Chine-Vietnam : Le risque d’un nouveau conflit

Vietnam manif contre la chine

Sans remonter au Moyen-âge, il y a déjà eu deux conflits sino-vietnamiens dans la période récente, depuis l’indépendance du Vietnam.

Des émeutes antichinoises au Vietnam, encouragées en sous-main par le gouvernement de Hanoï, voilà qui peut cependant surprendre. En effet, on considère les deux pays le plus souvent comme des alliés, sinon des amis. Deux pays ayant un parti communiste au pouvoir et qui s’accommodent très bien d’une vaste ouverture capitaliste. Le Vietnam doit beaucoup à la Chine dans son combat pour l’indépendance, puis la réunification contre les Français d’abord et les Américains ensuite.
Mais les années ont passé. La Chine a aujourd’hui une politique internationale de grande puissance. Elle s’implante partout et elle a en Asie vis-à-vis de ses voisins, notamment du Vietnam, des revendications territoriales. De plus, comme cela s’est produit en Afrique, en Algérie notamment, mais aussi en Afrique noire, les Chinois ont envers les locaux une attitude souvent dominatrice qui pratique une sorte d’exclusion xénophobe qui passe de plus en plus mal.

Voilà plusieurs années que les relations entre la Chine et le Vietnam se sont tendues. En annonçant le déploiement d’une plate-forme de forage pétrolier en eau profonde dans des eaux revendiquées par son voisin vietnamien, Pékin a mis le feu aux poudres. Emeutes antichinoises dans le centre du Vietnam, attaques d’usines… Il y aurait eu un nombre de morts indéterminés.
La tension qui règne autour des îlots Paracel ou Spratley a provoqué de vives manifestations antichinoises dans un pays peu habitué à laisser s’exprimer librement les manifestants. Selon les témoignages rapportés par différents médias, les forces de l’ordre vietnamiennes, présentes sur place, n’auraient pas freiné ces débordements et seraient restées passives. Selon des experts, le gouvernement vietnamien permet certaines manifestations comme un moyen d’exprimer son extrême mécontentement envers Pékin. La Chine a d’ailleurs évoqué la «connivence» du gouvernement d’Hanoï dans ces manifestations.
Les tensions bilatérales ont fortement augmenté depuis l’annonce par Pékin, début mai, du déploiement d’une plate-forme de forage pétrolier en eau profonde dans les eaux contestées. La tension entre les deux pays n’est cependant pas exceptionnelle. Elle avait même débouché sur une guerre en 1979 (et un autre conflit très localisé en 1984).
Eh oui! Il y a déjà eu une guerre sino-vietnamienne oubliée dans le monde, c’est vrai, mais pas dans les deux pays. En effet, il y a 35 ans, du 17 février au 16 mars 1979, la République populaire de Chine lança une offensive sur la frontière nord de son ancien allié vietnamien. A la problématique sécuritaire posée par l’alliance vietnamo-soviétique, s’ajoutent contre le Vietnam des prétentions territoriales issues de la tradition impériale chinoise datant d’avant la révolution communiste de 1949. En premier lieu, la Chine populaire réclame ainsi la révocation des dispositions du Traité de Tianjin qui avait établi, à la suite de la guerre sino-française, les frontières terrestres et maritimes du Vietnam en faveur de ce dernier. En second lieu, pour la Chine, l’Asie du Sud-est constitue un pré carré traditionnel aux «marches de l’empire» qu’il convient absolument de contrôler et que le Vietnam menace par sa volonté d’imposer son hégémonie aux pays de la région, en particulier sur le Cambodge. Cependant, si le but de l’offensive chinoise est bien de venir en aide à l’allié cambodgien, Pékin affichera un tout autre prétexte pour justifier son attaque: le casus belli chinois de cette guerre, c’est le mauvais traitement fait par le Vietnam à sa minorité d’origine chinoise… On est proche de la situation d’aujourd’hui!
Cette guerre, d’une durée de quelques semaines, fut une «guerre de proximité de basse intensité». L’origine de ce conflit s’inscrit dans le cadre de la rupture sino-soviétique, le Viêt Nam communiste étant soutenu par l’Union soviétique. Le conflit marque également la volonté chinoise de réaffirmer sa prédominance en Asie, suite à l’invasion du Cambodge par le Viêt Nam qui provoque la fin du Kampuchéa démocratique, le régime des Khmers rouges proches des maoïstes. La Chine envoie son armée qui pénètre dans le nord du Viêt Nam puis se retire au bout d’un mois.
Mais il y a eu également un autre conflit en 1984.
Après la guerre sino-vietnamienne de 1979, le Mont Laoshan est utilisé par les forces vietnamiennes comme observatoire pour diriger des coups de main (raids) de grande envergure en Chine. En février-avril 1984, des incidents frontaliers conduisent à cette bataille en règle avec préparations d’artillerie et charges d’infanterie. La milice locale des paysans et montagnards vietnamiens se sont chargés de mettre en œuvre les positions défensives. Les Chinois occupent cette position et s’en retirent quelques heures après.
Il y a déjà eu des guerres entre les deux pays, limitées, mais qui montrent bien l’opposition entre les prétentions chinoises et vietnamiennes en Asie du Sud-est… Nous vivons un nouvel épisode d’une rivalité moderne qui a des racines dans un passé très lointain.

Chine Le terrorisme a frappé à Pékin

Patrice Zehr

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