Emigration clandestine : Le Maroc perd une jeune pleine d’espoirs

Emigration clandestine : Le Maroc perd une jeune pleine d’espoirs

Une marche de protestation a été organisée, vendredi 28 septembre 2018 à Tétouan, après la mort de la jeune Hayat Belkacem. De son vivant, étudiante en Droit à l’Université de Martil, la défunte a été atteinte par une balle, alors qu’elle tentait d’émigrer clandestinement vers l’Espagne.

Hayat Belkacem, âgée de 20 ans, se trouvait, ce 25 septembre 2018, à bord d’une embarcation clandestine de type «Go Fast», pilotée par un ressortissant espagnol. Repéré par des éléments de la Marine Royale, le pilote du bateau en question a, dans un premier temps, été sommé de s’arrêter et de se conformer aux injonctions qui lui ont été adressées. Constatant le refus de ce dernier d’obtempérer, la Marine Royale a procédé à des tirs de sommation, avant de viser l’embarcation clandestine. Celle-ci tentait de fuir en s’élançant à grande vitesse. Bilan de l’opération: 4 blessés transférés vers l’hôpital régional de Fnideq, dont la jeune Hayat Belkacem qui a, malheureusement, succombé à ses blessures.

Le «Go Fast » a été arraisonné et son pilote, qui s’en est sorti indemne, a été arrêté. Dans un communiqué, publié suite à cet incident dramatique, la préfecture de M’diq a fait savoir: «L’embarcation avait refusé de se conformer aux avertissements qui lui avaient été adressés». Et d’ajouter: «Le bateau rapide arrêté était piloté par un citoyen espagnol et transportait des candidats à l’immigration clandestine de nationalité marocaine». Plus tard, la Marine royale a expliqué que les migrants n’étaient pas visibles parce que cachés sous une bâche et que les tirs contre le Go-fast entraient dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue.  

Émigration clandestine | Deux Opérations d’assistance en mer par la Marine Royale ce week-end

La colère monte à Tétouan

Le communiqué de la préfecture de M’diq n’a pas suffi à calmer les esprits. Trois jours après le drame, une marche de protestation a été organisée à Tétouan, à l’appel d’un groupe de supporters de l’équipe du MAT (Moghreb de Tétouan), à l’occasion du match de footbll qui a opposé, le 28 septembre 2018, leur équipe au Kawkab de Marrakech (KACM). Déferlant le long des principales artères menant au stade où allait se jouer le match, les manifestants, visiblement en colère, ont exprimé leur solidarité avec la famille de la victime. «Repose en paix Hayat, nous te vengerons», «le peuple renonce à la nationalité marocaine» et «Vive l’Espagne» ont été les principaux slogans brandis avant, pendant et après la rencontre MAT-KACM. Le plus grave, c’est que, pour la première fois au Maroc, l’hymne national a été sifflé. C’est ce que montrent des vidéos largement partagées sur les réseaux sociaux. On y voit des supporters siffler et huer en répétant: «On veut savoir qui a tué Hayat», ou encore  «Viva España».

Dakhla | Mise en échec d’une opération d’émigration clandestine (DGSN)

Le malaise grandit

Comment un match de football s’est-il transformé en une manifestation de colère générale?  De l’avis de certains acteurs de la société civile à Tétouan, la mort de la jeune Hayat Belkacem a relancé le débat sur le désespoir de la jeunesse marocaine et sa détermination à quitter le pays. Les mêmes sources ajoutent qu’aujourd’hui, contrairement aux années précédentes, quitter le pays pour d’autres cieux n’est plus un rêve propre à une classe sociale déterminée. En effet, l’émigration est devenue un objectif partagée par la majorité des Marocains, toutes classes sociales confondues. Même chez les intellectuels, les artistes, les diplômés et autres…

C’est que le malaise social au Maroc est à son apogée. Les pouvoirs publics sont appelés à dialoguer et à expliquer en toute franchise et dans la transparence les tenants et aboutissants de la situation économique du Maroc. Mais ceci ne dispense d’aucune manière ces mêmes responsables de proposer des stratégies de relance réalistes et applicables, avec un timing précis. Sinon, les manifestations, comme celle de Tétouan et, avant elle, celles de Jerada et d’Al Hoceima, risquent de se multiplier. Car il sera difficile à l’avenir de demander aux citoyens de continuer de croire aux promesses, quant à un utopique lendemain meilleur au Maroc.

Mohcine Lourhzal

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