Maroc/Crypto-monnaie : Pourquoi ces tirs croisés sur les Bitcoins…

Maroc/Crypto-monnaie : Pourquoi ces tirs croisés sur les Bitcoins…

L’Office des Changes, le ministère des Finances, Bank Al-Maghrib et l’AMMC sont unanimes: les Bitcoins, comme toute autre monnaie virtuelle (ou crypto-monnaie), ne seront pas tolérés au Maroc. Quelles en sont les raisons? Quels sont les dangers d’un scénario où ces monnaies seraient acceptées? Et que sont ces Bitcoins au juste?

La rumeur allait bon train et l’utilisation des Bitcoins et autres monnaies virtuelles au Maroc était perçue comme tolérée. Il n’en est rien. L’Office des Changes, réagissant à l’intérêt grandissant que ces monnaies cryptographiques suscitent depuis quelque temps, a rappelé tout le monde à l’ordre: «Les transactions effectuées via les monnaies virtuelles constituent une infraction à la réglementation». Un message clair et sans ambigüité qui ne laisse plus de place, ni au doute, ni à l’interprétation d’ailleurs.

Quelques heures à peine après sa sortie, voilà que l’Office des Changes est rejoint dans sa position par le ministère des Finances, Bank Al-Maghrib et l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC, ex-CDVM). Tous ont mis en garde contre l’utilisation de monnaies virtuelles comme moyen de paiement, invoquant l’absence intrinsèque de substance monétaire légale chez cette «monnaie», qui l’exonère de fait de l’adossement obligatoire à un Etat ou à un conglomérat de pays unis par une monnaie commune. Chose qui empêche les autorités marocaines de la considérer comme une véritable monnaie pouvant véhiculer de réelles transactions commerciales. Dans un communiqué conjoint, la Banque centrale et l’AMMC expliquent: «La monnaie virtuelle ou crypto-monnaie est une unité de compte décentralisée, créée non pas par un Etat ou une Union monétaire, mais par un groupe de personnes (physiques ou morales), reposant sur l’existence d’un registre contenant la totalité des transactions, tenu à jour sur l’ensemble des nœuds du réseau (technologie Blockchain). La monnaie virtuelle s’échange uniquement en ligne et, par conséquent, n’existe pas sous forme de pièces ou de billets».

Concrètement, il est légalement impossible pour les Marocains de commercer avec les Bitcoins, étant donné que la seule référence légale supposant leur existence est l’Article n° 339 du Code pénal marocain, qui interdit «la fabrication, l’émission, la distribution, la vente ou l’introduction sur le territoire du Royaume de signes monétaires ayant pour objet de suppléer ou de remplacer les monnaies ayant cours légal», fixant la peine encourue à «l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 500 à 20.000 dirhams». Ainsi, les Marocains traitant en Bitcoins le font à leurs risques et périls, sans aucune couverture légale ayant trait à la protection du consommateur.

Bank Al-Maghrib | Cours des devises du mardi 26 avril

Au Maroc, les Bitcoins ne peuvent servir ni à payer des salaires, ni à tenir une activité commerciale patentée avec cette monnaie virtuelle comme véhicule d’échanges, ni à acquérir ou à céder légalement des biens et services mis en vente moyennant un coût libellé en dirhams. De même, en cas de vol ou de détournement, il n’existe aucun cadre juridique à même de protéger les intérêts des usagers. Mais au fait, comment les pays, qui leur reconnaissent une existence pleine et entière, font-ils pour s’accommoder des effets de pression qu’ils exercent sur les monnaies scripturales? La réponse est bien plus simple qu’il n’y paraît: bien que les monnaies virtuelles ne comportent la signature d’aucun Etat ou institution et ne sont régies par aucune banque centrale, elles sont pourtant considérées comme des monnaies alternatives, dont la valeur est décidée par la loi de l’offre et de la demande. Si, à leur émission, leur valeur était de zéro, les unités Bitcoins ont pris de la valeur dès la première transaction, orchestrée par les fondateurs du système, dans le but d’enclencher l’intérêt du marché et réaliser des sous-transactions, chacune ajoutant davantage de valeur auxdites unités par voie de plus-values successives. Au final, la valeur des Bitcoins est décidée par la confrontation de l’offre et de la demande, avec comme étalon le dollar américain. La balance, ainsi que le taux de change sont calculés dans des places de marché spécialisées dans les monnaies cryptographiques. Désormais, les Bitcoins sont de plus en plus acceptées comme étant une monnaie à la valeur fluctuante, comme le serait n’importe quelle autre monnaie scripturale ouverte aux changes. Les inconditionnels y croient tellement qu’un premier fonds européen d’investissement en Bitcoins a été lancé, voilà quelques jours, en France. Il s’agit du gestionnaire d’actifs Tobam, qui soutient que le fonds «permettra aux investisseurs qualifiés et institutionnels souhaitant investir sur la cryptodevise de bénéficier des services et systèmes informatiques de haute qualité de Tobam, pour suivre la valeur du Bitcoin». Baptisé «Tobam Bitcoin Fund», le fonds a ainsi pour vocation d’offrir «un véhicule d’investissement plus efficace et plus sûr pour les investisseurs désirant augmenter leur exposition à la cryptomonnaie». Même si Tobam veut bien admettre que le Bitcoin soit «exposé à des risques importants, y compris un très haut niveau de volatilité», le management estime qu’il «offre également des avantages en termes de diversification», susceptibles de protéger les acquéreurs d’unités cryptographiques des fluctuations négatives que connaîtrait le marché. Aussi, le fonds créé par Tobam n’est-il qu’un parmi plusieurs autres dispersés en Asie et aux Etats-Unis, tous spécialisés dans la gestion et l’investissement en monnaies virtuelles. Mais cela n’est pas sans compter avec le scepticisme montant de certains organismes financiers, tels la Deutsche Bank, première banque d’Allemagne qui a récemment dénoncé les dangers que représentent ces monnaies, notamment pour ce qui est de leur extrême fluctuation, mettant en garde les utilisateurs contre le risque de dépréciation et l’absence de cadre légal proprement dit, orienté vers la protection de leurs avoirs virtuels. Ulrich Stephan, principal stratège en investissements de la Deutsche Bank, dans une récente sortie médiatique, a affirmé qu’il déconseillerait les Bitcoins à un investisseur normal. La Banque de France, qui rejoint les conclusions de Stephan, explique de son côté: «La valeur du Bitcoin n’est adossée à aucune activité réelle et n’est représentative d’aucun actif sous-jacent, que son cours est très volatil, que ses délais de transactions sont importants et qu’un risque juridique élevé l’entoure». Bien que la valeur du Bitcoin ait dépassé la barre des 10.000 dollars américains (alors qu’elle était de 8.000 voilà 10 jours à peine), il n’en demeure pas moins que de plus en plus d’investisseurs et d’experts en analyse boursière se méfient de la crypto-monnaie comme s’ils pressentaient l’éclatement d’une bulle financière gonflée uniquement à la «hype».

Bank Al-Maghrib | Cours de change des devises étrangères contre le dirham

Mehdi Mouttalib

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2 Commentaires

  1. Je suis dépassé ; tant de polémique sur une simple monnaie. Pourquoi cette unanimité uniquement autour du bitcoin et pas autour de l’ETH, du Riple ou même du LTC ? ça je me demande bien. D’aucuns disent que c’est pour réduire le taux de blanchiment d’argent et toutes les autres fraudes fiscales, mais je n’y connais rien de tout cela. Je continue le trading de bitcoin sur stock-crypto et je trouve mon compte avec cette monnaie. Quitte à ce qu’il y ait des interdictions de part et d’autre, pour moi, ça ne change rien.

  2. Pas besoin d’en commander pour commencer il y a des sites qui en donnent gratuitement regardez la liste bonne soirée

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