Ma retraite consacrée au baby-sitting ?!

Moussa, 65 ans, retraité, est marié et père de 6 enfants. Ce papi a été abandonné par son épouse parce qu’il a refusé la nouvelle corvée que ses enfants lui imposent.

«Depuis quelques mois, je suis à la retraite. L’horizon qui se profile ne me plaît pas du tout. Je réalise un peu trop tard -hélas!- que j’ai passé ma vie à m’occuper de mon travail et de ma famille, mais vraiment trop peu de moi. Maintenant que je suis vieux et suffisamment dégoûté de mon existence, les seuls qui me supportent sont mon tapis de prière et mon fauteuil. Or, même d’eux, on voudrait me priver. Il est hallucinant de remarquer à quel point ma présence tape sur les nerfs de tout le monde à la maison.

Il est vrai que depuis quelques jours, j’enrage, je réclame que mon épouse me soit restituée, dans ce nouveau calme qui règne dans notre maison. Plus que jamais, j’ai un besoin viscéral que ma deuxième moitié prenne soin de moi et qu’elle me tienne compagnie. N’est-il pas anormal quand même que je doive pour cela me métamorphoser en tyran et que je doive le clamer haut et fort. Je me fiche que cela porte sur les nerfs de mes enfants. Les entendre parler dans mon dos me navre. En plus, ils disent s’inquiéter de mon état. Quelle hypocrisie de la part de ma propre chair, surtout lorsqu’ils ajoutent qu’ils ne reconnaissent plus en moi ce père si enthousiaste, jovial et serviable!

Je vois bien que seul leur intérêt prime. Il est clair qu’ils font semblant de ne pas comprendre que je suis fatigué. J’ai trop donné de mon temps et de ma sueur au point qu’aujourd’hui une overdose d’égoïsme envahit toute mon âme. Mon seul souci pour le peu de temps qu’il me reste à vivre, c’est enfin de profiter de la sérénité, avec leur mère.

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Je n’étais pas un haut cadre, ni un haut fonctionnaire. Pourtant, avec mon petit salaire, j’ai élevé mes enfants suffisamment bien pour les voir parents aujourd’hui. Avec beaucoup de privations et de crédits, j’ai bâti cette petite maison, un logement social. Autrefois, nous logions dans un bidonville. Les économies, je ne sais pas ce que ça veut dire, je n’en ai jamais eues. Sinon, je m’en serais allé dès le lendemain de ma retraite, avec ma petite femme, faire le tour du monde et faire un Hadj. Depuis ma retraite, j’espère que ma modeste pension nous suffira au moins pour quelques escapades dans le Royaume. Il y a tellement d’endroits et de villes que nous n’avons encore jamais vus. Enfin, nous irons faire le tour des moussems. J’ose espérer que notre santé nous le permettra et que n’aurons pas à dilapider nos maigres revenus dans de trop coûteux traitements médicaux.

Mes enfants, je les aime et mes petits-enfants encore plus. Cependant, je ne supporte plus l’ambiance qui règne chez moi. Une nurserie! Où l’on voudrait que moi aussi je devienne baby-sitter, tout comme mon épouse. C’est non et non! Par ailleurs, je compte bien récupérer mon épouse. Elle n’a pas assez de cran, ni de courage pour refuser ce que nos enfants lui imposent: garder leurs enfants et s’occuper d’eux!

Il est vrai que parfois, j’ai eu pitié de cette pauvre qui croule sous les travaux. Alors, je l’ai aidée un peu à surveiller nos adorables bambins. Si j’ai évité de le faire souvent, c’est parce que le risque était grand. Je n’avais pas envie d’être pris au piège. Mais dernièrement, il fallait bien que j’arrête ce cirque qui met à plat nos forces et notre budget. J’ai été contraint de demander avec une colère pas contenue à l’ensemble de ma famille de ne plus venir en terrain conquis chez moi. Personne n’a le droit de nous imposer, à mon épouse et à moi, quoique ce soit sans notre accord.

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A ma grande surprise, mes enfants m’ont tenu tête prétextant qu’ils ne venaient pas me voir, moi, mais voir leur mère. Un comble! En plus, l’un d’eux, celui avec qui je n’ai jamais eu une véritable entente, m’a carrément nargué en affirmant qu’il était de notre devoir de les aider et qu’ils n’avaient pas besoin d’autorisation pour ça. J’ai vu rouge et je l’ai mis à la porte avec son gosse dans les bras. Je ne l’ai pas fait de gaieté de cœur, il m’y a forcé, je le regrette. Parce qu’au fond, je suis bien conscient que même s’ils sont deux à travailler, leurs moyens restent très limités. Impossible de s’offrir les services d’une aide domestique, ni les frais d’un établissement spécialisé pour nourrissons.

Depuis cette altercation, ma fille a cru bon de venir me suggérer d’accepter qu’une de mes cousines du bled vienne habiter chez nous et qu’elle nous donne un coup de main. Mon refus catégorique d’avoir une présence chez moi et une autre bouche à nourrir a mis cette fois ma femme en colère. Pour exprimer cette colère, elle m’a tout simplement abandonné pour aller s’installer chez mon fils. Je sais que la fameuse cousine l’y a rejointe. Bonjour les problèmes, mais tant pis pour eux! Moi, je pense que les gens de la campagne sont généralement perfides: on leur donne la main, ils vous avalent le bras. Cette situation m’insupporte, j’essaye de trouver l’astuce qui fera revenir mon épouse vers moi. Quant à mes enfants, je veux bien leur rendre service de temps en temps, mais sûrement pas comme ils l’entendent. C’est mon dernier mot!».

Mariem Bennani

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