Tunisie Curieuses réactions

Pourquoi le nier ? Les «Cassandre» du lendemain des événements de Tunisie n’ont peut être pas tout à fait tort. Depuis ce fameux vendredi 14 janvier, où la colère du peuple tunisien a chassé le Président Zine Elabidine Benali du pouvoir (et du pays), ils n’ont eu de cesse d’annoncer –et de scruter- de possibles ondes de choc, effets domino et autres contagions de révolte populaire, dans les pays du Maghreb et du monde arabe. 

Leurs annonces étaient parfois brutales, sans nuances, voire subjectives et partiales. Ce qui leur a valu d’être traités, selon les cas, de diplomates caméléons, de journalistes formatés, ou d’opposants aigris. Mais leurs excès mis de côté, il nous faut bien reconnaître, tout à fait objectivement, que l’explosion de colère du peuple tunisien –qui plus est, a abouti- pouvait donner envie à d’autres peuples, s’estimant dans une situation comparable, d’en faire autant.

D’ailleurs, ce fût le cas. On a bien vu qu’aussitôt, en Algérie, les manifestations contre le renchérissement des prix et le mal logement ont redoublé d’intensité. Un parti algérien, le RCD, a même bravé l’état d’urgence (instauré depuis 1992 !!!) et ses interdictions de rassemblement public, pour organiser une manifestation sans précédent (qui s’est soldée par plusieurs arrestations et personnes blessées, dont un député).

On a également vu éclater des manifestations en Egypte, dont celle du 25 janvier qui a fait trois morts (deux manifestants et un policier). Ou au Yemen, dans les milieux universitaires, les étudiants réclamant le départ du chef de l’Etat… Ou encore en Jordanie, en Mauritanie…

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Le résultat n’a pas été le même qu’en Tunisie, l’embrasement de la rue ayant été, dans les pays «contaminés», partiel, quelques fois à peine velléitaire. Mais ce serait une grave erreur que de balayer tout cela du revers de la main. Plus que grave, l’erreur serait fatale à ceux qui prendraient à la légère la colère populaire.

Comment expliquer, par exemple, qu’à la veille de la manifestation du 25 janvier, dans son pays, le ministre de l’Intérieur égyptien n’ait trouvé d’autre argument pour dissuader les manifestants que de les menacer d’arrestation ? La plus grande leçon que l’on pouvait retenir des événements de Tunisie, n’était-ce pas qu’à partir d’un certain degré d’exaspération, aucune menace n’a d’effet sur le peuple ? N’y avait-il pas mieux à promettre à une population prête à en découdre avec le régime qu’une menace de répression ?

A l’opposé, les réactions de ceux qui se sont voulus prévoyants ou conciliants n’ont pas été moins curieuses. On a ainsi vu l’émir du Koweït saisir le prétexte du 5ème anniversaire de son accession au trône pour annoncer que les Koweitiens de souche (ils ne sont que 1,12 millions) recevraient 2.680 euros chacun et auraient gratuitement accès aux denrées alimentaires de première nécessité pendant 14 mois (jusqu’au 31 mars 2012). Le Koweit étant un émirat pétrolier dont les avoirs, rapportent les médias, s’élèvent à 300 milliards.

Les leçons de la démocratie

Les dirigeants algériens –qui disposent d’un peu plus de 150 milliards de dollars de réserves en devises- ont réagi, eux, en annulant toutes les hausses de prix récemment décidées et même les moins récentes…

On a aussi entendu, ici et là, des annonces de création d’emplois, de gel des prix même si les matières premières, à l’international, flambent (suite aux inondations en Australie, par exemple) et que le prix du baril de pétrole caracole à 100 dollars…

La question est : pourquoi ces responsables qui savaient pouvoir faire tous ces gestes en direction de leurs populations, ne les ont-ils fait que dans la peur d’une contagion des événements de Tunisie ? N’était-elle pas caricaturale cette image du Président Benali, promettant, dans ses derniers discours, la création de plusieurs centaines d’emploi, la libéralisation des médias, l’élargissement des libertés ?

Les gouvernants qui promettent tout, aujourd’hui, au peuple, font assurément mieux que ceux qui continuent de le terroriser. Mais entre les deux, il y a la meilleure solution qui soit : une bonne gouvernance et qui associe le peuple.

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