Conseil national de la presse : La bataille des listes n’est pas encore finie !

Conseil national de la presse : La bataille des listes n’est pas encore finie !

Au terme d’une opération qui a tenu en haleine le monde de la presse au Maroc, la Commission de supervision des élections du Conseil national de la presse a rendu publics samedi 23 juin les résultats des élections des membres de ce Conseil qui ont eu lieu vendredi 22 juin…

Une opération qui a connu beaucoup de remous, notamment du côté des journalistes, du fait que deux listes sur les trois qui étaient en lice, à savoir la liste «Le Changement», conduite par Ali Bouzerda et celle de «Fidélité et responsabilité» conduite par Abdessamad Benchrif, se sont retirées de la compétition et appelé au boycott des élections.

Les heureux élus…

Du coup, ces dernières ont été marquées par un faible taux de participation qui n’a pas dépassé les 43,3% dans la catégorie des «Journalistes professionnels» qui a quand même connu la réussite de la liste «Liberté, intégrité, professionnalisme», représentée par Hamid Saadni et comprenant tous les ténors du Syndicat de la presse, dont Younes Moujahid et Abdallah Bekkali,  avec 918 voix.

Dans la catégorie des éditeurs, les élections se sont passées dans un cadre calme et convivial, le taux de participation a atteint 62,8%, et les élections ont été remportées par Fatima Ouariaghli (39 voix), Noureddine Miftah (34 voix), Mahtat Rakkas (29 voix), Mohamed Hajjam (28 voix), Mohamed Selhami (26 voix), Abdelmounim Dilami (26 voix) et Abdelhak Bakhat (25 voix).

Les «élus» ainsi connus dans ces deux catégories, il faudra maintenant attendre la finalisation du Conseil à travers la désignation des sept autres membres qui sont: le représentant du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, le représentant du CNDH, le représentant du Conseil national des langues et de la culture marocaine, le représentant de l’association des Barreaux des Avocats au Maroc, le représentant de l’Union  des écrivains du Maroc, un ancien éditeur (que désignera la FMEJ) et un journaliste honoraire (que désignera le SNPM).

Sur un plan organisationnel, tout semble aller pour le mieux et la voie s’ouvre à la naissance, tant attendue, du Conseil National de la Presse mais… Les choses ne se sont pas aussi calmes…

D’emblée, des querelles sur des principes électoraux ont entaché la démarche.

Si du côté des éditeurs tout s’est bien passé, puisque les éditeurs ont ouvert les candidatures à tout le monde, même aux non-affiliés à la FMEJ, à condition de justifier de 15 années de métier et d’avoir un numéro de la commission paritaire (attribué aux journaux en règle), ce n’était pas le cas du coté des journalistes.

Dans ce collège-là, le mode de scrutin choisi était le scrutin de liste mais liste fermée, ce qui n’était pas du goût de beaucoup, au point d’impacter le taux participation et de susciter même la colère de deux autres listes en lice, lesquelles ont appelé au boycott et demandé leur retrait définitif…
A signaler que les journalistes de la MAP étaient en pointe de la contestation, appelant les 1ers au boycott de ces élections «qui privent une partie non négligeable du corps journalistique d’exprimer sa voix», notamment les journalistes de l’Agence accrédités à l’étranger.
Ces journalistes ont dénoncé «les irrégularités flagrantes dans la composition de la commission de supervision, dont certains membres n’ont pas respecté l’impartialité requise et ce en se portant candidats pour le Conseil, dans une violation évidente des dispositions juridiques, déontologiques et professionnelles».
Ils ont également dénoncé le mode de scrutin retenu pour ces élections à savoir le mode de scrutin dit de liste fermée qui constitue «une confiscation du droit des journalistes de choisir librement leurs représentants au sein du Conseil national de la Presse».

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Lors de la journée électorale, plusieurs journalistes ont relevé que «les listes électorales du collège des journalistes comportaient de graves anomalies».

Les mécontents

Au lendemain des élections, les listes «Le changement» et «Fidélité et responsabilité» ont indiqué que les élections du Conseil national de la presse, ainsi que les résultats qui en découlent ne les concernaient en aucune manière, affirmant se réserver le droit de recourir à la justice (ce qu’elles ont fait, intentant de nouveaux recours).

Les listes n’ayant pas été retirées comme réclamé par les intéressés, les résultats étaient en effet catastrophiques pour ces deux listes (19 voix pour celle représentée par Ali Bouzerda et 18  pour celle de Abdessamad Bencherif). Le non retrait a été expliqué par des problèmes relatifs surtout à des questions de logistique, vu que le juge qui devait statuer sur l’Affaire ne s’est prononcé que la veille des élections se déclarant «incompétent» au motif que ces élections se déroulaient sur l’ensemble du territoire national.   

Les têtes de listes «Le changement» et «Fidélité et responsabilité» respectivement, Ali Bouzerda et Abdessamad Bencherif, sont ainsi montés au créneau et ont annoncé qu’ils «ne sont pas concernés par ces élections, encore moins par les résultats qui en découlent» affirmant qu’ils se réservent «le droit de recourir à tous les moyens juridiques pour corriger ce processus et mettre un terme à toutes les violations et les irrégularités».

La réaction ne s’est pas fait trop attendre. Des journalistes ont déposé plainte devant le tribunal administratif de Rabat pour contester les résultats des élections du Conseil national de la presse.

Les griefs consistent à dire que ces élections sont illégales en raison de nombreuses violations commises rendant le processus de vote subjectif.
Ainsi, il a été constaté que le processus électoral s’est basé sur la décision de la Commission de supervision et non sur un décret ministériel, d’autant plus que l’Article 54 portant création du Conseil a limité le rôle de la Commission à la supervision technique et logistique sans pour autant l’autoriser à déterminer les modes de vote et de scrutin.

Il a également été noté que l’identification du statut d’électeur était en totale contradiction avec la loi en vigueur du Conseil national de la presse et que la Commission a défini un mode de scrutin dit de liste fermée qui ne reflète aucunement la volonté des électeurs, en plus d’écarter de manière flagrante les journalistes accrédités à l’étranger et d’adopter un modèle de vote hybride.

L’une des plaintes a aussi mis en évidence la situation contradictoire de certains membres de la Commission entre leur statut d’arbitre neutre et de concurrent.

Elle revient aussi sur les violations ayant marqué le processus dans sa globalité, depuis les opérations d’inscription dans les listes électorales jusqu’à l’annonce des résultats, précisant que la Commission de supervision a dépassé ses prérogatives, définies dans l’Article 54 de la loi du Conseil national de la presse, enfreignant ainsi les dispositions de cette loi et les statuts des journalistes professionnels.

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La plainte s’est arrêtée sur les conditions posées par la Commission aux candidats et aux électeurs et qui sapent le principe de l’égalité des chances tout en étant incompatibles avec les exigences de la Constitution qui appelle à la création d’une instance de manière transparente et démocratique.
Elle a aussi rappelé que le syndicat convié à prendre part aux travaux préparatoires ne disposait pas du statut “le plus représentatif”, comme le prévoyait expressément le paragraphe 5 de l’Article 425 du Code du travail.

Si les deux tiers des membres du Conseil sont aujourd’hui connus, il semble que le Conseil, reste à savoir quel sera l’impact du grabuge qui entoure l’élection, côté journalistes, du temps que prendront et le jugement final des recours déposés par les contestataires et la désignation des sept autres membres…

Et ceux qui voient d’un bon œil…

Un élément qui a rigoureusement contribué à la naissance et à l’aboutissement de ce processus, en l’occurrence la FMEJ,  y croit dur comme fer. En effet, au lendemain des élections, le Bureau exécutif de la Fédération a exprimé, dans un communiqué, sa satisfaction des résultats lors des élections du Conseil national de la presse. Les membres de la Fédération ont remporté la totalité des 7 sièges dédiés aux éditeurs, dont 5 membres relevant du bureau exécutif et 2 autres du conseil de la Fédération représentant la presse régionale, ce qui constitue une consécration pour les médias de proximité et une forte valeur symbolique, a indiqué la Fédération ajoutant que son adhésion au Conseil national de la presse répond à un engagement de principe, ayant contribué à la mise en place de sa vision depuis 13 ans, dans le cadre du lien entre la liberté de la presse et la responsabilité.  La Fédération veillera, à travers ses membres élus, à défendre les valeurs qu’elle porte concernant la pratique du journalisme, notamment la déontologie, le droit du citoyen à une presse diversifiée, honnête et libre, le droit des journalistes à un environnement garantissant la liberté et la dignité, ainsi que le droit de chacun à une presse crédible et à un produit médiatique de qualité.

Le Bureau a également souligné, à cet égard, l’importance des missions du Conseil relevant que leur promotion “ne dépend pas uniquement de la victoire d’une partie aux dépens de l’autre, ni des attributions du Conseil, mais de la force morale qu’il va acquérir grâce au corps médiatique composé de journalistes et d’entreprises qui œuvrent, au même titre, pour la concrétisation de ce chantier prometteur”, selon la FMEJ.

Les membres du Conseil doivent représenter tout le corps médiatique, au delà des règlements de comptes, a relevé le Bureau exécutif, appelant l’ensemble des parties prenantes à s’engager dans cet atelier afin de garantir l’autorégulation de la profession, car la bataille n’est plus seulement une bataille pour un meilleur niveau de la presse, mais une bataille de la presse face à l’essor chaotique des réseaux sociaux.

HD

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