Palmier dattier : La rareté de la ressource hydrique inquiète

Palmier dattier : La rareté de la ressource hydrique inquiète

A Erfoud, pour le secteur du palmier dattier, le concept de la coopération commence peu à peu à s’installer dans cette ville de la région de Draa-Tafilalet. Mais certains agriculteurs continuent de travailler de manière traditionnelle. Reportage dans la palmeraie de Douira.

«Cette année, le volume de la récolte des dattes, dans la palmeraie de Douira, est en diminution. Cela est dû à la rareté de la ressource hydrique», souligne Chafiq, un petit agriculteur. «Cette palmeraie était très prospère. Mais en deux décennies, le volume des récoltes a beaucoup baissé dans ce secteur. Car l’eau a tari ces dernières années», regrette Chafiq qui a grandi dans la région et travaille comme petit agriculteur depuis près de 20 ans.

Nous sommes à Douira, un des secteurs de l’oasis de Ziz, à une douzaine de kilomètres de la ville d’Erfoud et à 80 kilomètres environ de la frontière algérienne. La saison de la récolte des dattes touche à sa fin. Ce vendredi 27 octobre, sous un soleil brûlant, de petits agriculteurs -qui nous ont confirmé les propos de Chafiq-, attaquaient les dernières récoltes dans les palmeraies de Douira ou encore de Rtal, un autre secteur de l’oasis de Ziz, où une diversité de palmiers-dattiers est cultivée.

Les palmiers de cette zone présentent un large éventail de variétés, en fonction de leur qualité physionomique et nutritive.  Les variétés «Khalt», «Khalt Ezzahraa», «Majhoul» et «Bouslikhen» sont les plus produites dans cette zone. Alors que certains agriculteurs de la région se sont regroupés dans des coopératives, d’autres n’ont pas encore confiance dans ces dernières, lesquelles sont réunies dans des unités de conditionnement et de stockage. Mais, bien que le concept de la coopération commence peu à peu à s’installer dans la région, certains agriculteurs, -notamment les petits d’entre eux-, continuent de travailler de manière traditionnelle et tentent de s’en sortir individuellement pour vendre leur produit.

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Par ailleurs, chaque année, à 15 jours du lancement de la saison de la récolte, pour chaque secteur de l’oasis, un marché de ventes aux enchères est organisé, pour la cession de la production des palmiers-dattiers par leurs propriétaires. Les adjudicataires de ce marché, de petits agriculteurs pour la plupart, ne paient qu’après la vente de la récolte. «Cette année, j’ai pu acquérir la production de 15 palmiers à Douira. Le paiement (1.350 DH) se fait par un règlement différé, c’est-à-dire après la vente de la récolte. Sachant que la récolte dure trois mois. Elle commence en août et se termine fin octobre», précise Chafiq.

Une fois récoltées, les dattes sont amenées à dos d’âne à la maison où la femme de Chafiq élimine celles qui sont abîmées. Elle procédera par la suite à l’emballage des dattes dans de petites boîtes en carton (1 kg ou 2 kg). Après trois mois d’une récolte pénible, ce petit agriculteur peut enfin vendre ses dattes. «Le problème, dit-il, c’est que la saison de la récolte des dattes ne coïncide pas avec les périodes de grande consommation (Ramadan, Achoura…) ». Ainsi, après la récolte, les clients de Chafiq, des intermédiaires, achètent donc les dattes au prix le plus bas. Durant cette période, les prix des dattes sont en effet très bas, puisque la demande est faible. Ce sont surtout les intermédiaires qui vont profiter de l’augmentation des prix, surtout en période de forte demande. Les dattes récoltées par ce petit agriculteur seront vendues dans d’autres villes comme Casablanca, Guerssif, Tissa, Fès, Agadir ou encore Marrakech, selon Chafiq. «Personnellement, je ne passe pas par les coopératives de la région d’Erfoud ou d’Aoufousse. Chaque année, je traite avec des intermédiaires pour vendre mon produit. Mais si j’ai un moyen de transport, pour me déplacer entre ces villes, je pourrai vendre, moi-même, mes dattes, sans compter sur ces intermédiaires, pour bénéficier de la hausse des prix pendant le Ramadan», tient à souligner ce petit agriculteur. Ainsi, dit-il, la variété Mejhoul se vend à 100 DH le kilogramme, mais peut aller jusqu’à 250 DH pendant le mois sacré. Notre interlocuteur parle d’un autre problème. «Dans la récolte, il y a une quantité considérable de ‘‘déchets de dattes’’ qui peut aller jusqu’à 60%. Cette quantité ne peut pas être vendue, mais elle est utilisée comme aliment de bétail », indique, non sans regret, Chafiq qui s’inquiète de la baisse de la récolte.

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Ici, il y a quelques années, dit-il, la récolte était abondante. Mais elle n’est plus prospère comme avant, à cause notamment de la baisse d’eau des nappes phréatiques et de la salinité des terres dans la région. Mais aussi à cause du bayoud, une maladie qui a dévasté une partie de la palmeraie nationale ces deux dernières décennies.

La pénurie d’eau a progressivement poussé les populations de la région d’Erfoud, surtout les plus jeunes d’entre elles, à quitter la région, pour aller chercher du travail dans d’autres villes du Royaume. Mais cela n’a pas découragé Chafiq et les autres petits agriculteurs de continuer dans cette activité.

Cependant, si tout va bien, l’ambitieux programme de la reconstitution des palmeraies, lancé dans le cadre du Plan Maroc Vert, se fixe comme objectif de booster le palmier. Ainsi, après avoir diminué de 15 à 4,8 millions, le nombre des palmiers dattiers est remonté à 6,6 millions, avec un objectif de 8 millions à l’horizon de 2020. Cela représente un enjeu économique et social important pour 1,4 million de Marocains vivant dans l’oasis de Ziz, mais aussi les deux autres grandes zones d’oasis du royaume, soit 40% du territoire.

Naîma Cherii

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