Un stage, ça forme comme ça déforme !

Stages afp

Ils sont des milliers d’étudiants et de diplômés, tous niveaux et secteurs confondus, à faire des stages chaque année. C’est une expérience incontournable. Deux cas de figure se présentent à eux: une expérience joyeuse et passionnanteou un cauchemarlaissant un goût amer… Reportage.

A peine le baccalauréat en poche, comme unique diplôme et aucune expérience professionnelle préalable, les jeunes se heurtent au terme de leur première année universitaire à une expérience inconnue appeléecommunément «stage». Ils ne savent pas comment s’y prendre pour en décrocher un. On ne leur enseigne pas comment faire cela à l’école. Ils ne savent même pas à quoi s’attendre. Il n’empêche qu’ils ont tous le même mot à la bouche: STAGE! Et veulent tous en faire au moins un durant leurs vacances d’été.Si pour certains, ces stages se passent année après annéerelativement bien, pour d’autres c’est au supplice chinois qu’ils ont droit.

Un emballement généralisé

Dans ce quartier d’affaires, plusieurs banques et entreprises de moyenne ou de grande taille sont reconnaissables à leur logo, à leur bâtiment imposant et aux hommes et femmes défilant en costume-cravate entre midi et quatorze heures pour la pause déj’. Ces salariés sortent prendre un léger repas dans l’un des restaurants ou snacks ayant ouvert expressément pour répondre à leurs besoins. La moyenne d’âge se situe entre 30 et 50 ans. Un peu plus loin, des têtes plus jeunes, des «bébés» à peine sortis des bancs de l’école qui se prêtent au jeu du costume trois pièces et mocassins cirés, ou tailleur-jupe et rouge à lèvres. Timides dans leur coin, ils ne se mélangent pas aux «grands» par respect pour leur statut et leur fonction… Sauf les exceptions qui confirment la règle.

Du haut de ses 22 ans, Ghita, effectuant un stage dans le secteur bancaire, se mêle aux cadres. Elle a noué des amitiés avec à peu près tout le monde et à l’occasion échange avec eux des blagues salées auxquelles tout le monde rit en chœur. «Tout le monde est sympathique avec moi, j’ai l’impression qu’on est une famille ici. On m’aide quand j’ai besoin de quelque chose et on ne me considère pas comme une simple stagiaire; je fais partie de l’équipe. C’est vraiment un plaisir de venir chaque jour travailler. D’ailleurs, c’est la deuxième année que je passe mon stage ici».
Farouk, effectuant des études d’ingénierie, n’a passé son premier stage qu’après trois années d’études post- baccalauréat. Il a dû faire deux ans de classes préparatoires avant d’intégrer une école nationale de renommée. Ce jeune homme fils de médecins s’est engagé pour un mois de stage dans une grande entreprise. «Ce ne sont pas mes parents qui m’ont dégoté ce stage, l’école me l’a trouvé. Si j’avais fait les démarches tout seul, je ne l’aurais jamais obtenu. Vous savez ce que c’est que d’être passé par cette entreprise? C’est un rêve! Même si ce n’est que pour un stage. Quand je dis à mes potes que je fais un stage ici, je le dis avec fierté. Et puis, on vous prend tout de suite pour quelqu’un de sérieux, surtout quand on vous voit arriver habillé classe», dit-il rieur. «En plus, ça fait tomber les filles comme des mouches», conclut-il, convaincu de l’atout séduction que procure un stage dans une grande entreprise.
Même en dehors de nos frontières, le Maroc fait rêver les stagiaires. Un pays «low-cost» comparé aux Etats-Unis ou au Japon, il attire de plus en plus de francophones pour la facilité de communication et pour la possibilité de faire un stage dans des secteurs prometteurs aussi. Morgane, une étudiante en marketing à Bordeaux a choisi de faire un stage au Maroc après en avoir fait un au Canada l’année précédente. «C’est vraiment agréable ici, tout le monde veut me parler et faire ma connaissance. On m’a même apporté un grand plat de viennoiseries et pâtisseries marocaines dès les premiers jours en guise d’accueil et ils m’invitent à déjeuner avec eux. Je ne paie plus de taxi pour revenir chez moi, on me dépose. Franchement, c’est moins cher qu’au Canada et ce stage donnera beaucoup de valeur à mon CV».

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Le stage de fin d’études, le désenchantement

En dépit des avantages non négligeables qu’apportent les stages, il y a une part tout aussi non négligeable de mauvais côtés (favoritisme, petites misères, abus de confiance…) qui se soldent par des expériences désastreuses tant au niveau professionnel qu’au niveau psychologique. En témoignent ces jeunes qui se sont investis et ont montré volonté et persévérance pour avoir une bonne note à leur stage de fin d’études. Ils ont été bien mal récompensés…
Dans la majorité des établissements d’enseignement supérieur, un stage de fin d’études est obligatoire et dure entre deux et six mois, selon les exigences de chacun de ces établissements. Ces stages, qui ont pour vocation de préparer l’étudiant à entrer dans le monde du travail et à mettre en pratique les enseignements dispensés durant les cours, sont sanctionnés pas des notes influençant le parcours estudiantin des jeunes. Comprenant la nécessité de bien se tenir tout au long de la durée du stage de fin d’études, les stagiaires donnent le meilleur d’eux-mêmes, pourvu que les maîtres de stages remplissent la fiche de notes favorablement.
«J’ai signé pour trois mois de stage rémunéré dans une boîte de communication. Nous étions une dizaine à ne pas avoir trouvé de stage et ce stage sonnait comme un enchantement pour nous, surtout qu’il était rémunéré». Passés deux entretiens avec les patrons de l’agence où leur CV a étédécortiqué, seulement deux étudiants ont été choisis avec une promesse d’embauche. «Comme l’agence se trouvait dans une autre ville, mes frais de transports et de nourriture allaient être élevés. Louer n’était pas une solution envisageable tellement c’est onéreux». De condition moyenne, les parents de Nisrine ne pouvaient pas prendre en charge ses divers frais pendant trois mois successifs. Ils lui ont quand même avancé de l’argent pour son premier mois qu’elle a promis de leur rendre dès qu’elle toucherait son salaire. Un salaire qu’elle n’aura pas touché à la fin de ce premier mois. Se plaignant à son professeur qui avait accroché l’annonce de son ami patron de l’agence, il lui dit d’attendre la fin du stage et qu’il s’agissait d’une prime de stage équivalente à 5.000 DH. Soulagée mais quand même dans l’impasse, elle a dû vendre son téléphone ainsi que sa chaîne en or offerte par ses parents, seuls biens de valeur qu’elle possédait pour payer ses déplacements. En fin de compte, elle n’aura jamais touché le moindre centime et on lui aura rempli une fiche truffée de zéros et de remarques désobligeantespour la discréditer auprès de son école. Le comble pour une étudiante au parcours jusqu’ici irréprochable! «Je n’oublierai jamais ce qui m’est arrivé; ils ont voulu compromettre mon avenir. Ça m’a démoralisée au plus haut point, je me suis enfermée chez moi pendant des mois, je ne voulais voir personne».
Tout comme Nisrine, plusieurs autres étudiants se sont retrouvés dans des situations fort préjudiciables à cause de maîtres de stages malintentionnés. «3 mois de stage et je n’ai pas eu mon attestation! Ils n’ont pas voulu me la donner. Pourquoi tant de haine?», se demande Amine étudiant en 5ème année d’école de commerce. Il a fallu que quelqu’un de l’extérieur intervienne pour qu’ils lui signent son attestation. «Je n’ai jamais voulu faire intervenir qui que ce soit. Je tiens à trouver mes stages moi-même, même si c’est très difficile. Mais là, je n’avais pas d’autre moyen. A chaque fois, on me disait de revenir après parce que monsieur untel n’était pas là, qu’il était en réunion, qu’il n’avait pas que ça à faire. Et la meilleure qu’on m’a sortie, c’est: mais tu ne venais même pas tous les jours». La date fixée pour remettre tous les papiers relatifs au stage de fin d’études allait être dépassé, il a pu remettre son attestation sur le fil du rasoir. Certains de ses amis n’ont pas eu la même chance et ont dû faire un autre stage et avoir leur diplôme l’année suivante à cause d’une fiche aux notes lamentables. Ceux qui accordent des stages aux jeunes n’ont parfois pas conscience que ce sont ces stages qui détermineront peut être leur rapport à la vie professionnelle, voire tout leur avenir, toute leur vie… S’ils ne peuvent veiller à ce que les stagiaires effectuent un bon stage chez eux, ils n’ont qu’à ne pas les prendre. Il vaut mieux cela pour un jeune stagiaire que d’être maltraité, pressé et jeté, au commencement de sa vie active!

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