Mohammed VI, 18 ans de règne : Les cartes du Roi

Mohammed VI, 18 ans de règne : Les cartes du Roi

Bien sûr, il n’aura pas fallu attendre 18 ans pour se poser la question de savoir quelle est la méthodologie royale dans la conduite de la politique intérieure et extérieure du pays…

Et encore moins pour «avoir une idée» de la réponse à cette question.

Mais il y a une différence entre avoir «une idée» et «une idée claire» de la réponse.

Or, tous ceux qui ont suivi de près les affaires du Maroc, ces dernières années, en conviennent: cette 18ème année de règne de SM Mohammed VI aura été la plus révélatrice de la méthodologie de travail du Souverain.

Aujourd’hui seulement, apparaissent nettement les cartes du Roi.

Et… Surprise… Quelques-unes de ces cartes, que personne ne s’attendait à voir mises en œuvre par un Roi –et particulièrement par le Roi du Maroc- ont inversé certaines situations…

L’une des cartes-maîtresses du Roi Mohammed VI, celle qui a totalement dérouté les observateurs –autant d’ailleurs les amis que les adversaires- c’est la carte du pragmatisme.

Un pragmatisme, tellement inattendu parfois qu’il désarçonne… Ainsi, lorsque le Roi du Maroc décide de déposer une demande de réintégration à l’OUA (devenue UA), alors même que les séparatistes du Polisario y siègent encore (l’admission des séparatistes au sein de l’OUA était la raison pour laquelle le Maroc s’en était retiré, en 1984), l’opinion publique, bienveillante ou malveillante, est d’abord «scotchée»… Et lorsque le Roi décide de pousser son périple africain jusqu’en Afrique de l’Est, pour aller au-devant de pays qui avaient reconnu le Polisario et n’avaient plus aucun lien avec le Maroc, depuis des décennies, l’effet ne pouvait être que celui de la consternation… Pourtant, non seulement ces gestes ont été très bien accueillis, mais plus encore: ils ont eu des résultats dépassant de loin ceux escomptés.

Le Maroc a réintégré l’UA. Il est en passe d’intégrer la CEDEAO. Et les passerelles jetées vers les «nouveaux» pays amis ont donné lieu à des accords et des projets inédits. Comme l’accord stratégique de construction d’un important complexe de production d’engrais agricoles, en Ethiopie. Ou le projet de gazoduc géant Maroc-Nigeria (4.000 Km) qui doit relier 12 pays africains. Ce même pragmatisme du Roi le fait se tenir aux côtés des monarchies du Golfe, quoi qu’il en soit ; aller vers la Russie même si, à Moscou, Alger a un avantage sur le Maroc, en termes de contrats d’armement ; aller vers la Chine, ou l’Inde, dont les référentiels idéologiques et les civilisations n’ont rien de commun avec le Maroc… Le tout, dans l’objectif assumé de diversifier les partenariats du Royaume… Tout en gardant –voire en renforçant- les relations avec les partenaires classiques, comme l’UE ou les Etats Unis.

Pragmatisme donc à tous les niveaux…

Ce cérémonial du Roi…

Découlant de ce pragmatisme, une autre carte mise en œuvre par le Roi, caractérise désormais la politique extérieure du Maroc. Il s’agit de la diplomatie économique. Là où le Roi Mohammed VI est reçu en visite officielle, tous les opérateurs qui comptent l’accompagnent (Banques, OCP, ONEE, opérateurs immobiliers, patronat…), des projets de conventions sont préparés longtemps à l’avance et, au 2ème jour de la visite (si, ce n’est au 1er) les accords bilatéraux sont signés en présence des deux chefs d’Etat. Le cérémonial est désormais connu et étroitement associé au nom du Roi du Maroc.

La philosophie de cette diplomatie économique est également connue. Elle se résume en quelques mots. Dans les pays du Sud, notamment en Afrique, le Maroc met en partage son expérience et son expertise, dans les domaines qu’il maîtrise, dans le cadre de partenariats Sud-sud et win-win. Au jour d’aujourd’hui, un millier d’accords a été signé et une délégation ministérielle conduite par la Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Mounia Boucetta, est précisément en tournée dans le continent, actuellement, pour en voir l’état d’avancement et en dresser un bilan d’étape. Avec les pays avancés, le Maroc signe des accords destinés à financer ses grands chantiers d’infrastructure, ou des accords d’investissement direct. Selon le très sérieux cabinet Ernst & Young, le Maroc a été classé, au titre de cette année 2017, pays africain le plus attractif pour les investissements directs étrangers (IDE).

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Audace, franchise et courage

Pragmatisme, donc, mais parallèlement au pragmatisme, le Roi a aussi souvent fait preuve d’audace, de franchise et d’un indéniable courage. Certains de ses discours ne sont pas près d’être oubliés. Notamment, celui prononcé devant le CCG, en avril 2016, où il est le 1er chef d’Etat à évoquer publiquement la théorie américaine du «Chaos constructif» dont certains Etats arabes ont fait, font, ou peuvent encore faire les frais…

Faisant partie de la génération qu’il a qualifiée lui-même de chefs d’Etats «décomplexés», il assume ses positions sans détours ni faux-fuyants.

Face au terrorisme de Daech, qui a pourtant réussi à embrigader des centaines de Marocains et qui a clairement mis le Maroc dans son collimateur, il réagit, avec détermination et constance, par le geste et la parole.

Par le geste, en engageant officiellement les Forces Armées Royales dans les coalitions internationales (américaine et arabe) de lutte contre le terrorisme.

Et par la parole, en condamnant, chaque fois, dans les termes les plus explicites et les plus fermes, les crimes commis au nom de l’Islam.

Algérie: le mépris de la main tendue

De même, face au pouvoir algérien qui mobilise, depuis plus de 40 ans, tous ses moyens et ceux de sa diplomatie, pour séparer le Maroc de son Sahara, l’attitude royale est sans équivoque. La politique de la main tendue et les appels –réitérés des années durant- à la coopération ayant été interprétés, à Alger, comme des «supplications» de voisin en situation de faiblesse, le Roi a changé de ton et de disposition à l’égard du voisin belliqueux qui entretient ce conflit du Sahara, pierre d’achoppement de tout projet maghrébin.

Si le Maroc a longtemps attendu que les généraux algériens entendent ses appels à la conciliation… Sans résultat… La stratégie royale tournée vers l’Afrique subsaharienne –que le Souverain a accélérée ces dernières années- a changé la donne.

Désormais, la nouvelle carte du Roi, dans ce dossier, est celle de l’anticipation. Stratégie qui réussit, si l’on en juge par les résultats engrangés, à l’occasion de la demande de réintégration du Maroc à l’UA, ou de l’affaire de Guergarate, ou encore de la dernière résolution du Conseil de Sécurité sur le Sahara (avril 2017).

Le front intérieur d’abord !

Une chose est sûre, rien de toutes ces stratégies royales sur la scène diplomatique n’aurait pu avoir d’efficacité, ni même pu être possible, si le Roi n’avait eu l’intelligence de consacrer les 1ères années de son règne aux affaires intérieures du pays.

Aucun chef d’Etat ne peut mener, à l’international, une diplomatie sereine ou combattive, si son pays -Intra muros- est en proie à l’anarchie.

Aussi, la carte 1ère du Roi Mohammed VI, lorsqu’il a accédé au Trône, en 1999, a été celle de la stabilité.

Le dossier de la stabilité est des plus complexes.

Au lendemain de l’accession au Trône du jeune Roi Mohammed VI, il ne s’agissait pas seulement de déjouer les plans et mettre fin aux convoitises de tous ceux qui croyaient pouvoir profiter du changement de règne pour mettre à exécution leur propre agenda (le Prince Moulay Hicham, Al Adl Wal Ihssane, les Sahraouis «séparatistes de l’intérieur», poussés par leurs maîtres et mentors, pour ne citer que ces exemples-là).

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Il s’agissait de s’attaquer à tous les problèmes à la fois: politiques, économiques, sociaux, en même temps qu’aux problèmes de terrorisme, dont la lame de fond montait de façon exponentielle.

D’où des années de travail et d’initiatives tous azimuts: opération réconciliation nationale (initiative pour solder le passif des années de plomb), mise sur pied d’une stratégie à long terme de lutte contre la pauvreté (INDH, Fondation Mohammed V de solidarité), lancement de grands chantiers d’infrastructures, encouragement de politiques sectorielles et de MMM (métiers mondiaux du Maroc), plan d’accélération industrielle, plan Maroc vert (pour le secteur agricole), etc.

Après le printemps, l’automne arabe

Tous ces chantiers sont autant de facteurs de stabilité qui ne minimisent cependant pas l’importance du facteur politique, au sens strict du terme. C’est-à-dire, l’exercice du pouvoir exécutif et législatif. A ce niveau –au nom de la stabilité- le Roi a pris des décisions qui en ont étonné plus d’un. Notamment, en 2011, au plus fort des «Printemps arabes», lorsqu’il a permis au Maroc de traverser la crise et de s’en sortir, non pas avec des morts et des ruines, mais avec une nouvelle Constitution élargissant le champ démocratique. Ou encore, aux dernières élections, lorsque, malgré «l’automne arabe» (Al Kharif Al Arabi) qui a succédé au «Printemps arabe» (Arrabie Al Arabi) partout dans la région et qui a chassé du pouvoir tous les islamistes qui y étaient arrivés à la faveur dudit «Printemps», lui, Roi du Maroc, a choisi de laisser se poursuivre «la méthodologie démocratique» (Almanhajia addimocratia), de respecter le verdict des urnes et, donc, de laisser les islamistes du PJD rempiler à la tête du gouvernement.

D’autres, ailleurs, ont eu moins de scrupules… Mais la stabilité, au niveau national et la crédibilité, au niveau international, ont un prix…

Cette semaine, un nouveau mécanisme sécuritaire

La stabilité du pays, en ces temps de nébuleuses terroristes, cellules dormantes et loups solitaires, passe aussi –nécessairement- par le total contrôle de la situation sécuritaire. L’horreur des attentats de Casablanca (16 mai 2003) a produit sur les Marocains un véritable électrochoc. Jamais le Maroc n’avait connu d’attentats de kamikazes, ni de ceintures d’explosifs, ni de multi-attaques synchronisées. C’est ainsi que la sécurité est, peu à peu, devenue, une «spécialité» marocaine…

Aujourd’hui, une autre des cartes-maîtresses du Roi Mohammed VI, lui est incontestablement reconnue par les grands de ce monde. Et c’est l’expertise marocaine en matière sécuritaire et de lutte contre le terrorisme.

Il y a quelques jours, au vu des dernières défaites de Daech et de la menace du retour de ses partisans, dans leur pays d’origine, le Maroc et plusieurs de ses partenaires européens (France, Espagne, Belgique, Grande Bretagne, Allemagne…) ont décidé de relever leur niveau de coopération. Un mécanisme conjoint a été créé afin de permettre aux services sécuritaires de ces pays d’échanger, en temps réel et à toute heure du jour, les informations recueillies par les uns et les autres, concernant les activistes de Daech ayant fui les combats en Irak et en Syrie.  

Telles sont donc les cartes du Roi Mohammed VI. Elles sont aussi importantes les unes que les autres, compte tenu des enjeux.

Elles sont les outils que le Souverain met au service des grandes ambitions qu’il nourrit pour son pays.

Bahia Amrani

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