PJD/Maroc : Benkirane s’en va, El Othmani s’en vient… Quid du parti ?

PJD/Maroc : Benkirane s’en va, El Othmani s’en vient… Quid du parti ?

Elu Secrétaire général du PJD, en remplacement de Abdelilah Benkirane, Saâd-Eddine El Othmani s’est voulu apaisant et rassembleur, assurant qu’il œuvrerait pour le renforcement des rangs internes du parti.

C’est presque sans véritable surprise que Saâd-Eddine El Othmani (qui a déjà occupé le poste de SG du parti de la lampe en 2004) a damé le pion à Abdelilah Benkirane auquel ni le Conseil national (parlement du PJD), ni les statuts du parti et encore moins le farouche courant des ministres n’ont permis de briguer un 3ème mandat pour le poste de Secrétaire général.

Véritable outsider de cette course pour le leadership du Parti de la Justice et du Développement, El Othmani, qui est actuellement chef de gouvernement, a arraché le poste tant convoité par Benkirane, celui de secrétaire général du PJD, avec 1.006 voix, contre 912 pour Driss El Yazami, ancien ministre et actuellement chef du Groupe du parti islamiste à la Chambre des représentants.

Menaces de division

Sur fond de crise interne, qui a menacé le parti de la lampe de division, voire même d’éclatement, le PJD a tenu son huitième Congrès national; même si le vainqueur, El Othmani, a essayé de relativiser en rappelant aux alarmistes: «Le 8ème congrès national du parti s’est déroulé dans de bonnes conditions, nos militants ont donné une véritable leçon de démocratie», tout en précisant que «le PJD reste uni et fort».

Le feu dans la maison PJD

Les multiples tentatives d’éteindre le feu dans la maison PJDiste auront été vaines. L’incendie, tout le monde le sait, a été allumé par le limogeage de Abdelilah Benkirane de la Primature et l’impossible retour de celui-ci au Secrétariat général pour un troisième et ultime mandat qui remettrait le leader d’hier sur selle… Ce qui a divisé le PJD en deux véritables blocs distincts.

Les supporters de Benkirane, aujourd’hui adversaires de l’ancien chef de gouvernement et ex-dirigeant du PJD, avancent que le retour de celui-ci ne rendrait pas service au parti et serait un geste somme toute pas très démocratique. L’autre courant n’en démord guère, appelant à mettre sur le devant de la scène et à élire de nouveaux visages, à savoir une nouvelle élite du parti qui injecterait du sang nouveau dans le corps meurtri par les dernières crises intestines du PJD. Point de vue soutenu par le clan des ministres et ceux qui aspirent à avoir une place au soleil, tels le très turbulent Abdelaziz Aftati, Bilal Talidi, El Habib Choubani, Abdallah Bouani, Abdessamad Haïkar …

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Congrès sur fond de crise

Une première: c’est sans séance inaugurale, ni jubilation, ni hôtes de marque et sur fond de crise -les visages des 2.500 congressistes, y compris les têtes d’affiche, en disaient long sur ce malaise qu’ils peinaient à dissimuler- que le 8ème Congrès national du PJD s’est tenu, le week-end du 9-10 décembre2017, au complexe du Prince Moulay Abdellah à Rabat, pour élire le successeur de Benkirane à la tête du Secrétariat général.

Dans l’enceinte du complexe, l’ambiance était plutôt morose, ce qui a fait dire à Abdelilah Benkirane qui est intervenu tout de suite après un film vidéo relatant la marche du parti: «Mon intervention n’est pas un discours d’adieu». Et dans un ultime sursaut pour décongestionner l’ambiance qui menaçait de faire exploser les congressistes, Benkirane a appelé ces derniers à éviter tout débat ou surenchère sur la problématique qui divise les frères PJDistes: la question épineuse du «troisième mandat» de secrétaire général, en l’occurrence l’article 105, celui par qui la division risquait de s’installer.

Huit candidats pour le Secrétariat général

Ils étaient au départ huit candidats à postuler pour le Secrétariat général, avant que six parmi eux fassent profil bas, ouvrant la voie toute grande mais tellement semée d’embûches à une bataille rangée entre les deux favoris, El Othmani et El Yazami. Ainsi, le dimanche 10 octobre 2017, la présidence du Congrès national, assurée par Jamaâ Al Mouatassim, a annoncé le résultat: l’heureux gagnant de cette élection était Saâd-Eddine El Othmani (avec 1.006 voix, soit 51,8% des votants), battant ainsi, non sans difficulté, le chef du groupe PJD à la Chambre des représentants, Driss El Yazami (912 voix et 25 bulletins nuls).

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El Othmani rassure

Avec l’annonce des résultats du vote pour l’élection du nouveau Secrétaire général du PJD, peut-on avancer que le parti a colmaté les brèches et éteint le feu qui menaçait de se propager dans la maison des frères? Rien n’est moins sûr. En tous cas, El Othmani a, tout de suite après l’annonce de son élection à la tête du PJD, assuré et promis aux militants qu’il mettrait tout en œuvre pour resserrer les rangs internes. Et de clamer haut et fort qu’il est «le Secrétaire général de l’ensemble des militants et non pas d’un seul courant».

Une lourde besogne attend l’actuel SG du parti qui a conscience que la réconciliation, ainsi que la réunification des rangs et leur solidité ne seront pas chose aisée et ne manqueront pas de lui donner du fil à retordre. Il en a d’ailleurs eu un avant-goût assez amer depuis le limogeage de Benkirane. En outre, la bataille perdue du «troisième mandat» pour le Secrétariat général a démontré que le PJD a lui aussi des pieds d’argile. Les moments difficiles qu’il a vécus l’ont parfaitement montré.

Il a tout perdu…

Dans les coulisses de l’après-Congrès, un débat en sourdine a meublé les conversations, à savoir que le PJD a traversé une période des plus difficiles. Il fera des efforts pour se relever. Mais le vrai perdant reste, de l’avis de tous, Abdelilah Benkirane qui aurait fait de mauvais calculs.

Mohammed Nafaa

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