Consultations pour le nouveau gouvernement au Maroc : Retour à la case départ

Consultations pour le nouveau gouvernement au Maroc : Retour à la case départ

La guerre des communiqués a fait rage ce week end entre, d’une part, le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane et, d’autre part, Aziz Akhannouch, chef de file du RNI et les partis proposés pour former le nouveau gouvernement.

Alors qu’on attendait une réunion entre les deux hommes, pour une reprise des concertations devant conduire à la formation du nouveau gouvernement, voilà que le communiqué conjoint du RNI (Rassemblement national des indépendants), MP (Mouvement populaire), USFP (Union socialiste des forces populaires) et UC (Union constitutionnelle) annonce le désir de ces partis de former un gouvernement fort pour affronter les défis, en harmonie avec le Discours royal de Dakar (6 novembre 2016).

La réponse du chef de gouvernement ne s’est pas fait attendre. Benkirane a répliqué que les concertations sont interrompues avec Akhannouch et Laenser.

Benkirane, notent certains, parle d’interruption des concertations avec ces deux hommes et non pas d’arrêt des concertations. Ce qui suppose que celles-ci pourraient reprendre, mais personne ne sait quand. Alors que, dans cet arrêt, «Antaha al kalam» (la discussion est close), a dit Benkirane, ce qui est une reconnaissance de celui-ci de l’échec de former le nouveau gouvernement. Auparavant, Benkirane avait surpris tout le monde, classe politique en tête, en annonçant un probable gouvernement avec la majorité sortante (PJD, RNI, PPS et MP).

Ce revirement de situation n’aurait vraisemblablement pas été du goût de la famille RNI qui a fait savoir illico, dans un communiqué, que le Rassemblement National des Indépendants ne fera pas partie d’un gouvernement d’où sont exclus ses nouveaux alliés, en l’occurrence l’Union Constitutionnelle (UC) et l’Union socialiste des forces populaires (USFP). Il va même jusqu’à reprocher au PJD de décider unilatéralement et sans le consulter.

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La guerre des communiqués

Samedi 7 janvier, Abdelilah Benkirane a fait une sortie médiatique. Il a annoncé à la presse qu’il attendait toujours la réponse de Aziz Akhannouch qui lui avait promis qu’elle aurait lieu, mercredi 4 janvier et que, jusqu’à ce samedi, le chef du RNI ne s’est pas manifesté, assurant que lui (Benkirane) n’est pas pour l’échange des communiqués.

Surprise et colère

Le retour aux affaires de la majorité sortante a tout aussi bien surpris la classe politique que provoqué le courroux de l’USFP et de l’UC qui ne l’ont d’ailleurs pas caché, puisque ce plat réchauffé que propose A. Benkirane, nous a confié une source de l’UC, fausse le calcul des amis de Sajid qui avait, avec Aziz Akhannouch, scellé une alliance et sont même allés plus loin en prévoyant de créer un groupe parlementaire commun.

L’USFP… Grande perdante

Pour sa part, l’USFP, qui s’avère être la grande perdante dans cette affaire, puisqu’elle a été acculée au banc de touche, a réagi énergiquement en faisant savoir, par voie de communiqué: «Le Chef de gouvernement s’est comporté, concernant le dossier des concertations, avec une méthode que politiciens, médias et analystes ont peiné à comprendre». Benkirane, a encore précisé le communique du parti de la rose, n’a pas respecté ses engagements, lui, qui avait assuré à l’USFP de faire partie de la nouvelle majorité. Il a donc tout fait pour mieux servir les intérêts de son parti.

La teneur du communiqué de l’USFP démontre ainsi que ce parti n’a pas digéré le fait que le chef de gouvernement désigné, Abdelilah Benkirane, l’ait écarté sans même le consulter et ait mal interprété la proposition de l’USFP de hisser «le frère Habib El Malki au perchoir de la Chambre des représentants, ce qui est un droit parmi les droits de n’importe quel parti».

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Les hésitations de Lachgar

Une chose est sûre, le processus des consultations pour la formation du nouveau gouvernement a été enrobé de flou, nous a confié un membre du Bureau politique de l’USFP. Ce qui n’exclut pas pour autant que le comportement de son Premier secrétaire, Driss Lachgar, soit, en ce qui le concerne, distingué par des hésitations tout au long de la période des consultations. C’est ce flou accompagné du mauvais score lors des dernières échéances électorales qui a éloigné le parti de la rose de la participation au prochain gouvernement. In fine, l’USFP ne savait pas par quelle porte entrer au gouvernement: celle de Benkirane ou celle d’Akhannouch?

Même si Benkirane et Akhannouch arrivent tant bien que mal à accorder leurs violons, concernant le nouveau gouvernement, il y aura toujours une pente raide à surmonter, à savoir l’architecture de ce nouveau gouvernement et la répartition des portefeuilles ministériels. Le PJD aurait, dit-on, reçu des dizaines de demandes de ministrables, ce qui laisse entendre que l’étape prochaine, celle de l’après déblocage, constituera une lourde tâche pour les secrétaires généraux qui auront du mal à distribuer le butin, opération qui exige d’être traitée avec un maximum de transparence et loin de la formule «bak Sahbi» (ton père est mon ami), pour former un gouvernement homogène, prenant en compte le fait qu’il n’y a pas de postes ministériels de première classe et d’autres inférieurs.

Serions-nous face à un retour à la case départ? Ce qui augurerait, le cas échéant, d’un éventuel nouveau blocage que les Marocains n’apprécieront guère. Trop, c’est trop, disent les citoyens!

Mohammed Nafaa

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