En débarquant à l’aéroport Adolfo Suarez Madrid Barajas, dimanche 30 novembre, la délégation de représentants de la presse marocaine, savait dans quel cadre s’inscrivait cette visite.
Constituée de neuf directeurs de journaux et rédacteurs en chef et de trois responsables du ministère de la Communication (voir liste plus loin), cette délégation et son déplacement en Espagne n’étaient pas les premiers du genre. En septembre 2012, un voyage similaire, à Madrid, d’un autre groupe de journalistes marocains, avait eu lieu. C’était l’initiative inaugurale de ce programme qui a pour objectif -comme cela a été officiellement présenté- de contribuer à une meilleure connaissance mutuelle des deux pays et de leurs médias et, donc, de permettre une plus fine compréhension des questions d’intérêt commun…
Une nouvelle approche de proximité qui n’a pas toujours prévalu, bien que l’Espagne soit le voisin européen le plus proche géographiquement du Maroc, mais qui a été décidée d’un commun accord entre les deux gouvernements et qui est désormais mise en œuvre.
La délégation savait aussi à quel point le programme (dont les membres avaient reçu copie) était chargé. Rencontres avec des membres du gouvernement espagnol, du parlement, de grands groupes privés et d’Etat, du secteur de la communication, des nouvelles technologies et des médias… Sans oublier le volet culturel qui est loin d’être insignifiant !
Ce que la délégation ne savait pas –et qu’elle attendait de découvrir- c’était le degré d’importance que la partie espagnole accorderait, concrètement, à cette visite.
Or, là résidait toute la surprise.
Les interlocuteurs espagnols avaient des messages forts à transmettre, sur le plan politique, sur le plan économique et même sur le plan stratégique.
Avec les responsables que la délégation a rencontrés, des questions de la plus haute importance ont pu être abordées, qu’elles touchent aux intérêts de l’Espagne, à ceux du Maroc, ou qu’elles s’inscrivent dans le registre des questions qui fâchent.
Relations politiques et économiques, séparatisme (dossiers du Sahara et de la Catalogne), coopération militaire, deals et objectifs stratégiques (au niveau de l’ONU et de l’Union européenne)… Tout a été passé en revue et les enseignements en ont été aussi nombreux qu’édifiants.
De notre envoyée spéciale à Madrid, Bahia Amrani
Dès le premier rendez-vous auquel se rend la délégation de responsables de médias marocains en visite à Madrid, le ton est donné.
C’est la toute première rencontre. Elle a lieu au siège d’Hispasat, où un petit déjeuner de travail est prévu en compagnie de la Présidente du groupe, Elena Pisonero, du Directeur général Carlos Espinos, du responsable business au Maroc José Antonio Guerra et de la Directrice de communication Christina Perez Canto.
Hispasat est le huitième opérateur mondial de satellites de télécommunication, leader dans la diffusion et la distribution de contenus en espagnol et en portugais, principale passerelle entre l’Europe et l’Amérique, il dispose de sept satellites de grande puissance et de quatre positions orbitales à partir desquelles est offerte une couverture de l’Europe, l’Amérique latine et l’Afrique du Nord, est-il expliqué dans la fiche remise aux visiteurs.
A priori, la rencontre pouvait juste susciter de l’intérêt de la délégation pour les nouvelles technologies de la communication, ou encore, pour un groupe espagnol qui a réussi à s’imposer dans ce secteur… Sans plus. Mais une fois sur place, un autre élément a pleinement retenu l’attention. C’est la combattivité commerciale des interlocuteurs espagnols. Une combattivité qui ne se démentira à aucun moment, ni à aucune occasion des autres rencontres qui auront eu lieu dans le cadre de ce voyage. Après quelques mots de présentation du groupe, un long exposé a été fait, détaillant les services qui peuvent être assurés au Maroc. Très dynamique, la directrice d’Hispasat n’y est pas allée par quatre chemins. «Nous avons l’expérience, nous avons une nouvelle stratégie en direction de l’Afrique du Nord, nous voulons travailler avec le Maroc immédiatement», a-t-elle lancé, relayée ensuite, dans le même sens, par son staff. L’offre de service d’Hispasat porte sur plusieurs points, notamment la connectivité pour le prochain TGV (afin que les passagers puissent avoir accès au haut débit pendant le voyage), des services de distribution de la TV numérique terrestre (TNT)… Hispasat est déjà entrée en contact avec le premier opérateur de téléphonie au Maroc. L’entreprise souhaite coopérer avec la SNRT et entend saisir toutes les opportunités d’appels d’offres qui se présenteront.
Combativité acharnée
Cette offensive commerciale –toujours accompagnée d’un hommage appuyé au partenariat avec le Maroc- que la délégation marocaine retrouvera chez tous les responsables espagnols rencontrés, traduit la réalité la plus frappante de l’Espagne d’aujourd’hui: la mobilisation générale pour sortir de la crise. Une mobilisation qui donne ses fruits. Si l’Espagne était au bord du gouffre en 2012, face à une zone euro fortement perturbée et au spectre de la faillite grecque (à l’époque) qu’il fallait éviter, en 2014, deux années seulement plus tard, la remontée est effective.
L’hommage appuyé au partenariat avec le Maroc ne s’explique pas, bien sûr, par la seule volonté de préserver et consolider les partenariats importants pour l’économie espagnole, mais il n’y est pas non plus totalement étranger. Le Maroc est le deuxième partenaire de l’Espagne, après les Etats Unis, hors Union européenne… Et Madrid veut encore plus, ayant la ferme intention de ne laisser passer aucune opportunité.
Grâce à cette combativité acharnée, le voisin ibérique, quoiqu’il en soit de ses problèmes politiques, des manifestations de plus en plus violentes contre la crise et des faiblesses que relèvent les Espagnols eux-mêmes, présente aujourd’hui l’image d’une puissance économique qui se débat de manière crédible et efficace… Et qui pourrait en inspirer d’autres.
Puissance économique et avions militaires
L’image de puissance économique de l’Espagne est incontestable lorsqu’on se rend sur le site d’Airbus Défence and space.
Cette filiale d’Airbus Group, gérée par l’Espagne, est le deuxième fabricant mondial d’avions militaires de transport. Il est leader mondial des ravitailleurs, des avions de combat et des avions de surveillance. Le Maroc est son client (5 appareils achetés). L’Algérie aussi (6 appareils commandés).
La rencontre avec le responsable du développement du marché A400M, Damien Allard, a permis de prendre connaissance de quelques secrets de réussite de ce mastodonte. Notamment, celui des ravitailleurs et du concept inventé de réservoirs de carburant dans les ailes, permettant de ravitailler les avions en plein vol.
Les explications de Damien Allard finissent de brosser le tableau du leadership espagnol en matière de technologie aérienne. Ici, l’Espagne joue dans la cour des très grands. Airbus Defence and space a réalisé des contrats de vente, pour plus de mille avions de transport, à quelque 130 clients militaires, civils, ou gouvernementaux, dont 800 ont été livrés. La branche avions militaires d’Airbus Defence and space, quant à elle, a du succès avec l’Eurofighter Typhoon, avion de combat polyvalent de nouvelle génération, connu pour constituer le plus important programme d’approvisionnement militaire en Europe. Sept pays en ont passé commande (Allemagne, Grande Bretagne, Italie, Arabie Saoudite…).
La fierté de l’Espagne peut bien se nicher dans l’aéronautique: un avion commercial sur deux au monde est équipé de technologie espagnole, rappelle une brochure de Marca Espana, organisme chargé de l’image du pays.
Le privé aussi…
La puissance économique de l’Espagne ne se limite pas à Airbus.
Certains grands groupes privés la reflètent aussi. C’est le cas de Sener, un groupe spécialisé dans l’ingénierie, dont la création remonte à 1956, qui emploie aujourd’hui 5.570 personnes, est présent dans 20 pays et réalise un chiffre d’affaires de plus de 1 milliard d’euros (1 milliard 200 millions en 2013). Ses domaines de prédilection sont nombreux, diversifiés et impressionnants. Notamment: ingénierie aérospatiale, infrastructures et transport, énergie, génie maritime…
Deux frères sont à la tête de ce gigantesque groupe. La délégation a été reçue par l’un d’entre eux, le Président de la Branche Energie et Environnement, Enrique Sendagorta (une sorte de Othman Benjelloun espagnol).
Pourquoi lui, alors qu’il devait prendre l’avion pour la Grande Bretagne le jour-même ? Parce que Sener –et plus particulièrement la Branche qu’il préside- s’intéresse au Maroc et à ses projets d’énergies renouvelables. «Le Maroc est un pays avec lequel on veut travailler davantage», a dit Enrique Sendagorta.
En fait, Sener est présent dans plusieurs projets au Maroc. Il est à Ouarzazate, dans la centrale thermo-solaire Noor I, via la technologie de ses capteurs cylindro-paraboliques «Senertrough» et fait partie du consortium chargé de la construction et de la mise en marche de cette centrale en tant que sous-traitant CAC (conception, achat et construction). Il est également chargé de plusieurs études dans différentes régions du pays: étude de navigabilité dans le port de Jorf Lasfar, de dynamique littorale dans l’environnement de Port de Saïdia, d’électrification ferroviaire de la voie Fes-Oujda, de la mise à niveau de la signalisation des lignes du Nord du Maroc.
Le top management de Sener espère être aussi présent dans les autres projets Noor de Ouarzazate, qui s’inscrivent dans le cadre du Plan solaire marocain (PSM) lancé en 2009.
Austérité auto-imposée
Puissance économique de l’Espagne, incontestable certes, comme le montrent ces groupes, l’un public, l’autre privé. Mais la gestion de la crise n’en continue pas moins d’être rigoureuse, avec une austérité auto-imposée à l’échelle nationale. Même les salaires ont dû être touchés (bloqués ou révisés à la baisse). Il n’est alors pas question pour le gouvernement de se laisser aller à un quelconque gaspillage. Pour que le peuple comprenne les sacrifices qu’on lui demande de faire, ses dirigeants doivent être les premiers à donner l’exemple. Il n’y a donc plus aucun extra au niveau des institutions gouvernementales. Repas sommaires pour les invités, eau minérale souvent remplacée, lors des réunions, par l’eau du robinet (par ailleurs d’excellente qualité à Madrid, parce que provenant des hauteurs montagneuses), voyages économiques pour les fonctionnaires… Et bien d’autres mesures qui se veulent autant de moyens déployés pour enrayer la crise.
Les budgets gouvernementaux et subsides accordés aux organismes relevant de l’exécutif ont tous été réduits.
Parmi ceux qui en souffrent, la Radio Television Espanola (RTVE). Le Directeur des informations quotidiens, José Gilgado, ne peut cacher son amertume. Non seulement RTVE est interdite de vente d’espaces publicitaires (aucune recette possible de ce côté-là, donc), ce qui profite largement à la concurrence (chaînes privées). Mais en plus, le budget de l’Etat a été amputé de 150 millions d’Euros annuels. La télévision d’Etat qui recevait 1.000 millions d’Euros par an, doit désormais se contenter de 850 millions d’Euros. La représentation dans le monde ne peut plus être ce qu’elle était pour cette chaîne habituée à un large rayonnement et à des reportages aux quatre coins de la planète. Il faudra attendre de meilleurs jours…
Mais la souffrance est réelle. En Espagne, l’information, le savoir, les débats d’idées, la culture et les arts, ne sont pas les parents pauvres de la vie quotidienne. En manquer, c’est manquer d’oxygène.
La culture qui donne à réfléchir
L’importance accordée à la Culture et aux arts s’étale dans toute sa splendeur au musée du Prado.
Inauguré au début du 19ème siècle (1819), ce musée est une pure merveille. Les plus magnifiques collections de peinture, du XVème au XIIème siècle, s’y trouvent. Des œuvres de renommée mondiale s’offrent au regard des visiteurs de ce prestigieux palais où se côtoient des signatures immortelles, comme Rubens, Velazquez, Goya, ou encore Jérôme Bosch, dont le célèbre triptyque «Le Jardin des délices» ne finira jamais d’étonner, au vu de l’imagination et de la précision de ce peintre néerlandais du 15ème siècle.
Mais plus que la beauté des tableaux, c’est ce qu’ils racontent qui donne à réfléchir.
Les tableaux qui y sont accrochés aux murs du musée du Prado rappellent, avec force, le sens noble de la peinture. Celui, pour le peintre, de rendre compte de son époque, de ses idées, de ses histoires.
Quand une excellente guide du Prado (comme celle que la délégation marocaine a eue) raconte l’histoire de chaque tableau, elle vous replonge dans la méditation du peintre, dans sa vie, dans ses points de vue politiques, religieux, dans les légendes qui ont nourri son inspiration et, in fine, dans l’Histoire de tout un pays, dans son patrimoine immatériel… Ici, un tableau qui raconte la vie de la famille royale (les Bourbons). Là, est représentée la légende d’Achille que sa mère avait déguisé en fille pour conjurer l’oracle qui lui avait prédit sa mort sur le champ de bataille. Là encore, la guerre civile et les fusillades sur la montagne de Principe Pio… La peinture devient Histoire, devient philosophie, devient richesse de l’esprit. Il n’est pas étonnant que le musée du Prado soit alors constamment pris d’assaut, même en fin de journée (surtout en fin de journée, les visites étant gratuites après 17h). Certains, parmi les 60 millions de touristes qu’accueille chaque année l’Espagne, y passent des heures et des heures et y reviennent plusieurs fois. Dans ces murs bat le cœur de la culture espagnole qui remonte le temps jusqu’au XVème siècle et au-delà…
Rien à voir avec la plupart des toiles d’aujourd’hui que se disputent les snobs et les nantis, juste pour la signature de leur auteur, assez malin pour s’être fait connaître à grands renforts d’interventions médiatiques !
Le leitmotiv des politiques
Les rencontres politiques de la délégation marocaine en visite à Madrid ont été encore plus instructives.
Il est vrai qu’elles ont eu lieu dans la conjoncture particulièrement favorable que connaissent les relations bilatérales. A chaque rencontre avec les femmes et hommes politiques espagnols, une phrase est revenue comme un leitmotiv: «Le Maroc est un partenaire essentiel pour l’Espagne».
Au Parlement espagnol, l’idée a été longuement développée par le porte-parole du Parti Populaire au pouvoir, membre de la Commission des Affaires étrangères, José Maria Beneyto Pérez, également secrétaire général adjoint du groupe parlementaire populaire européen (PPE) et président de la délégation espagnole auprès de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe… Qui a précisé que le ministère espagnol du Commerce travaille à promouvoir davantage les relations économiques avec le Maroc via l’Institut ibérique du commerce extérieur (ICEX).
Même affirmation du caractère essentiel de la coopération maroco-espagnole chez l’exécutif, au ministère des Affaires étrangères, de la part du secrétaire d’Etat, Ignacio Ybanez Rubio qui, bien qu’ayant un emploi du temps chargé, a pris la peine de venir à la rencontre de la délégation et d’échanger avec elle sur toutes les questions sensibles. De la part également de la Sous-directrice générale pour le Maghreb, Eva Martinez, qui a tenu une longue et intéressante réunion avec la délégation. Ainsi que de la part de Javier Sangro de Liniers, Sous-directeur général pour les relations économiques bilatérales, qui connaît le Maroc depuis 1956, son père ayant été le 1er Consul général d’Espagne à Tétouan…
Mais aussi à la Casa Arabe (Maison arabe), où le Directeur général, Eduardo, Lopez Busquets a développé l’idée de la diplomatie économique et d’une souhaitable relation triangulaire Maroc-Espagne-pays tiers…
Ainsi qu’au siège du haut-Commissariat pour la Marca Espana (Marque Espagne), où le Directeur, Rafael Conde de Saro, familier des échanges avec les Marocains auprès desquels il a négocié 7 accords de pêche, a décliné l’idée de l’importance du partenariat selon sa propre formule: «Ce qu’il faut souligner, ce n’est pas que l’Espagne est le premier partenaire du Maroc, c’est que le Maroc est un partenaire important pour l’Espagne»…
Et, enfin, à la présidence du gouvernement, au Palais de la Moncloa, où la Secrétaire d’Etat à la Communication, Carmen Martinez Castro, a eu avec la délégation un débat d’autant plus fructueux qu’avant d’occuper ce poste, elle a été journaliste-patron de presse.
Conseil de Sécurité, UE, défense…
Les échanges avec les responsables espagnols se déroulant dans un climat de confiance, ils ont permis de saisir les raisons de toute cette importance accordée au partenariat maroco-espagnol. Des raisons d’ordre économique, certes, tous ont rappelé le classement du Maroc en tête de liste des partenaires de l’Espagne (2ème après les USA, hors UE). La prochaine réunion de haut niveau qui se tiendra prochainement à Madrid est attendue pour consolider cela.
Mais aussi d’ordre politique et stratégique.
Pour obtenir le siège de membre non-permanent au Conseil de Sécurité qu’elle occupera du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2016, l’Espagne a pu compter sur le Maroc, qui a mobilisé les votes de ses amis. D’où le déplacement à Rabat du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Ignacio Ybanez Rubio, le 25 novembre dernier, moins de 10 jours après sa nomination à ce poste, pour remercier le Maroc de son soutien à cette candidature.
De même qu’au sein des instances de l’Union européenne, le Maroc est assuré de l’appui espagnol (l’Espagne est le pays le plus concerné par l’accord de pêche Maroc-UE). Ignacio Ybanez Rubio l’a affirmé à la délégation marocaine, l’Espagne s’emploie à renforcer les relations de coopération avec le Maroc dans tous les domaines, notamment ceux de la défense, de la justice, de la lutte contre la criminalité et l’immigration clandestine.
Dans ce cadre de coopération en matière de défense, le Maroc participe d’ailleurs au Sommet de la défense 5+5, qui se tient à Grenade ces 10 et 11 décembre. Le thème central en est «La sécurité en méditerranée occidentale».
Evolution sur le dossier du Sahara
Autre dossier pour lequel la coopération maroco-espagnole peut être précieuse, celui du Sahara. Le porte-parole du Parti Populaire au pouvoir, José Maria Beneyto Pérez, a déclaré aux membres de la délégation que l’Espagne, désormais membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU (pour deux ans), peut jouer un rôle important dans la recherche d’une solution à ce problème.
Le gouvernement espagnol, lui-même aux prises avec le séparatisme dans la région de la Catalogne (qui est allée jusqu’à organiser un référendum d’indépendance) est désormais plus sensible au combat du Maroc pour son intégrité territoriale que le séparatisme du Sahara –activement soutenu par l’Algérie- menace.
La position du parti populaire –qui n’a pas toujours été favorable au Maroc- semble avoir évolué sensiblement ces derniers mois.
Il y a trois semaines, lors de la tenue d’une conférence pro-Polisario, à Madrid, l’Eucoco, le chef de file du Polisario n’a été reçu par aucun officiel espagnol, contrairement à ce qu’il espérait. Le chef de gouvernement, Mariano Rajoy et son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo étaient aux abonnés absents.
Le gouvernement espagnol, aujourd’hui, a ses propres spectres à affronter: la crise avec laquelle il n’en a pas fini ; la Catalogne dont tous les responsables ont dit et répété que son appartenance à l’Espagne n’était pas négociable ; puis le nouveau parti de gauche, Podemos, qui a surgi sur l’échiquier politique, troublant le bipartisme traditionnel de l’Espagne (PP-PSOE) et qui, incarnant les «indignés» ibériques, fait de plus en plus recette auprès des mécontents…
Le pays, cependant, est en pleine réformes. Réforme constitutionnelle, du marché du travail, du système financier, du secteur de l’énergie… Et même, comme l’a annoncé Carmen Martinez Castro, «maintenant que l’économie est stabilisée, réforme fiscale». Des réformes qualifiées par la Secrétaire d’Etat à la communication de «très difficiles, très impopulaires, mais qui donnent des résultats».
Cet élan est peu connu des Marocains qui, sans doute à cause du barrage de la langue, ont moins les yeux rivés sur l’Espagne que sur la France. Les relations entre les deux pays, excellentes au sommet de l’Etat, sont insignifiantes au niveau du bas de la pyramide.
L’ambassadeur du Maroc en Espagne, Fadel Benyaich, compte bien travailler à remédier à cela. Avec une ferme volonté et un programme ambitieux, il entend aider à multiplier les passerelles entre les citoyens des deux pays: jeunes, société civile, médias… Tous ceux qui pourront contribuer à tisser des liens d’entente cordiale. La tâche n’est pas simple !
BA
Composition de la délégation La délégation marocaine des responsables de médias en visite en Espagne était conduite (avec grande patience et trésors de diplomatie) par Abdelilah Tahani, directeur de la communication et des relations publiques au ministère de la Communication. Elle comptait également Mohamed Aswab, conseiller au cabinet du ministre de la Communication et Mustapha Amjar, chef de division des relations publiques dans ce département. Enfin, elle était composée de Jamal Hajjam, directeur du journal « L’Opinion », Samir Chaouki, directeur du quotidien « Les Eco », Bahia Amrani, directrice de l’hebdomadaire « Le Reporter », Abdellah Damoun, directeur du journal « Al Massae », Abdelhakim Badi, directeur du journal « Annahar Al Maghribia », Rafik Lahlou, directeur général de l’hebdomadaire « Challenge », Chakir Alaoui, du portail « Le360 », Ihsane Al Hafidi, rédacteur principal du quotidien « Assabah », et Mohamed Chakour, rédacteur en chef national à l’agence Maghreb Arabe Presse (MAP). |
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Flashs
– L’encadrement de la délégation, côté espagnol était assuré par l’ambassade d’Espagne au Maroc, représentée par la discrète mais si efficace Justina Bermudez, par le ministère des AE en la personne du responsable Gonzalo Moro Aguilar, ainsi que par une équipe de la Fondation Carolina (qui dépend du ministère des Affaires étrangères), dont les membres –parmi lesquels Cristal Mariategui Valdes- se sont relayés auprès de la délégation, réglant les problèmes de logistique, ne laissant jamais rien au hasard… Un vrai plaisir de les avoir à ses côtés (et notamment pour toute information sur la ville de Madrid) !
– Madrid est la ville la plus verte de l’Europe. C’est un vrai bonheur de circuler dans une ville où partout des arbres s’élancent vers le ciel. Des arbres, des forêts, des jardins… Cela change des cités «99,99% béton» auxquelles sont habitués les Marocains. C’est aussi une ville propre. Seules les feuilles d’automne jonchent le sol. Ah si certains pouvaient en prendre de la graine !
– Au ministère de la Communication, quelques «détails» ont pincé le cœur des membres de la délégation marocaine. Par exemple, les box individuels réservés aux journaux et aux radios (chaque titre de presse le sien) permettant aux journalistes, après le point de presse du porte-parole du gouvernement, d’envoyer rapidement les informations à leurs journaux respectifs. Ou encore, les affiches dont sont ornés les murs et qui ne sont rien d’autre que les Unes des différents journaux nationaux, mettant ainsi en valeur la presse du pays. Une considération qui fait envie…