Bank Al-Maghrib | Forte incertitude sur la croissance qui recule de 6,3% en 2020

Bank Al Maghrib Forte Incertitude Sur La Croissance Qui Recule De 6,3% En 2020

Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al Maghrib (BAM), a tenu un point de presse en visioconférence. L’occasion de présenter les principaux indicateurs de l’économie marocaine et les perspectives pour 2021.  

Covid-19 oblige, le numéro un de la Banque Centrale du Maroc a tenu mardi 22 septembre 2020, un point de presse à distance. Lors de cette rencontre, Abdellatif Jouahri a d’abord annoncé que suite à la réunion du Conseil d’administration de Bank Al-Maghrib, tenue le même jour à Rabat, il a été décidé de maintenir le taux directeur inchangé (1,5%).

Voilà pourquoi le taux directeur est resté inchangé

Jouahri a expliqué que le maintien du taux directeur à son niveau actuel répond à une urgence sanitaire liée à la propagation du nouveau Coronavirus sur le territoire national et ce qu’elle a généré comme conséquences sur l’économie du pays. En effet, le premier semestre de 2020 a été marqué par une forte décélération de la croissance, qui s’est établie à 0,1% contre 2,8% en 2019. Selon le scénario retenu par Bank Al-Maghrib, l’économie marocaine devrait ainsi connaître une contraction de l’ordre de 6,3% avec des reculs de la valeur ajoutée agricole et non agricole. A cause des répercussions de la Covid-19, d’autres indicateurs économiques sont aujourd’hui dans le rouge. Il s’agit notamment du taux de chômage qui a augmenté de 8,1% à 12,3%.

Incertitudes à tous les étages

Pour ce qui est de la situation des comptes extérieurs, cette dernière évolue à un rythme négatif, principalement à cause du recul enregistré en glissement annuel par les exportations (17% en juillet 2020). Cette baisse concerne notamment le secteur automobile (28,7%) et celui du textile (29,5%). La situation n’est pas meilleure dans le secteur pour les importations. Selon le Wali de BAM, ce secteur a enregistré une baisse de 17,5% au cours des derniers mois. Pour l’ensemble de l’année 2020, les exportations devraient continuer à chuter, au-même titre que les importations de biens.

S’agissant des recettes de voyage, elles ressortiraient en forte diminution, passant de 78,8MMDH en 2019 à 23,9 milliards en 2020. Plus résilients à la crise sanitaire due à la pandémie Covid-19, les transferts des Marocains Résidants à l’Etranger (MRE) devraient accuser une baisse limitée ne dépassant pas 5%, soit 64,5MMDH. Dans ces conditions, et tenant compte de rentrées de dons à hauteur de 7,2MMDH en 2020, le déficit du compte courant devrait se creuser à 6% du PIB en 2020, au lieu de 10,3% prévus en juin 2020 par Bank Al-Maghrib.

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Tenant compte de la mobilisation des financements extérieurs, BAM s’attend à ce que l’encours des avoirs officiels avoisine les 294,7MMDH à fin 2020, soit une couverture autour de 6 mois et 20 jours d’importations de biens et services. Enfin, et compte tenu des données de la Loi de Finances Rectificative 2020 et de la poursuite de la mobilisation des financements spécifiques en 2021, le déficit budgétaire, hors privatisation, devrait s’aggraver de 4,1% en 2019 à 7,9% du PIB en 2020. Sachant que le financement des besoins du Trésor est assuré principalement par la mobilisation exceptionnelle des financements extérieurs, Bank Al Maghrib prévoit une aggravation de la dette du Trésor. Cette dernière devrait atteindre 76,1% du PIB en 2020 contre 65% en 2019.

La Banque Centrale à la rescousse

Après avoir présenté les principaux indicateurs de l’économie nationale, Abdellatif Jouahri s’est longuement attardé sur le rôle que doit jouer la Banque Centrale, dans le cadre des mesures prises par l’Etat pour venir en aide aux acteurs économiques les plus affectés par la crise sanitaire due à la Covid-19. Il a rappelé dans ce cadre que le Maroc a connu un assouplissement des règles prudentielles appliquées aux banques commerciales. Et Jouahri de préciser que la Bank Al-Maghrib a pris soin de recommander aux banques de ne pas distribuer de dividendes en 2019 afin de préserver leurs fonds propres.

D’un autre côté, le Wali de Bank Al-Maghrib a  plaidé pour l’opérationnalisation du «Mobile Banking», en tant qu’instrument incontournable d’inclusion financière et de lutte contre le cash, dont le niveau a largement augmenté durant cette période de crise sanitaire.  Cet outil permet des gains significatifs au niveau du temps et du coût de l’exécution des opérations, a précisé le numéro 1 de la Banque Centrale.  «Nous sommes à 1,5 million de Wallet. Sur le plan technique, tous les essais des switchs ont été effectués, alors que les sept comités de travail relatifs à la mise en place de l’inclusion financière sont en place et avancent valablement», a-t-il affirmé, recommandant l’accélération de la mise en place de cet instrument si important pour l’inclusion financière et la réduction de l’utilisation du cash.

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Restons optimistes

La situation économique devrait s’améliorer dans les prochains mois. Selon Bank Al Maghrib, un rebond de l’économie nationale de 4,7%, est attendu en  en 2021. L’économie nationale devrait connaître, selon le scénario de base retenu par BAM, une contraction de 6,3% avec des reculs de 5,3% de la valeur ajoutée agricole et de 6,3% de celle des secteurs non agricoles, a indiqué Jouahri.  Pour l’ensemble de l’année 2020, la prévision annoncée en juin a été ajustée à la baisse au regard du redémarrage plus lent que prévu de l’activité, de la mise en place de certaines restrictions locales ou sectorielles suite à la recrudescence des infections, ainsi que de la poursuite de la fermeture quasi-totale des frontières pour les voyageurs, a fait savoir la même source. En 2021, le PIB rebondirait de 4,7%, porté par une hausse de 12,6% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’une récolte céréalière de 75 millions de quintaux, et par une amélioration de 3,7% de celle non agricole.

Il est clair que ces perspectives, qui restent entourées d’un niveau exceptionnellement élevé d’incertitudes liées notamment à l’évolution de la Covid-19, à l’ampleur de ses retombées ainsi qu’au rythme de la reprise économique, devront être régulièrement actualisées.  

Mohcine Lourhzal

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