2013 Dégage !
Puisqu’il faut sacrifier au «coup d’œil dans le rétro», pour mieux évaluer l’état d’esprit dans lequel est abordée l’année qui commence, allons-y !
Mais pas d’éphémérides qui donnent l’impression de feuilleter le grand livre de l’année écoulée, juste pour égrener les souvenirs des 365 jours passés…
Non, plutôt un regard global sur le pays, avec un temps de pause, au niveau de chaque champ d’action, pour en déterminer ce qui y a le plus marqué les esprits.
Ainsi, en politique intérieure, le constat en fin 2013 fait ressortir une année quasiment blanche, du fait des 8 mois de crise de la majorité déclenchée par les tergiversations «Chabatiennes» de l’Istiqlal.
En économie, l’idée dominant le secteur est celle du positionnement du Maroc en tant que hub continental. La présence des banques et entreprises du Maroc en Afrique, les métiers mondiaux du Royaume, les accords de libre-échange et les relations triangulaires Maroc-Afrique-partenaires d’Europe ou d’Asie, continuent de peaufiner le cadre.
En politique étrangère, ce qui s’impose de plus en plus aux observateurs, c’est le passage d’une diplomatie passive, où le Maroc attend d’être acculé pour réagir, à une diplomatie offensive, où le pays prend les devants pour défendre ses droits et intérêts.
Côté social, outre les ravages de la crise sur le quotidien des citoyens, ce qui frappe et consterne, c’est la montée en puissance des faits divers, de la violence, des agressions, lesquelles -fait nouveau- quand il s’agit de mafias, vont jusqu’à l’utilisation d’armes à feu. Ce que le Maroc n’a jamais connu !
Et puis, un dernier coup d’œil, celui jeté sur les réseaux sociaux qui, cette année, ont dévoilé un engagement des Marocains sans précédent. Qu’il s’agisse du baiser de Nador, du débat sur la Darija, de la marche des ânes, de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde des clubs, ou du Code numérique, les passions déchaînées des compatriotes ont régulièrement créé le «Buzz» sur internet.
Que garder de l’année 2013 ? Que jeter aux poubelles de l’Histoire ? Chaque acteur de la vie nationale le sait déjà. La formule est simple: qu’il s’agisse de personnes physiques ou morales, on préserve ce qui contribue au développement individuel et collectif ; on se défait de ce qui dégrade ou nuit ; et on essaie d’avoir le maximum de lucidité et de clairvoyance pour distinguer entre ce qui relève du bon et ce qui relève du mauvais.
Une chose est claire: quand un exercice a été globalement négatif, nul n’est triste de le voir expirer.
C’est le cas de l’année 2013, pour tous les «impactés par la crise» -et en particulier les petites et moyennes entreprises- qui, sans hésitation, souhaitent que l’année qui touche à sa fin «dégage», emportant avec elle toutes ses difficultés et désillusions, et cède la place à une année 2014 pour laquelle les meilleurs vœux sont formulés afin qu’elle soit celle d’une vraie et belle reprise !
BA
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Politique : L’année 2013… Une année (presque) blanche
L’année 2013 s’achève. Elle n’aura pas apporté le meilleur sur le plan politique. C’est même une année quasiment «blanche».
Ce fut une année très difficile où le doute des Marocains les plus frappés par la crise sur la possibilité d’un redressement du pays a été fort. Pendant plusieurs mois, ils ont vécu au rythme de plusieurs conflits entre les composantes de la majorité elle-même. L’attitude de Hamid Chabat, le SG du Parti de l’Istiqlal, consistait à semer le doute sur le retrait (ou non) de ses ministres de la majorité gouvernementale, alors qu’il se joignait à l’opposition pour attaquer cette même coalition gouvernementale.
Donc, se retirer ou non de la majorité gouvernementale? Il faut dire que tout le monde attendait la décision finale du Comité exécutif de l’Istiqlal. Lequel, après la demande du Souverain de rester dans la majorité afin d’éviter une crise politique majeure, devait essayer de négocier une sortie de crise avec son partenaire islamiste plutôt que d’aller au clash. Obtenir donc que le chef de gouvernement accepte un remaniement ministériel et que de nouveaux ministres plus proches de Hamid Chabat deviennent ministres, comme le demandait d’ailleurs ce dernier depuis l’annonce du retrait de son parti, cela aurait été une sortie de crise. Mais les tractations ont été vouées à l’échec. Et donc, malgré l’appel du Roi de rester dans la coalition gouvernementale, le parti de la balance a décidé de maintenir sa décision et s’est finalement retiré de cette coalition, en été dernier. Une décision qui était, en fait, très prévisible au vu de la dégradation des relations du Parti de l’Istiqlal avec le parti de la lampe depuis plusieurs mois.
Il faut dire que rien n’allait plus entre les deux partenaires de la coalition gouvernementale. Lors des réunions de cette majorité gouvernementale, le chef de gouvernement, Abdelillah Benkirane et le SG du Parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat, s’étaient même lancés dans une joute verbale. Et toutes les réunions, durant lesquelles devaient pourtant être discutées des questions aussi urgentes et sensibles que la réforme de la Caisse de compensation, la réforme des retraites et la réforme fiscale, ont été annulées.
Ainsi donc, ce feuilleton marocain a duré plus de huit mois. Force est de constater que, pendant ce temps, le pays a vécu un blocage politique relativement inédit: une crise gouvernementale qui s’est transformée en crise politique. Le chef de gouvernement et son équipe se sont par conséquent retrouvés face à un blocage.
Il fallait rompre avec l’attentisme qui a régné depuis le retrait du Parti de l’Istiqlal du gouvernement. Le pays tout entier attendait donc l’intervention du Roi, appelé à la rescousse pour débloquer la situation.
Il était clair que le Maroc n’était plus en mesure de tolérer cette situation, laquelle a jeté son ombre aussi bien sur l’économie nationale que sur les conditions sociales. Et pas seulement. Pendant tout le temps qu’a duré la crise gouvernementale, le Parlement ne pouvait ni légiférer, ni élaborer et mettre à exécution des lois organiques prévues par la nouvelle Constitution. La lenteur de la mise en œuvre des dispositions de la Constitution était donc manifeste. Le Roi Mohammed VI l’a d’ailleurs souligné dans son Discours devant le Parlement, en octobre dernier, à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle année législative.
L’année 2013 aura donc été marquée par l’appel du Souverain au Parlement de consacrer la nouvelle année législative à la mise à exécution des lois organiques stipulées dans la Constitution. Car, en deux ans, seulement deux lois organiques ont été adoptées par le Parlement, à savoir la loi concernant le Conseil économique, social et environnemental et celle relative à la nomination aux hautes fonctions.
Pour ce qui est de la question du Sahara, cette année a été marquée par la position des Etats-Unis, lesquels ont présenté un projet de résolution proposant d’étendre les prérogatives de la Minurso à l’observation des droits de l’homme dans les provinces marocaines du sud. Il a fallu la montée au créneau du Souverain qui a mené une action efficace concernant ce dossier.
«Le fait le plus marquant de l’année 2013 a été l’action menée par SM le Roi Mohammed VI qui a pris en main ce dossier, dès le début de l’année 2013. Une action qui s’est terminée en apothéose par la dernière visite royale aux USA et la rencontre du Souverain avec le président américain, Barak Obama. Cette rencontre, rappelons-le, s’est même terminée par des accords entre les deux pays. Ce qui va renforcer encore plus les relations du Royaume avec ce pays», a déclaré au Reporter Mohamed Labied, SG de l’Union Constitutionnelle, avant de souligner: «C’était une année pratiquement riche en activités royales. Au cours de cette année qui s’achève, SM le Roi Mohammed VI a fait plusieurs voyages aussi bien au Moyen-Orient qu’en Afrique, ce qui n’a pas manqué de consolider la position du Maroc à l’étranger sur la question du Sahara».
Par ailleurs, l’année qui vient de s’écouler a connu la constitution du «gouvernement Benkirane II». Après le retrait du Parti de l’Istiqlal de la coalition gouvernementale, au terme d’un bras de fer de plusieurs mois de son SG, Hamid Chabat, avec le chef de gouvernement et de plusieurs semaines de tractations entre Benkirane et Mezouar, le parti de la colombe a fait son retour aux affaires aux côtés de nouveaux partenaires politiques. Pour l’heure, il est encore tôt pour évaluer l’action de ce gouvernement et seul le temps permettra de juger les performances et les réalisations de la nouvelle équipe de Benkirane.
Naîma Cherii
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Déclaration de Abdellatif Ouammou, président du groupe du PPS à la 2ème Chambre
«2013 a été une année difficile et bouleversée»
«L’année 2013 a été une année très difficile. D’abord, elle a été entamée par une loi de Finances de 2012 qui n’était pas du tout maîtrisée. La preuve, c’est que, après quatre mois seulement, il y avait une coupe de 15 milliards de dirhams du budget d’Investissement de l’Etat. Donc, sur le plan financier, c’était une année très difficile. On ajoute à cela une perturbation très profonde que l’année a vécue au niveau du déroulement des affaires du gouvernement. C’est-à-dire cette perturbation due au désaccord ayant prévalu au sein de la coalition gouvernementale, laquelle a duré pratiquement de novembre 2012 jusqu’au mois d’octobre 2013. Cela a eu des conséquences énormes sur le déroulement des affaires du gouvernement. C’était donc une année très difficile et bouleversée. Les gens ont vécu sur des énervements et des déclarations de guerre, notamment entre les différentes composantes de la coalition gouvernementale elle-même et aussi de l’opposition. Ce qui a créé un état d’esprit très tendu.
Ceci dit, de manière générale et en dehors de ce qui s’est passé au niveau des relations entre les différentes composantes du gouvernement et de l’opposition sur la scène politique, la politique générale au niveau de la gestion du pays (et non pas du gouvernement) s’est passée dans de bonnes conditions. Mais ce qui a le plus marqué cette année, c’est que le Roi a voyagé plusieurs fois pendant cette année aussi bien en Europe qu’en Amérique et dans les pays du Golfe. Sachant que chaque fois que SM le Roi voyage dans l’un de ces pays, on voit tout de suite l’impact et les résultats très positifs de son voyage. Et cela a effectivement soulagé la situation générale dans le pays».
NC