Mali La France devait-elle s’engager militairement?

Ainsi donc, vendredi 11 janvier, le Président François Hollande a décidé d’engager la France dans une intervention armée au Mali.

Une décision qui a surpris le monde.

La veille encore (jeudi), le Conseil de Sécurité de l’ONU réunissait ses 15 membres et adoptait une déclaration appelant au «déploiement rapide» d’une force internationale au Mali, compte tenu de la «grave détérioration de la situation» dans ce pays.

En effet, les groupes islamistes armés qui, depuis leur invasion du Nord du Mali, se cantonnaient dans cette partie Nord occupée, venaient subitement de s’enhardir, poussant leur offensive vers le sud du pays. Après trois jours d’affrontements avec l’armée malienne, ils prenaient le contrôle de la ville stratégique de Konna (jeudi 10 janvier). De nouveaux assauts qui, aux yeux de l’opinion publique, visaient clairement la capitale Bamako et, in fine, le pays tout entier.

La communauté internationale était ainsi défiée, elle qui peinait, depuis le début de l’invasion, à organiser la contre-offensive, à en définir les étapes, le calendrier d’action, les parties à impliquer, les moyens logistiques, etc.

Devant cette nouvelle provocation des envahisseurs du Mali, la déclaration du Conseil de Sécurité appelant à aider les forces maliennes à «réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés», sonnait comme un nouvel aveu d’impuissance. Tous les observateurs –mais aussi et surtout les agresseurs- pensaient que la prise de Konna resterait impunie et que ce que déclarait le Conseil de Sécurité n’aurait pas plus de conséquences immédiates que n’en a eu la résolution 2085 de ce même Conseil de Sécurité, datant du 20 décembre dernier.

Or, le salut est venu de la France.

Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, qui avait saisi d’urgence le Conseil de Sécurité, au moment de l’attaque de Konna, avait parallèlement demandé l’aide militaire de la France. Qui peut donc reprocher à François Hollande d’y avoir répondu favorablement et, surtout, promptement ? «Nous sommes devant une agression caractérisée qui met en cause l’existence même du Mali», a déclaré le Président français qui a ordonné à son armée de l’air de voler au secours de l’Etat malien.

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Que fallait-il faire ? Laisser les groupes islamistes armés (Aqmi, Ansar Eddine, Mujao…) et narco-terroristes de tout poil, dépecer le Mali et continuer de narguer la terre entière, se réclamant de religion et de grands principes, mais n’hésitant pas à tuer, voler et à se financer au moyen de trafics en tous genres ?

Les laisser progresser, s’emparer du territoire malien, puis de toute la zone sahélienne, pour en faire un «hub» de déstabilisation régionale, une fabrique de terroristes ravitaillant le marché international ?

La France a sauvé l’honneur de la communauté internationale. Et ce n’est pas un hasard si elle en reçoit aujourd’hui un appui quasi-général (du moins moral, pour l’appui concret, ce sera au cas par cas…).

Certes, rien n’est joué et la France ne sait ni comment, ni surtout quand, finira cette aventure (qui commence à peine pour ses troupes au sol). Les institutions maliennes ne fonctionnent plus normalement depuis le coup d’Etat militaire conduit par le capitaine Sanogo en mars 2012. Les luttes internes et les accusations de corruption affaiblissent encore plus un pays qui aurait besoin de se concentrer sur ses intérêts supérieurs et la défense de son intégrité territoriale. Les armées de la CEDAO qui doivent épauler l’armée malienne auront aussi besoin d’encadrement, de formation, alors qu’il leur est demandé d’entrer immédiatement en action. Il y a également le dossier des Touaregs dont il faudra bien démêler l’écheveau, pour une stabilité pérenne de l’Etat malien… Mais cette intervention était indispensable.

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La leçon à en tirer est que le monde n’est pas une jungle. N’importe quels illuminés, têtes brûlées, troufions mercenaires, ou bandits des grands chemins, ne peuvent pas y faire la loi, dans l’impunité la plus totale.

La presse algérienne est aujourd’hui quasiment seule à fustiger la France pour cette intervention, débitant les poncifs jusqu’à friser le ridicule (comme d’accuser la France d’intervenir au Mali pour punir l’Algérie et verrouiller ses frontières sahéliennes ?!). L’Algérie ne voulait pas d’intervention étrangère au Sahel. Soit. Mais alors, quoi ? Que proposait-elle ? Un dialogue avec le seul groupe d’Ansar Eddine ? Qu’a-t-il donné, à part le poignard dans le dos que représente l’attaque de Konna ? Navigant entre les eaux de sa double obsession –contrarier le Maroc et dominer la région- elle n’a jamais voulu entendre les sonnettes d’alarme concernant le Sahel. Pire, elle n’a jamais voulu laisser personne prendre en mains ce problème. Aujourd’hui, le résultat est là. Ce que l’on disait ici et là à propos du terrorisme qui prospère au Sahel et des accointances entre les islamo-trafiquants et le Polisario que l’Algérie abrite est confirmé par des observateurs de haut niveau. Selon les dernières nouvelles, Hamada Ould Khaïrou, responsable du MUJAO et Omar Belmokhtar, chef dissident d’AQMI, se seraient réfugiés dans les camps de Tindouf. Et ce que l’on disait sur les éventuelles menaces pour l’Algérie elle-même est confirmé par les faits. Ce mercredi 16 janvier, des islamistes ont attaqué un site de British Petroleum dans le sud de l’Algérie et pris en otage 41 étrangers parmi les employés !

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