Entretien avec Dr. Yves Souteyrand, représentant de l’OMS au Maroc

Yves souteyrand oms maroc

Ebola: le risque de contagion par les frontières terrestres est extrêmement limité

Pour le Dr. Yves Souteyrand, représentant de l’OMS au Maroc, il faut maintenir la vigilance et renforcer la surveillance aux frontières.

Confirmez-vous, en tant que représentant permanent de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Maroc, qu’il n’y a pas de cas de virus d’Ebola au Royaume?

Absolument, il n’y a pas de cas rapporté de virus d’Ebola au Maroc aujourd’hui.

Et le risque zéro?

Il n’y a pas de risque zéro, évidemment, dans la mesure où il s’agit d’un virus qui est virulent et que le Maroc est en lien avec les pays d’Afrique dans lesquels l’épidémie d’Ebola est importante.

Comment évaluez-vous le risque?

Le risque est faible.

La vigilance s’impose quand même…

Le risque d’une importation de cas est faible, mais cela n’empêche qu’il faille se préparer à toute éventualité à travers le Plan de veille du ministère de la Santé.

Vu l’étendue des frontières marocaines, est-ce que vous pensez qu’il est possible de bien contrôler et gérer la situation, d’autant plus que les frontières de l’est avec l’Algérie ne semblent pas être suffisamment hermétiques?

Vous savez, le problème est relativement simple. Où sont les contrôles dans les régions «les plus à risques»? Le lieu où il y a des échanges importants, c’est notamment le hub aérien de l’aéroport Mohammed V, puisque c’est un endroit où convergent des vols en provenance des pays dans lesquels l’épidémie existe. Donc, c’est là où il faut renforcer la surveillance et c’est là que le ministère de la Santé met en place le maximum d’efforts.

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Et qu’en est-il des frontières terrestres?

Il s’agit là de frontières. Donc, il y a toujours des risques, mais très minimes d’ailleurs, parce qu’il s’agit d’une maladie dont la durée d’incubation est relativement courte et, quand les personnes arrivent entre le moment où elles sont contaminées dans leur pays d’origine et leur entrée au Maroc par les frontières terrestres, je dirais que le risque est extrêmement limité.

Et pour les ports?

Pour les ports, il existe aussi un petit risque et le Maroc a pris et mis en place les mesures nécessaires.

Quelle collaboration alors entre l’OMS et le Maroc?

L’OMS est prête à collaborer avec le Maroc pour s’assurer que le Plan de veille est mis en œuvre dans les meilleures conditions possibles.

Quelle assistance au Maroc et sous quelle forme?

C’est une assistance technique, par exemple pour évaluer si le dispositif des laboratoires mis en place par le Maroc répond aux normes internationales et pour s’assurer que les structures d’isolement mis en place aux frontières répondent parfaitement aux mêmes normes. Et, s’il y a besoin, ce sera un appui technique pour pouvoir renforcer le niveau de conformité.

Nous avons toujours en mémoire la fièvre aviaire. Aujourd’hui encore, certains n’hésitent pas à parler d’une éventuelle bataille industrielle des laboratoires internationaux. Qu’en pensez-vous personnellement?

Je pense personnellement qu’il s’agit bel et bien d’une épidémie. Malheureusement, ce n’est pas la première fois qu’elle apparaît. Le virus d’Ebola est connu depuis 1976. Il y a eu certes de très nombreuses épidémies, mais très localisées. Le fait que l’épidémie soit développée, c’est qu’elle a pris corps dans des pays qui sont extrêmement fragiles et démunis en ce qui concerne le système sanitaire. Ce sont des pays qui ont connu des guerres pendant longtemps et qui sont dans des situations économiques très fragiles. Donc, le virus d’Ebola a eu l’occasion de se développer et c’est la première fois que nous avons une épidémie qui est dans plusieurs pays. Actuellement, il y a par exemple un développement de la maladie très fort dans la capitale du Libéria, Monrovia, parce que le pays n’est pas en mesure de faire face à cette situation.

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Vous n’avez pas encore répondu à ma question, s’agissant de la référence à l’épidémie de la fièvre aviaire.

Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’avoir des hypothèses autres que l’hypothèse, malheureusement, du développement d’une épidémie dans des conditions de grande précarité.

Est-ce que le Maroc a tort ou raison en continuant d’accueillir au quotidien des vols en provenance des pays touchés par le virus?

En tous cas, c’est tout à fait cohérent avec les recommandations de l’OMS qui ne recommande en aucun cas de fermer les frontières aériennes.

Vous estimez donc que le Maroc bien fait de maintenir ses vols dans les deux sens…

Tout à fait. Le Maroc a raison de continuer d’avoir des relations commerciales avec ces pays africains. C’est aussi un moyen de pouvoir les aider à faire face à l’épidémie.

Interview réalisée par Mohammed Nafaa

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