Changements de donne en Europe de l’Est | Au-delà des lignes rouges…

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L’Europe n’est pas en guerre, mais il y a la guerre en Europe. Le monde vient de changer.

La plupart des analystes se sont trompés. Le président Poutine ne s’est pas contenté de récupérer les régions séparatistes russophones de l’est de l’Ukraine. Son but final parait maintenant de mettre sous tutelle russe l’ensemble de l’Ukraine. On n’envisage pas que Moscou veuille aller plus loin et aille jusqu’à mettre dans son jeu de guerre des pays ayant appartenu à la souveraineté soviétique. Mais l’inquiétude est réelle. Tout le monde est cependant d’accord pour estimer que  les lignes rouges ayant été franchies, l’Europe rentre dans une nouvelle phase de son histoire, une histoire plus dangereuse.

 En ce qui concerne l’Ukraine, les prochains jours donneront des réponses. Ce qui est certain, c’est que l’Europe de Bruxelles à 27 est la victime indirecte de cette offensive. L’Europe adopte des sanctions économiques et elle va devoir accueillir des flots de réfugiés. Elle a été cependant incapable de réagir militairement. L’argument voulant que l’Europe qui assurait la paix n’est plus audible. On en prendra un symbole marquant. L’UEFA a annoncé que la finale de la Ligue des champions 2022 serait déplacée au Stade de France à Paris à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et que la Gazprom Arena de Saint-Pétersbourg ne serait plus l’hôte de la rencontre.  Puisqu’on parle football, on dira simplement que cela fait une belle jambe aux ukrainiens.

Les sanctions économiques ne semblent pas plus convaincantes. La Bourse de New York a fini en hausse jeudi 24 février une séance qui avait pourtant très mal commencé, l’annonce par le Président américain, Joe Biden, de nouvelles sanctions contre la Russie après le lancement de l’offensive militaire de Moscou en Ukraine ayant favorisé un retournement de tendance. Après avoir consulté les autres pays membres du G7, Joe Biden a annoncé une nouvelle série de mesures visant à limiter la capacité de la Russie à faire des affaires dans les principales devises du monde. Ce nouveau train de sanctions vise en particulier des banques et des groupes publics russes. Mais ce ne sera pas décisif selon les spécialistes financiers et économiques.

Syrie : La rébellion bouge toujours

L’Europe n’ayant aucun moyen militaire, Paris va se contenter d’envoyer quelques militaires en Roumanie membre de l’Otan. L’Otan que le Président Macron voyait il y a peu en «mort cérébrale» redevient le protecteur de l’Europe. Hors l’Otan, c’est le parapluie nucléaire américain. C’est une organisation défensive qui n’agira que si un de ses membres est attaqué. Ce serait alors une guerre mondiale ne pouvant exclure l’usage de l’arme nucléaire. On n’en est pas là.

Si Poutine est l’agresseur indiscutable, l’Otan par sa volonté de s’étendre à l’Est et notamment en Ukraine a joué imprudemment avec le feu. «Nous devons veiller à ce que le conflit ne s’étende pas à d’autres pays européens», a alerté jeudi 24 février Olaf Scholz le chancelier allemand après l’invasion russe de l’Ukraine. «Je suis d’accord avec le Président américain et nos amis européens pour empêcher cela par tous les moyens dont nous disposons», a déclaré le chancelier dans une adresse à la nation allemande, appelant Vladimir Poutine à «ne pas sous-estimer la détermination de l’Otan à défendre tous ses membres» ainsi que l’Ukraine.

Le chancelier allemand a aussi mis en garde contre une tentative de Vladimir Poutine de «rayer» l’Ukraine «de la carte» en attaquant militairement le pays, «C’est une tentative de déplacer par la violence les frontières en Europe, voire peut-être de rayer un pays entier de la carte mondiale». «Nous vivons le début d’une guerre comme il n’y en a pas eu depuis plus de 75 ans en Europe», a-t-il ajouté.

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Ce n’est pas totalement exact. La guerre menée par l’Otan contre la Serbie pour le Kosovo aura été un précédent que les Russes, alliés des Serbes, n’ont jamais oublié. L’action était justifiée par la crainte d’un génocide de la population musulmane. Le génocide évoqué par Poutine est bien sûr fantasmé. «J’ai pris la décision d’une opération militaire spéciale».  Vladimir Poutine a lancé, jeudi 24 février à l’aube, une invasion de l’Ukraine, avec des frappes aériennes et l’entrée de forces terrestres dans le pays. Lors de sa déclaration surprise à la télévision, le Président russe a justifié son attaque en affirmant vouloir «protéger les personnes victimes de génocide de la part de Kiev» et «arriver à une dénazification de l’Ukraine».  L’Urss a vécu dans le souvenir de la grande guerre patriotique contre les nazis et Poutine ancien du KGB et de l’Union soviétique est toujours dans cette vision de l’Histoire. Dans le même registre, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a répété  que l’offensive visait à éliminer les «nazis» qui, selon Moscou, sont au pouvoir en Ukraine. Il a refusé de répondre lorsque des journalistes lui ont demandé si le Kremlin considérait le Président ukrainien Volodymyr Zelensky comme un «nazi». Ce dernier a utilisé le même registre en comparant l’invasion russe aux agissements de «l’Allemagne nazie». Ces comparaisons sont très inquiétantes.

On ne sait pas jusqu’ou ça va aller, mais pour l’Europe une page est tournée et la nouvelle est pleine d’incertitudes dramatiques pour le monde entier.

Patrice Zehr

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