Un Ramadan sans mes parents

Naoufal, 16 ans, est lycéen. Le pèlerinage de ses parents en ce mois de Ramadan, il n’est pas près de l’oublier! Trahison des amis, le pire évité de justesse et la dèche au final… Il raconte.

«Ces quelques semaines du mois de Ramadan passées sans nos parents, mes frères et moi, nous ont permis de  comprendre bien des choses.  Entre autres, leur générosité, leur amour… Franchement, sans eux, l’existence est triste à pleurer. Rien ni personne ne pourra les remplacer. Amis ou petites amies ne seront jamais que de passage dans notre vie, nous savons très bien maintenant ce qui les lie à nous. Ces derniers jours, nous les passons tranquillement à la maison, entre frères et nous prions pour que ceux qui nous chérissent pour de vrai nous reviennent sains et saufs.

Lorsque nos parents nous avaient fait savoir qu’ils prenaient des vacances en ce mois sacré et qu’ils allaient passer quelques semaines sous d’autres cieux en pèlerinage, nous avons feint l’ahurissement.  Nous leurs avons joué la comédie de ceux qui ont de la peine d’être abandonnés. Mais une fois leur avion au ciel, mes frangins et moi avons valsé de joie. Leur sacrée piété, elle avait du bon pour une fois! Enfin, nous allions pouvoir recevoir nos amis et amies jusqu’au petit matin et chez nous, autant de fois que nous en avions été privés.

A notre âge, être traités comme des petiots devenait louche aux yeux de ceux de nos amis qui n’avaient jamais eu de limites pour quoi que ce soit. Nous n’avions jamais pu, hélas, avouer à quiconque que notre maman a toujours eu l’œil sur nous et sur nos fréquentations, surtout celle des filles. Elle est plutôt du genre à ne pas vouloir de concurrence sur son terrain. Sans parler du fait que, selon elle, toute jeune fille à nos côtés ne peut être qu’une intrigante qui essaierait de nous mettre le grappin dessus, même si mon frère aîné n’a que 24 ans, le cadet 22 ans et moi le benjamin 16 ans. Donc, pour éviter les scènes de jalousie, nous avons toujours évité toute confidence avec elle sur le sujet. Pour notre mère, nous sommes de jeunes célibataires heureux, point barre. Bien évidemment, ce n’était pas le cas. D’où notre réputation de tombeurs.

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Presque chaque nuit des mois de Ramadan passés, maman, qui déjà souffrait de fatigue due à la charge de travail inhérente à cette période, attendait notre retour. Parfois, nous ne rentrions qu’au petit matin, délaissant petites amies et amis. Têtes baissées, dormant debout, nous accusions sans broncher son sermon et ses menaces de nous flanquer à la porte.  Il est vrai que, dormir une heure ou deux pour se réveiller en catastrophe et aller aux études, était alors notre seul souci. C’est sur mon père que toute sa hargne s’abattait. Mais lui n’écoutait plus rien de ce qu’elle rabâchait et ce, depuis des lustres. A de rares exceptions, il nous avait demandé de la ménager, surtout en ces périodes de jeûne. Ce n’est que cette année que mes frères et moi avons saisi l’importance du rôle de notre mère à nos côtés et que ses craintes ne sont pas stupides, mais bel et bien fondées.

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Dès que nos amis avaient saisi l’aubaine de faire la fiesta jusqu’à l’aube, certains ne se sont pas gênés pour ramener chez nous des personnes rencontrées par hasard dans la rue. Ainsi, des bibelots de grande valeur ont disparu et nous n’avons pas pu les récupérer. Allez donc savoir qui a pu les dérober, surtout après ce qui va suivre.  L’un d’entre eux a été poursuivi pour avoir violenté une jeune fille. Cette dernière n’a pas eu de meilleure idée que de décrire dans son procès verbal notre salon, notre entrée et même certains détails dans notre salle de bain. L’ami en question interpellé a menti en affirmant que c’est notre grand frère qui s’en était pris à la jeune fille. Heureusement que sa petite amie présente ce soir là et bien d’autres ont pu démentir formellement ses honteuses accusations.

Après coup, petites amies attitrées and Co nous ont tout simplement lâchés. Mais nous savions que c’est surtout parce que nous n’avions plus le centime pour payer les sorties. Dès la première semaine, le budget pour un mois laissé par nos parents était parti en fumée! Un ftour à 300 DH par personne dans un hôtel et deux dîners commandés et livrés à domicile pour des hypocrites et des traîtres!

Définitivement, nous nous sommes bien calmés. D’ailleurs, nous en sommes à regretter notre stupide danse de joie (le jour du départ de nos parents) et à racler les fonds du congélateur pour nous alimenter. Elle aura été chèrement payée la leçon!».

Mariem Bennani

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