des économies arabes, la Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a fait escale à Rabat pour délivrer une attestation de bonne conduite au Maroc; un bon élève qui a réussi à tirer profit avec intelligence et discernement de la ligne de précaution et de liquidité (LPL) qu’il n’a pas utilisée, mais qui reste un gage de satisfaction du FMI à son adresse et renforce la confiance des investisseurs vis-à-vis du Royaume.

La patronne du FMI a réitéré, lors de sa conférence de presse à l’issue de son escale à Rabat, que l’institution internationale est même prête à renouveler au Maroc cette fameuse ligne de précaution et de liquidité. «Nous sommes (le FMI) favorables au principe d’une renégociation» , a-t-elle dit, ce qui a fait réagir le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaïd en remerciant le Fonds d’avoir inventé un nouvel instrument (sourire de Mme Lagarde) et en se félicitant du fait que le Maroc en a bénéficié, même s’il ne l’a pas utilisé. Et de préciser: «Ça nous a quand même permis de nous prémunir contre les chocs externes».

Réussite intelligente du Maroc

En intervenant devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE), la Directrice générale du FMI ne s’est pas privée de féliciter le Maroc pour avoir réussi avec intelligence une sortie honorable du fameux printemps arabe. Cette réussite a été possible par l’adoption d’une batterie de réformes structurelles audacieuses et tant souhaitées par les Marocains. Des réformes qui ont été bien accueillies à l’international.
Les félicitations de Christine Lagarde sont venues le démontrer: «Les pays comme le Maroc récoltent le fruit des efforts engagés sur le plan économique, en matière de promotion des exportations, d’investissements publics et d’activités créatrices de valeur ajoutée comme l’industrie automobile, l’aéronautique et l’électronique… La promesse étant d’autant plus grande qu’elle est dans une région à fortes turbulences et frappée par une crise économique à l’international», a-t-elle dit.

La primeur d’Amman au CESE

Dans son intervention devant le CESE, Christine Lagarde a tenu à mettre au parfum les membres du Conseil de ce qu’elle allait proposer à Amman: «Je suis ravie, a-t-elle lancé, de vous donner la primeur du message que je tiendrai en Jordanie (11 et 12 mai 2014), lors d’une conférence internationale avec une thématique d’actualité:  »l’emploi et la croissance économique dans le monde arabe »… Nous allons brosser le paysage de ce que nous voyons comme progrès réalisés et comme politique à mettre en œuvre à l’avenir…», a-t-elle indiqué en émettant le souhait de voir instaurée une société plus juste et une vie plus digne, la dignité étant d’avoir un rêve.

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Un avenir propice

L’ancienne ministre française de l’Economie, après avoir appelé à avoir de «grands rêves et des visions d’avenir», a attesté de l’amélioration de la situation au Maroc et d’un avenir propice. «Les résultats et l’amélioration sont chiffrés. Le Maroc a certes fait des réformes importantes; des progrès impressionnants qui n’ont pas été faits dans un climat de prospérité, mais ces progrès demeurent fragiles avec un risque extérieur, celui d’un retour de la conjoncture économique européenne». Et Christine Lagarde de rappeler, en sa qualité de patronne du FMI, la stabilité économique et financière qui, a-t-elle insisté, demeure impérative. S’agissant des pays arabes en transition, elle a tiré la sonnette d’alarme et brandi le spectre du chômage, surtout des jeunes. «Nous sommes au-delà de 26%. C’est grave, parce que la proportion des jeunes est très forte et que les jeunes auront du mal à devenir des citoyens à part entière», a-t-elle souligné. Et Mme Lagarde de sortir de sa poche la recette de l’institution de Bretton Woods pour les pays arabes: «Il faut créer une économie dynamique pour créer des emplois et répondre ainsi aux aspirations de cette jeunesse». Mme Lagarde a préconisé de «doubler le chiffre de la croissance». Mais elle n’avait pas de baguette magique, comme elle l’a dit elle-même en réponse à un journaliste qui lui avait demandé: «Comment relever le défi?». Elle a reconnu que le chemin qui reste à parcourir est considérable.

Défendre la classe moyenne

Volet sociétal, la patronne du FMI a appelé énergiquement au renforcement de la classe moyenne. «Le sentiment est fort que cette classe moyenne s’appauvrit», a-t-elle dit. Et de faire miroiter un éventuel impact, au risque de dramatiser, pour mieux convaincre, en lançant: «Ce sentiment entraîne le soulèvement et c’est ce qui se passe dans nombre de pays arabes; leur situation ne s’est pas améliorée».
Mme Lagarde s’est beaucoup attardée sur la défense de la classe moyenne qu’elle a considérée comme indispensable pour investir dans l’avenir. «Une classe moyenne solide consolide l’économie», a-t-elle souligné. Et de proposer le remède en plusieurs prises, de toute évidence: «Il faut donner à la classe moyenne les moyens de grimper l’escalier, rôle essentiel que devrait jouer l’Etat et qui permet de réaliser l’équilibre».
Et de conclure, sans doute pour répondre à ce stéréotype qui veut que là où le FMI présente ses recommandations, les émeutes grondent: «Le FMI n’est pas un destructeur des services publics, loin de là».

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Mohammed Nafaa
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Lagarde a défendu aussi la femme


Invitée devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE), la Directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Christine Lagarde, a défendu plus particulièrement la classe moyenne et la femme. Pour cette dernière, elle a paraphrasé Ibn Rochd: «Traiter la femme comme un fardeau est une des causes de la pauvreté». Elle a encore dit: «La différence entre filles et garçons diminue au Maroc», ajoutant en souriant: «Incha Allah». Auparavant, en ouvrant le bal, elle a dit deux mots en arabe: «Choukrane et Salam Alaykoum». Réagissant avec humour, un membre du CESE a dit… deux mots qu’elle aurait peut-être retenus de sa rencontre avec le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane: «Wa Allah Aâlam (rires)».

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Nizar Baraka, président du Conseil économique, social et environnemental

Nizar Baraka Conseil economique

«Il faut accélérer l’appui à la classe moyenne»

Quel est le message que vous avez retenu de la visite et des déclarations de la Directrice générale du Fonds Monétaire International?

Je pense que le message principal, qui ressort de la présentation faite par Mme Lagarde en prélude de son voyage en Jordanie, c’est qu’il y a un besoin de renforcer le socle destiné à l’appui à la petite entreprise et à la très petite entreprise pour la création d’emplois et la création de valeurs.

Mme Lagarde a beaucoup défendu la classe moyenne, lors de son intervention devant le Conseil économique et social que vous présidez…

Ceci nous amène à parler d’une nécessaire et meilleure répartition de la croissance pour élargir la classe moyenne et la consolider.

Dans quel objectif?

Pour pouvoir assurer la durabilité de cette croissance et renforcer la stabilité du pays.

Qu’est-ce qui se fait au Maroc à l’endroit justement de la classe moyenne?

Personnellement, je pense qu’aujourd’hui il y a lieu de rappeler que le Maroc a connu un élargissement de cette classe moyenne à travers l’amélioration du PIB par habitant qui était de 4% par an au cours de ces dix dernières années.

Y a-t-il eu des politiques ciblées et dans quels domaines plus particulièrement?

Il y a eu effectivement des politiques ciblées dans le domaine du transport à travers les tramways (Casablanca et Rabat), dans ceux également des infrastructures, des loisirs, mais aussi de l’éducation…

Il faut peut-être aujourd’hui accélérer le rythme…

Effectivement, aujourd’hui, il y a lieu d’accélérer et de renforcer le rythme pour mettre plus de cohérence dans les politiques publiques qui sont menées et qui sont dédiées aux classes moyennes.

Propos recueillis par MN

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