Européennes : Le FN français mène le bal populiste

Marine lepen

Le résultat des élections européennes est évident. Il est marqué par une impressionnante montée du vote hostile, sinon à l’Europe, au moins à son fonctionnement et à ses orientations. Le plus frappant est de loin le résultat français.

Le résultat des élections européennes donne le Front national en tête, largement devant l’UMP, alors que le PS, confirmant sa déroute des municipales, enregistre une débâcle.
Pour la première fois de son histoire, le FN remporte un scrutin national. Le parti de Marine Le Pen est en effet arrivé largement en tête, dimanche 25 mai, aux élections européennes en France, selon des résultats quasi définitifs (les résultats des Français de l’étranger n’étaient pas encore connus, lundi 26 mai en début de matinée). Avec 24,96% des voix, il devance l’UMP (20,8%) et le PS (13,98%). Viennent ensuite les listes UDI/MoDem (9,9%), puis EELV (8,92%) et Front de gauche (6,34%).

Ce séisme français est accompagné de tremblements d’intensités variables partout en Europe.
Le Parti populaire européen (droite) arrive en tête du scrutin avec 212 sièges, selon les estimations provisoires, contre 273 dans le Parlement sortant. Cette forte érosion ne profite pas aux socialistes qui font un peu moins bien qu’en 2009 (185 élus, contre 196), après leurs revers, en France en particulier. Le groupe des libéraux-démocrates est en troisième position, avec 71 élus, contre 83 dans l’Hémicycle sortant. Ce sont donc les eurosceptiques et nationalistes qui font entrer quelque 140 élus qui profitent dans le désordre de ce vote sanction contre un système doublé comme en France souvent d’un vote sanction national.
Les électeurs allemands ont donné une avance confortable au parti de la chancelière Angela Merkel (CDU-CSU, droite démocrate-chrétienne et conservatrice) avec 35,3% des suffrages (36 sièges), malgré une percée du parti anti-euro AFD (Alternative pour l’Allemagne).
Au Royaume-Uni, l’Ukip europhobe de Nigel Farage obtient un score impressionnant et historique de 27,5%. Il fait jeu égal avec les conservateurs et les travaillistes.
Le Parti du peuple danois (DF), formation d’extrême droite anti-immigrés et eurosceptique, est arrivé en tête du scrutin européen avec 23,1% des voix, selon les sondages de sortie des urnes, soit une progression de près de 10 points par rapport à 2009.
En Autriche, le parti d’extrême droite FPÖ, qui espère constituer un groupe avec le FN, n’est pas arrivé en tête, mais obtient près de 20% des suffrages, en hausse de plus de cinq points par rapport à 2009, derrière les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates au pouvoir.
En Grèce, la formation d’extrême droite Aube dorée (XA) enregistrerait une percée, avec un score de près de 10%, ce qui pourrait lui donner au moins deux députés européens sur 21 élus grecs. Une première pour ce parti!
Les Pays-Bas font un peu exception. Le Parti du populiste de Geert Wilders n’obtient que 12,2% des voix, contre 17% cinq ans plus tôt, qui se traduisent par trois sièges au Parlement, contre cinq en 2009. Les centristes (15,6%) et les chrétiens-démocrates (15,2%), crédités de quatre sièges chacun, termineraient en tête du scrutin.
Le petit parti europhobe polonais, Congrès de la nouvelle droite (KNP), va entrer au Parlement européen avec quatre députés, en obtenant 7,2% des voix, selon un sondage à la sortie des urnes. En Finlande, les souverainistes de Vrais Finlandais (PS) ont obtenu 12,9%
En Hongrie, le Jobbik, un parti ultranationaliste au discours volontiers raciste, antisémite et anti-Roms, arrive en seconde position avec 14,7% des voix. Il recule toutefois de six points par rapport à son score des législatives du 6 avril. En Suède, l’extrême droite remporterait 9,70% des suffrages, faisant son entrée au Parlement européen.
Ce n’est pas complet, mais cela donne une idée du mouvement. Les gouvernements devront en tirer des leçons et l’Europe également.
On peut faire comme si rien ne s’est passé et ignorer le tremblement des urnes. Mais ce serait confirmer que l’Europe ne tient pas compte de l’expression démocratique des élections. On ne peut donner des leçons de démocratie au monde et ne pas suivre ses valeurs quand les peuples votent mal ou expriment des inquiétudes. La presse ne s’y trompe pas.
«Séisme», «tremblement de terre», «onde de choc», «dégâts»… Le champ lexical de la catastrophe revient dans beaucoup de quotidiens régionaux et nationaux, tant français qu’européens, concernant la victoire du Front national au scrutin européen du 25 mai. Victoire dont Eric Decouty prédit l’impact dans «Libération»: «la victoire du Front national reste un choc qui va ébranler la France et l’Europe entière», car «l’onde de choc créée par le parti de Marine Le Pen dépasse largement les frontières nationales».
La presse européenne utilise le même registre que celui des quotidiens français, évoquant là encore des catastrophes d’ordre sismique, notamment à propos de la victoire du Front national. «Séisme politique», titre le Frankfurter Allgemeine Zeitung, tandis que la Repubblica, quotidien italien, évoque un «tremblement de terre en France».
La France n’est bien sûr pas le seul sujet évoqué par la presse internationale, comme l’explique la correspondante en Italie d’Europe 1. Les Unes de la presse italienne sont surtout consacrées à la grande victoire du jeune président du Conseil, Matteo Renzi.
En plus de regarder vers les voisins, chaque pays se tourne vers ses propres résultats. Le Times évoque ainsi une «humiliation» du Premier ministre David Cameron à propos de la poussée de l’Ukip, parti farouchement europhobe. Et d’ajouter: «L’Ukip jubile, tandis que l’Europe vire à droite».
Oui, l’Europe a viré et le FN français sera tenté de fixer un nouveau cap… Au risque de démâter le navire en pleine tempête…
C’est ce qui arrivera si ceux qui sont encore aux commandes ne changent pas eux-mêmes de cap et font semblant d’ignorer la mutinerie des équipages européens.

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Patrice Zehr

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