Situation macroéconomique en 2016 : Mohamed Boussaïd s’explique

Situation macroéconomique en 2016 : Mohamed Boussaïd s’explique

En dépit d’un environnement globalement défavorable et d’une sécheresse sans précédent, l’économie marocaine confirme sa résilience et continue de s’inscrire dans une trajectoire d’amélioration de ses fondamentaux.

C’est ce qui ressort de la présentation des indicateurs macroéconomiques en 2016, faite par le ministre de l’Economie et des Finances,  Mohamed Boussaïd, lors de laquelle il a également souligné la décélération de la croissance économique sous l’effet principalement de la baisse de la valeur ajoutée agricole de 8%. Le ministre a aussi fait savoir que la production céréalière a été estimée à 33,5 M.Qx au titre de la campagne 2015/16, contre 115 M.Qx l’année précédente, relevant qu’elle a connu son plus bas niveau depuis le lancement du Plan Maroc Vert. 2016 a été l’année la plus sèche sur les 30 dernières années, a-t-il précisé. En moyenne, sur la période 2012‐2016, le Maroc maintient sa performance en termes de croissance économique au sein de la région MENA (+3,4%, contre +3%).

Dans les détails, Boussaïd s’est montré rassurant et optimiste, malgré quelques défaillances qu’il attribuait tantôt à des endogènes, tantôt à des pressions exogènes. Ce qui est le cas du déficit budgétaire du Maroc qui aurait atteint 3,9% du produit intérieur brut (PIB) en 2016, contre 4,2% en 2015, selon le ministre qui a noté à cet effet: «Malgré un contexte international défavorable, un faible niveau de croissance, le coût de certaines mesures fiscales et la non-réalisation des prévisions au titre des dons du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le déficit budgétaire a poursuivi sa trajectoire baissière pour se situer autour de 3,9% du PIB… Cette évolution du déficit a pu être réalisée grâce à la poursuite de l’effort de maîtrise des dépenses courantes et de mobilisation des recettes fiscales».
Ainsi, les recettes fiscales ont connu une hausse de 4,1% à 189,6 MMDH, tandis que celles non fiscales ont atteint 26 MMDH, en hausse de 1,7%, a-t-il souligné.
Au niveau des dépenses, elles ont accusé une baisse de 0,1%, pour se situer à 200,6 MMDH, a ajouté Boussaïd, notant que le taux d’émission au titre des investissements a atteint le niveau exceptionnel de 75%. L’effort d’investissement a été renforcé, notamment au profit des infrastructures et des secteurs sociaux.
La maîtrise du déficit budgétaire a été possible, malgré la baisse des dons en provenance des pays du CCG à 7,2 MMDH, contre 13 MMDH prévisionnels et la hausse du Remboursement du crédit TVA à 10,7 MMDH, contre 6,5 prévisionnels. Le taux de croissance (TC) de l’économie marocaine ne serait cependant que de 1,6% en 2016.

Pourquoi  1,6% en 2016?

Un taux de croissance des plus faibles, jamais réalisé au Maroc! Reconnaissant la faiblesse de ce taux, Boussaïd a expliqué: «Sur la base d’une prévision de production céréalière de 33,5 millions quintaux, au titre de la campagne 2015/16, contre 115 M.Qx l’année précédente, la valeur ajoutée agricole aurait connu une baisse importante de 8% par rapport à 2015».

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En effet, la baisse de 70% de la production céréalière a été partiellement compensée, grâce aux très bonnes performances d’autres filières agricoles à plus forte valeur ajoutée, notamment la production oléicole (+24%), la production agrumicole (+7%), l’élevage (+4 à 5%), les cultures maraîchères (+4 à 5%) et les cultures industrielles (+5%).

Ceci confirme, a encore précisé Boussaïd, un renforcement progressif de l’autonomisation de la valeur ajoutée agricole par rapport à la production céréalière, à travers notamment une baisse similaire autour de 70% de la production céréalière lors des années de sécheresse; baisse qui a induit un recul de la valeur ajoutée agricole de 8% en 2016, contre 20% en 2007 et 41% en 1995.
Au niveau des autres secteurs, il a été fait état d’évolutions globalement positives des indicateurs sectoriels. L’on soulignera particulièrement le bon comportement des exportations des métiers mondiaux du Maroc (+9,2%), notamment l’industrie automobile, l’aéronautique, l’électronique, le textile et l’agroalimentaire.

L’endettement se stabilise

Le rythme de progression du taux d’endettement s’est stabilisé à 0,6 point du PIB, malgré le ralentissement de la croissance économique. Sur ce registre Boussaïd a noté que, «hors effet PIB, le ratio d’endettement aurait baissé de 0,7 point du PIB pour s’établir à 63,4%». Pour ce qui est de la dette du Trésor, il a estimé qu’elle reste soutenable et devrait s’inscrire dans une trajectoire baissière à partir de 2017.
Ainsi, le coût moyen de la dette du Trésor est passé de 4,3% en 2015 à 4% en 2016, a-t-il précisé, soulignant aussi une baisse du ratio des charges en intérêts de la dette du Trésor par rapport aux recettes ordinaires, passant de 13,3% en 2015 à 12,5% en 2016.
Le ministre a également fait état de la poursuite de l’amélioration des conditions de financement du Trésor sur le marché domestique, notant que les taux des bons du Trésor retenus ont baissé de près de 48 points de base (pb) en moyenne par rapport à fin 2015.

Qu’en est-il du régime de change ?

S’il est une question qui préoccupe ces derniers temps, c’est bien celle du passage d’un régime de change fixe à un régime de change flottant et de la manière dont devra se faire ce changement. Selon Boussaïd, ce passage devra se faire d’une manière «maîtrisée, rationnelle, graduelle et concertée». Le passage se fera ainsi en étapes graduelles. Et le ministre de préciser que la première étape, qui va s’étendre sur plusieurs années, sera consacrée à l’estimation du coût de cette transition et va s’accompagner par une politique de communication importante. Ce passage s’avère nécessaire aujourd’hui, eu égard aux indicateurs économiques rassurants, notamment le bon niveau des réserves de change, une politique budgétaire soutenable et un système bancaire solide, a-t-il encore estimé, notant que son département travaille «… en concertation avec Bank Al-Maghrib pour lancer ce chantier dans les règles de l’art». Pour rappel, le ministère de l’Economie et des Finances et Bank Al-Maghrib avaient, à cet effet, décidé de fixer les pondérations des devises du panier de cotation du dirham à 60% pour l’euro et 40% pour le dollar US, contre respectivement 80% et 20% auparavant.

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Sur un autre registre, le ministre a noté une baisse du taux de chômage de 10,1% à 9,6%, sous l’effet d’un recul plus important de la population active (‐1,1%) que celui du volume de l’emploi (‐0,7%). A ce niveau, Boussaïd a souligné une perte nette de 73 milles postes d’emplois entre le troisième trimestre de 2015 et le 3ème trimestre de 2016, résultant de la création de 30 mille postes d’emploi rémunérés, exclusivement en milieu rural et de la destruction de 103 mille postes non rémunérés. Il a également relevé une baisse de la population active en chômage de 64 milles personnes ou 5,3% en milieu urbain essentiellement (‐59 mille, contre ‐5 mille en milieu rural). Cette baisse, a-t-il précisé, a concerné uniquement le milieu urbain (0,8 point à 14,3%), les jeunes de 25‐34 ans (1,3 point à 21,3%) et les diplômés (1 point à 19,4%).

Des réserves au bon niveau

Concernant les réserves de change, Boussaïd a indiqué qu’elles se situent à un niveau confortable, permettant de couvrir près de 7 mois d’importations de biens et services et ce, malgré le recours limité du Trésor à l’emprunt extérieur. Et le ministre de préciser: «Malgré l’aggravation de la balance commerciale liée à l’accélération des importations des biens d’équipement et des produits alimentaires, le niveau du compte courant de la balance des paiements reste dans un niveau soutenable». Lequel niveau devrait augmenter en 2016, pour atteindre près de 3,9% du PIB, contre 2,2% du PIB en 2015.
Le ministre a par  ailleurs relevé une baisse des flux nets des IDE de 28,5%, attribuable à la diminution des recettes de 17,5% et l’augmentation des dépenses de 25,7%. «Les recettes des IDE ont porté notamment sur les secteurs de l’immobilier et construction et de l’industrie automobile en provenance de la France, des Emirats Arabes Unis et de l’Arabie Saoudite», a-t-il fait savoir à ce sujet.

Hamid Dades

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