Crise du Golfe : Lorsque la médiation se heurte au mur de la réticence…

Crise du Golfe : Lorsque la médiation se heurte au mur de la réticence…

Le Maroc est décidé à intervenir de manière positive, constructive et active, pour résoudre la crise dans le Golfe. C’est dans cette optique que le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, y a multiplié les déplacements, tout au long des dix derniers jours.

Dans le but de désamorcer la crise entre l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, Bahreïn, l’Egypte et d’autres pays arabes, d’un côté et l’Etat du Qatar, de l’autre, pour son appui présumé au terrorisme, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale s’est rendu dans plusieurs pays du Golfe. Il était porteur d’un message d’apaisement de la part du Maroc, en la personne de SM le Roi Mohammed VI.

A la rencontre des protagonistes de la crise

Nasser Bourita s’est d’abord rendu aux Emirats Arabes Unis, le 11 juin 2017. Il y a rencontré le prince héritier d’Abou Dhabi, Cheikh Mohamed Ben Zayed Al-Nahyane. Lors de cette entrevue, il a fait part au prince héritier de l’inquiétude du Maroc quant à la détérioration des relations avec le Qatar. Le ministre, porteur d’un message de SM le Roi Mohammed VI, a rappelé que l’objectif du Maroc est de trouver une solution rapide et définitive à cet incident qui ne devrait pas durer entre des pays qui partagent un destin commun et, surtout, font partie d’une même nation arabe qui doit normalement faire preuve d’unité et de solidarité.

Le lendemain de sa visite aux Emirats Arabes Unis, Bourita a effectué une visite au Koweït. Porteur, là aussi, d’un message verbal de SM le Roi Mohammed VI, le ministre des AE et de la Coopération internationale a rappelé à son homologue koweïtien que les différends peuvent survenir en cours de route entre deux ou plusieurs pays frères. Il a toutefois insisté sur la nécessité de régler ces malentendus à travers le dialogue et non l’escalade qui ne sert les intérêts d’aucun Etat impliqué dans cette crise.

Le Maroc à la rescousse

Parallèlement à ses efforts de médiation, le Maroc a décidé, sur instructions de SM le Roi Mohammed VI, d’envoyer des aides alimentaires au Qatar, dans le cadre de la solidarité qui doit exister entre les pays musulmans. Selon un communiqué du ministère des AE et de la Coopération internationale, «cette position du Maroc repose sur les relations de partenariat stratégique exceptionnel avec les membres du CCG et les liens solides entre le peuple marocain et les peuples de ces pays». Le ministère a fait savoir: «Cette position ne peut, en aucun cas, être liée aux positions des autres parties non arabes qui tentent d’exploiter cette crise pour renforcer leur positionnement dans la région et porter atteinte aux intérêts suprêmes de ces pays». La même source a annoncé la disposition du Maroc à «offrir ses bons offices en vue de favoriser un dialogue franc et global, sur la base de la non-ingérence dans les affaires intérieures, la lutte contre l’extrémisme religieux, la clarté dans les positions et la loyauté dans les engagements».

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Observateurs marocains et étrangers sont unanimes pour dire que le Maroc intervient, chaque fois que cela est nécessaire, pour  apaiser les tensions entre pays frères ou amis. Ils rappellent la médiation du Royaume entre les pays arabes dès la première guerre du Golfe en 1990. Selon les mêmes sources, le principal souci du Maroc consiste toujours à consolider la stabilité des pays arabes, musulmans et même occidentaux.

La France met la main à la pâte

A peine est-il élu président de la république française qu’Emmanuel Macron voulut montrer sa disposition à faire de la médiation. En effet, le jeune président, qui était au Maroc les 14-15  juin 2017, a annoncé son intention de rencontrer l’Emir du Qatar et le Prince héritier d’Abou Dhabi. Cette rencontre programmée pour fin juin 2017 entre, selon le président Français, dans le cadre de la désescalade de la tension entre les pays du Golfe.

La Turquie défend le Qatar

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, est arrivé, vendredi 16 juin 2017, en Arabie Saoudite où il a rencontré le Roi Salmane. A l’issue de son entretien avec le Souverain saoudien, il a appelé à un apaisement rapide du climat de tension qui plane sur la région du Golfe en raison de la brouille diplomatique dans le Golfe.

Les Etats-Unis appellent à la retenue

Les Etats-Unis d’Amérique ont appelé les pays du CCG à privilégier les négociations et le dialogue pour régler cette crise entre le Qatar et d’autres pays du Conseil de Coopération du Golfe. Cependant, nombre d’observateurs se posent la question de savoir si la dernière visite du président américain, Donald Trump, dans la région y est pour quelque chose dans l’éclatement de cette crise ou si c’est une simple coïncidence. De son côté, le  secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, a annoncé avoir annulé sa participation à une réunion de l’Organisation des Etats Américains (OEA) pour rester à Washington et se concentrer sur la crise du Golfe. «Le secrétaire d’Etat va poursuivre ses efforts pour faire baisser la tension dans la région du Moyen-Orient, par des rencontres et des discussions téléphoniques avec les dirigeants de la région et du Golfe», a indiqué le département d’Etat dans un communiqué.

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La voix de la raison sera-t-elle entendue?

En dépit des efforts soutenus du Maroc et d’autres pays, dans le but de trouver une issue à la crise qui secoue le Golfe, les principales parties concernées campent sur leurs positions. L’exemple le plus patent de cette rigidité vient de l’une des parties du conflit, à savoir les Emirats Arabes Unis. Le 19 juin 2017, le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, dans une intervention devant la presse à Paris, a affirmé: «L’isolement du Qatar peut durer des années», soulignant au passage que son pays, soutenu par ses alliés du Golfe, mise beaucoup sur le facteur temps pour faire revenir Doha à la raison. Plusieurs voix affirment que l’étau se resserre autour du Qatar qui ne pourrait pas résister éternellement à la pression des pays du Golfe qui exigent de lui de ne plus appuyer financièrement le terrorisme. 

Les EAU ne sont pas le seul pays à miser sur le temps, puisque d’autres, comme l’Arabie Saoudite et Bahreïn comptent également sur le facteur temps, afin d’amener le Qatar à plus de discernement et de modération dans son attitude à l’égard du terrorisme. C’est pourquoi, il y a un peu plus d’une dizaine de jours, ils ont fermé leurs frontières terrestres et maritimes avec Doha.

Ryad, les Emirats Arabes Unis, l’Egypte et d’autres pays arabes ont rompu, le 5 juin 2017, leurs relations diplomatiques et économiques avec le Qatar, l’accusant de «soutenir des organisations extrémistes qui cherchent à déstabiliser la région». Le Qatar, lui, nie toujours une quelconque relation avec les extrémistes et appelle les pays qui le boudent à revoir leur position. Et pourtant…

Mohcine Lourhzal

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