Tempête décisive : La guerre de Bâb el Mandeb

Le yemen sous les decombres AFP

Comment la rébellion chiite au Yémen a-t-elle pu penser contrôler le détroit d’Aden sans provoquer une réaction militaire violente des monarchies de la péninsule et du Golfe et de leurs alliés sunnites?

Dans la guerre mondiale actuelle arabo-musulmane que se livrent les sunnites et les chiites, le contrôle de Bâb el Mandeb est bien sûr un enjeu majeur. Il concerne la route du pétrole déjà dans le détroit d’Ormuz à la merci de l’Iran avec un autre verrou possible en cas de victoire des Houthis entre Aden et Djibouti. C’était pour Riyad inacceptable.
Bâb-el-Mandeb (porte des lamentations) est le détroit séparant Djibouti et le Yémen, la péninsule arabique et l’Afrique et qui relie la mer Rouge au golfe d’Aden, dans l’océan Indien. C’est à la fois un emplacement stratégique important et l’un des couloirs de navigation les plus fréquentés au monde. Les Anglais au Yémen et les Français à Djibouti surveillèrent pendant longtemps ce détroit. Plus récemment, il a retrouvé un regain d’intérêt quand les Américains ouvrirent une base militaire à Djibouti en 2002, près des installations militaires françaises, non loin de l’aéroport international d’Ambouli, dans le cadre de la lutte contre la piraterie autour de la Corne de l’Afrique. Aujourd’hui, l’Iran s’invite et dénonce, bien sûr avec ses alliés chiites du Liban, l’action militaire saoudienne.

L’Arabie Saoudite a donc lancé une campagne de frappes aériennes au Yémen avec ses alliés de la région du Golfe, dans le but de faire reculer les Houthis, chiites soutenus par l’Iran qui assiègent Aden, la ville du sud du pays où s’est réfugié le président yéménite. Après une avancée fulgurante, les Houthis ont atteint les portes d’Aden. Les rebelles houthis poursuivent leur progression et bouleversent la donne au Yémen, un pays déjà ébranlé par une instabilité chronique depuis le départ négocié en 2012, sous la pression de la rue, de l’ancien président Ali Abdallah Saleh, dans la foulée du Printemps arabe. Les Houthis tirent leur nom de leur guide spirituel, le chef religieux Badreddine al-Houthi et de son fils, Hussein, un influent prédicateur tué par l’armée yéménite en 2004. Ce mouvement rebelle, dont la branche politique porte le nom d’Ansarullah, appartient à la communauté zaïdite issue du chiisme et concentrée dans les montagnes du nord-ouest du pays, à la frontière de l’Arabie Saoudite. Les Zaïdites représentent environ un tiers de la population yéménite majoritairement sunnite. Après avoir été la cible de six campagnes de répression, orchestrées par le pouvoir central entre 2004 et 2010 à la suite de soulèvements populaires, les Houthis ont joué un rôle actif dans le soulèvement de 2011 qui a conduit au départ négocié, en février 2012, du président Ali Abdallah Saleh.
Depuis, ils s’étaient attelés dans un premier temps à consolider militairement leur domination sur la province de Saada. Puis, profitant de l’effondrement des institutions étatiques et surfant sur le rejet de la corruption généralisée et de la pauvreté, ils ont cherché à élargir leur zone d’influence en vue de la création du futur Etat fédéral du Yémen qui doit compter six provinces. D’aucuns les soupçonnent aussi de vouloir rétablir l’imamat zaïdite aboli en 1962 pour laisser place à une République.
L’ambassadeur saoudien, Adel al Djoubeir, a précisé qu’une coalition de dix pays participait à l’offensive militaire et que celle-ci avait lieu à la demande expresse du président Abd-Rabbou Mansour Hadi. Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité des Nations Unies, le président Hadi avait indiqué avoir demandé à la Ligue arabe et au Conseil de coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Oman, Koweït, Bahreïn, Émirats Arabes Unis et Qatar) «de fournir immédiatement tous les moyens nécessaires, y compris une intervention militaire, pour protéger le Yémen et sa population».
L’aviation et la marine égyptiennes participent à l’intervention militaire arabe en soutien au président du Yémen face à l’avancée des rebelles chiites houthis, a indiqué la présidence dans un communiqué.

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Le gouvernement avait auparavant indiqué que l’Egypte était également prête à envoyer des troupes au sol si cela s’avérait nécessaire, malgré les mauvais souvenirs de l’engagement de la République Arabe Unie de Nasser.
Le président turc, lui, dénonce vertement la volonté iranienne de dominer la région. Auparavant, M. Erdogan avait indiqué que son pays pourrait songer à fournir une «aide logistique» à l’Arabie Saoudite dans son action militaire au Yémen, sans préciser la nature exacte de cette assistance.
Cité par Ryad parmi les pays participants, le Maroc a de son côté confirmé avoir «décidé d’apporter toutes les formes d’appui à la coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans ses dimensions politique, de renseignement, logistique et militaire». Ce soutien comprend «la mise à disposition de la coalition des Forces Royales Air stationnées aux Emirats (…), afin de sortir le Yémen de la crise dans laquelle il s’enlise», poursuit le communiqué du ministère des Affaires étrangères, cité par l’agence MAP.
Il s’agit en outre de «faire face à toute conspiration étrangère ourdie contre ce pays et contre la sécurité du Golfe et (la sécurité) arabe», est-il relevé.
L’enjeu est capital.

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Patrice Zehr

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