Flashback | L’Orient est compliqué, l’Europe aussi !

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Le Général de Gaulle «l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural»…

Le Général de Gaulle, dans ses mémoires de guerre, parle «d’Orient compliqué» Une formule reprise, depuis, régulièrement pour expliquer que les Occidentaux ne comprennent pas grand-chose à l’Orient et qu’ils y vont avec des idées simples, d’où des drames et des échecs. Qui peut, d’Irak en Syrie, en passant par la Libye et l’Afghanistan, dire le contraire ? Mais le Général de Gaulle parlait aussi d’une Europe «de l’Atlantique à l’Oural» qui parait, avec la guerre d’Ukraine, une illusion du passé.

Dans son discours à Strasbourg, en 1959, le Général de Gaulle avait évoqué «l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural», dans une formule marquante visant à briser le duopole de la Guerre froide entre Washington et Moscou. Plus profondément, il s’agissait de s’interroger sur la sortie du conflit Est-Ouest et la réunification du continent européen dans son ensemble. 

La construction d’une Europe à 27 membres et l’effondrement de l’Union Soviétique ont laissé penser un moment qu’un continent était sur le point de se réunifier. Il n’en est rien, bien au contraire, car l’Europe est compliquée et même de plus en plus compliquée. L’échec de l’intégration de la Russie d’Eltsine que l’on a voulu stupidement marginaliser et humilier marque le début de nouveaux clivages. Penser que les pays de l’Est allaient s’aligner par intérêt économique sur les valeurs des pays de l’Ouest était une erreur qui se paye cher. La grande ligne de démarcation est le regard porté sur la Russie. La peur de la Russie pousse la Pologne et les états Baltes à pousser à une extension du conflit ukrainien. En revanche, les Serbes qui en veulent à l’Otan d’avoir fait la guerre contre Belgrade pour le Kosovo, soutiennent Moscou. Position ambigüe de la Hongrie qui s’oppose à l’Europe de Bruxelles sur les valeurs sociétales. La Hongrie, membre de l’UE et de l’Otan, n’a pas nommément condamné Vladimir Poutine depuis le début de l’offensive militaire russe, même si elle a condamné l’invasion de l’Ukraine. «Ce qui est certain, c’est que nous n’enverrons pas d’armes à l’Ukraine. Nous ne cèderons pas à la pression pour étendre les sanctions au pétrole et gaz russe», a insisté Viktor Orban.

Interrogé sur la ville ukrainienne de Boutcha, au nord-ouest de Kiev, où des dizaines de cadavres ont été découverts, il s’est démarqué de la vague de condamnations occidentales. «De toutes les atrocités, je pense qu’il faut les examiner toutes, nous vivons dans une ère de manipulation massive», a-t-il affirmé. Orban, le Président européen le mieux réélu pour la 4ème fois, est une Merkel illibérale. Réélu pour un quatrième mandat consécutif à la tête de la Hongrie avec un score plus que solide (53,35 % des voix), le souverainiste autoritaire Viktor Orban, plus proche de Moscou que de Bruxelles, assoit un peu plus son pouvoir en Hongrie. La Commission européenne, dirigée par Ursula von der Leyen, a quant à elle lancé une procédure inédite permettant la suspension de fonds européens en cas de violations de l’État de droit. Le lendemain de la large victoire de Viktor Orban, Vladimir Poutine l’a félicité en souhaitant «malgré une situation internationale difficile, le développement futur des liens bilatéraux et de partenariat» entre les deux pays. Le même jour, le Président russe a salué un autre ami, triomphalement réélu en Serbie, Aleksandar Vucic, en des termes encore plus chaleureux: «J’estime que vos actions en tant que chef de l’Etat vont continuer à favoriser un renforcement du partenariat stratégique qui existe entre nos pays. Incontestablement, c’est dans l’intérêt des peuples frères que sont la Russie et la Serbie».

Le conflit Ukrainien n’a rien pesé et même en France les pro-Poutine pour la présidentielle n’ont pas été disqualifiés. A l’Est donc rien de nouveau. On prend les mêmes et on recommence. Le Président serbe Aleksandar Vucic et le Premier ministre hongrois Viktor Orban ont été triomphalement réélus dimanche 3 avril. Les deux hommes qui cultivent des relations ambiguës ou amicales avec Vladimir Poutine n’ont absolument pas pâti de leur proximité avec le maître du Kremlin. Mieux, cela a semble-t-il servi leurs intérêts électoraux.

Belgrade, une blague circulait avant le scrutin qui s’est tenu dimanche: «Seuls deux candidats pourraient battre Vucic: Djokovic et Poutine !» La popularité en hausse constante du Président russe depuis le début de l’invasion de l’Ukraine est proche d’égaler celle du champion de tennis antivax.
Le conflit a changé le cours de la campagne qui aurait dû se concentrer sur l’environnement, la corruption et les droits dans ce pays des Balkans de sept millions d’habitants, candidat à l’entrée dans l’Union européenne. Mais Aleksandar Vucic, habitué à jouer des influences rivales de l’Est et l’Ouest, s’est emparé de la guerre à son avantage. Dans un pays subissant comme ailleurs la pandémie du coronavirus, il s’est présenté comme le seul capable de barrer le navire par temps d’orage. Il a fait campagne sous le slogan «Paix. Stabilité. Vucic». «L’influence de la crise ukrainienne sur les élections a été énorme», a-t-il lui même reconnu. Aleksandar Vucic partait au scrutin armé d’autres avantages.
Durant son long règne, il a resserré son emprise sur tous les niveaux du pouvoir, y compris un contrôle de facto des institutions et de la quasi-totalité des médias. Il bénéficie d’une vaste base électorale constituée de fonctionnaires et de leurs proches. À Budapest, Viktor Orban a en main les médias et les organes de pouvoir. Il a lui aussi mis à son profit le conflit russo-ukrainien pour aller quérir un quatrième mandat après une victoire électorale beaucoup plus large que prévu. À 58 ans, le doyen des dirigeants en exercice de l’Union européenne faisait face à une alliance inédite et disparate de six partis menée par Peter Marki-Zay, décidé à combattre «autoritarisme» et «corruption» des douze années de l’ère Orban.

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Deux exemples d’un Est compliqué dans une Europe qui l’est de plus en plus et qui, depuis Bruxelles, croit qu’elle représente encore avec les USA la communauté internationale, alors que tous les votes à l’Onu prouvent le contraire.

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Les Répressions de la Russie soviétique (URSS) en Europe de l’Est

Répressions en Europe: 1953, Allemagne de l’Est

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Le relèvement des normes de production exigées par le gouvernement de la République démocratique allemande (RDA) soulève le mécontentement des ouvriers. Il en résulte une série de manifestations populaires qui sont durement réprimées en 1953.

Les faibles performances économiques de la RDA incitent plusieurs de ses habitants à quitter pour l’Ouest au début des années 50. La nécessité d’augmenter les rendements est à l’origine de baisses salariales et d’un relèvement des normes de production qui soulèvent la grogne dans les milieux ouvriers. Le 16 juin 1953, des travailleurs du chantier de la Stalinallee, à Berlin-Est, cessent l’ouvrage et réclament l’abolition des nouvelles normes. La manifestation gagne rapidement en nombre et d’autres revendications, comme la tenue d’élections libres, sont formulées par les grévistes. Le Premier Secrétaire du Parti socialiste, Walter Ulbricht, cède sur les exigences de production, mais la grève s’intensifie le lendemain. Devant la multiplication des gestes de désobéissance à Berlin-Est et ailleurs en RDA -Leipzig, Merseburg, etc.-, l’état de siège est proclamé et les troupes soviétiques interviennent avec force. Le soulèvement sera réprimé, l’ordre rétabli, et des mesures d’assouplissement instaurées avant que l’état de siège ne soit levé au mois de juillet. Il s’agissait bel et bien, d’une explosion de haine contre les Russes et contre les marionnettes qu’ils ont installées au pouvoir. Quelles que soient l’issue et les conséquences de l’émeute, le coup porté à la propagande soviétique paraît rude. Les ouvriers de l’Occident sauront désormais qu’on leur ment lorsqu’on veut leur faire croire que de l’autre côté du rideau de fer les travailleurs vivent dans une sorte de paradis où le peuple, libéré de la tyrannie du dollar, exercerait enfin réellement le pouvoir… La triste réalité d’aujourd’hui c’est la police populaire et l’armée rouge qui ouvrent le feu pour protéger le pouvoir du peuple contre la colère du peuple…».

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Répressions en Europe: 1956, Budapest

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Des chars, du sang, la liberté confisquée. Le 4 novembre 1956 à l’aube, une vaste offensive soviétique est lancée pour écraser «la révolution hongroise» qui a débuté mi-octobre. L’artillerie pilonne Budapest, 1.500 chars russes entrent dans la capitale. C’est le début d’une répression terrible, sanglante, qui conduira à l’anéantissement des aspirations d’indépendance et de liberté du peuple hongrois.

Les mois qui suivent le XXème congrès du Parti communiste soviétique (PCUS), en février 1956, sont marqués par une contestation de plus en plus vive en Hongrie. En octobre, d’imposantes manifestations révèlent le mécontentement de la population. L’homme qui incarne les espoirs de changement, l’ex-premier ministre Imre Nagy, redevient premier ministre, alors que Janos Kadar remplace Ernest Gero à la tête du Parti communiste. Mais le mouvement de grèves s’intensifie et des altercations surviennent entre Hongrois et troupes soviétiques. Un cessez-le-feu est conclu et Nagy forme un gouvernement de coalition au sein duquel figurent plusieurs non-communistes. Sa volonté de tenir des élections libres, de mettre fin au régime de parti unique et de retirer éventuellement la Hongrie du pacte de Varsovie inquiète cependant Moscou.

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Le 4 novembre, les chars de l’armée rouge entrent en action. La contestation est écrasée partout dans le pays, au prix de milliers de morts et de blessés. Kadar deviendra l’homme fort du pays alors que Nagy sera emprisonné. Il sera exécuté deux ans plus tard.

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Répressions en Europe: 1968,  Prague

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Au matin du 21 août 1968, les Européens se réveillent en état de choc. Des troupes blindées d’un total de 300.000 hommes ont envahi dans la nuit la Tchécoslovaquie sur décision de l’autocrate soviétique Leonid Brejnev. Des dizaines de milliers de parachutistes ont aussi atterri sur l’aéroport de Prague. Les agresseurs appartiennent à cinq pays du pacte de Varsovie, dont fait partie la Tchécoslovaquie elle-même (URSS, Pologne, Bulgarie, Allemagne de l’Est, Hongrie). Ils prétendent intervenir à l’appel de responsables locaux en vue de sauver le socialisme dans ce pays d’Europe centrale où il a été imposé vingt ans plus tôt par l’Union soviétique à la faveur du «coup de Prague».

La détente engage les relations internationales dans une période moins troublée, mais des crises demeurent. Ainsi, la rupture entre Moscou et la Chine est consommée en 1962 et des affrontements militaires éclatent autour de la frontière sino-soviétique en 1969. À l’Est, la contestation du bloc soviétique est surtout le fait de la Tchécoslovaquie. Le Parti communiste est au pouvoir dans le pays depuis le coup de Prague de 1948. En janvier 1968, le stalinien Antonín Novotný est mis en minorité et remplacé par un communiste libéral voulant concilier socialisme et liberté, Alexandre Dubček. Le régime se libéralise au printemps 1968. La censure est abolie et les Tchèques ont désormais le droit de voyager à l’étranger. Le premier secrétaire du Parti communiste d’Union soviétique (PCUS), Léonid Brejnev, fait part de son mécontentement, mais Prague refuse d’obtempérer. Au contraire, au fur et à mesure que les pressions s’accentuent, la libéralisation progresse.

Le 21 août 1968, profitant de manœuvres qu’ils ont prorogées, les troupes du pacte de Varsovie, excepté celles de Roumanie, occupent le pays et arrêtent les dirigeants «déviationnistes». Même si Alexandre Dubček, remis en liberté, reste encore un certain temps à son poste, il va être remplacé plus tard par le prosoviétique Gustáv Husák qui surveille la normalisation. L’URSS a encore une fois démontré qu’elle n’est prête à accorder qu’une souveraineté limitée à ses frères du camp socialiste. Les puissances occidentales et l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) n’ont pas réagi à l’invasion de la Tchécoslovaquie si ce n’est que par des déclarations de regret.

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Répressions en Europe: 1980, Echec final en Pologne

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En août 1980, un vent de liberté soufflait sur la Pologne avec l’accord de Gdansk, qui reconnaissait enfin l’existence légale du syndicat Solidarité (Solidarnosc en polonais). Inspiré par un message d’espoir de Jean-Paul II, le peuple polonais s’est alors joint aux ouvriers pour réclamer la fin du  communisme. En juin 1979, le pape Jean-Paul II fait son premier voyage en Pologne, son pays natal. Dans des homélies prononcées devant des foules, il explique que l’avenir du pays passe par une solidarité face à un pouvoir totalitaire.

Au cours de l’été 1980, lors de la grève des chantiers navals de Gdansk, les Polonais ont encore le message du pape en tête. Ils demandent 21 conditions, dont une qui va faire l’histoire: l’indépendance syndicale face au Parti communiste. Pour réprimer ce mouvement, le chef du gouvernement polonais, le général Jaruzelski, impose la loi martiale en décembre 1981. Alors que le peuple est sur le bord du soulèvement, la présence des chars soviétiques empêche un renversement du gouvernement. L’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev à la tête de l’Union soviétique en 1985 donne un grand espoir au peuple polonais. Dès lors, on sent de moins en moins possible l’envahissement du pays par les Soviétiques.

En 1988, le général Jaruzelski peine à rétablir l’économie, désastreuse, de son pays et organise les négociations de la «table ronde» avec le mouvement Solidarité. En 1989, les pourparlers aboutissent à la tenue d’élections partiellement libres, remportées par Solidarité. Pour la première fois depuis 1945, il y a un gouvernement en Pologne qui n’est pas communiste.

En décembre 1990, les Polonais élisent Lech Walesa à la présidence de leur pays avec 77 % des voix. Le chef de Solidarité prend alors la place du général Jaruzelski, neuf ans après que ce dernier l’eut fait arrêter.

Patrice Zehr

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