Les écoles privées nous rackettent!

Asmaa, 37 ans, mère au foyer, a 3 enfants. Cette maman sait que le bon niveau scolaire de ses enfants n’a pas été gratuit. Mais ce qu’elle dénonce, ce sont les abus des écoles privées où les frais ne sont pas réglementés. Voici son récit.

«Cette année, après avoir vu des vidéos qui circulaient sur le net, d’aveux de triche de jeunes bacheliers à la sortie de leur jour d’examen, je me suis sentie mal, mais vraiment mal! J’ai été violemment secouée en mon for intérieur. Je me suis mise à la place de leurs parents et de tous ces futurs parents. Il était impossible de ne pas penser à mes trois enfants, tous scolarisés, dont un passera le bac dans deux ans.

En toute franchise, dans ma tête, j’ai émis un ouf bien égoïste, dont je suis peu fière. Mais, ma réaction a été spontanée, parce que tous les étudiants dans le pays ne sont pas des tricheurs et j’en sais quelque chose. Mais à quel prix? Voilà la vérité! D’ailleurs, dans mon cas précisément, personne ne peut se rendre compte de ce que j’ai supporté pour le bien de mes enfants, moi, mère au foyer sans revenu. Et puis, rien n’est gagné. La route est encore très longue avant que je puisse savourer la totale réussite scolaire de mes trois enfants. Surtout celle que j’espère pour eux.

Je n’ai pas été la seule à réagir de la sorte, après avoir vu les vidéos. Même mon mari en a été très affecté, à tel point qu’il m’a présenté de plates excuses pour le mauvais traitement qu’il m’a infligé durant toutes ces années passées. Enfin, je savourais une petite victoire fortuite qui m’a boosté le moral. Cela m’a vraiment redonné l’espoir d’une meilleure connivence au sujet des études de nos enfants, avec mon conjoint qui, jusque-là, m’en avait fait voir de toutes les couleurs.

J’ai toujours supporté les foudres de ce dernier qui, d’emblée, se voyait obligé de prendre un crédit pas pour un logement, ni pour une voiture, ni des vacances, mais pour s’acquitter des mensualités de fin d’année pour nos trois enfants, de leurs frais de réinscription et des longues listes de fournitures pour l’année à venir. Chaque mois de mai a été peint de noir dans mon couple, jusqu’à ce dernier en date. Mon mari a toujours réglé ses factures avec l’école rubis sur l’ongle, mais jamais sans manquer de se défouler sur moi par la suite, en me traitant de tous les noms et m’accusant d’être la cause de sa ruine. Il n’a jamais cessé de rabâcher qu’il a été un grand idiot de m’avoir écoutée, parce que je n’ai jamais été qu’une sale arriviste, ni plus, ni moins. Qu’il aurait dû placer ses enfants à l’école publique. Qu’au moins aujourd’hui, nous n’en serions pas encore à nous bousculer des coudes dans ce minable appartement de location. Et que ce n’est pas moi qui me tue à la tâche et qui risque gros avec tous ces crédits pour que les patrons d’écoles s’enrichissent à nos dépens.

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Je me suis toujours tue face à encore plus de vilenies, non sans peine… Heureusement que tout s’effaçait de ma mémoire dès lors que je savais mes enfants plus près de la réussite que de l’échec, un point, c’est tout.

D’ailleurs, cette école publique que lui-même a fréquentée, parlons-en! Elle n’existe plus que dans sa mémoire, il suffit d’aller faire un tour à la sortie. Nul besoin d’y entrer pour se rendre compte que les temps ont bien changé.

Pour nous permettre ce luxe d’inscrire nos enfants dans le privé, il nous  a fallu nous serrer la ceinture jusqu’au dernier cran. Et on ne fait que ça, depuis bon nombre d’années. Mes enfants sont inscrits à la même école depuis l’âge de 4 ans et chaque année, nous sommes obligés de débourser gros. D’ailleurs, pour l’aîné, cela fait 14 ans que nous sommes liés à cette école privée et nos autres enfants ont suivi. C’est vrai que c’est un gros paquet de fric que nous déposons. Et quand bien même nous ne bénéficions d’aucun privilège: ni réduction, ni facilités de paiements. Nous sommes traités de la même façon que les nouveaux venus. Chaque année, des frais de réinscriptions au mois de mai, complètement inutiles, sont obligatoires, du vrai racket!  Sans parler du règlement du mois entier de septembre de la rentrée où les études ne démarrent que le 15 ou le 20. Il faut parfois attendre octobre pour un emploi du temps correct et des profs. Et ces jours de congé tous les trimestres et dans l’année et le mois de juin où c’est la sortie, c’est encore nous qui régalons. Nous déboursons des mensualités sans broncher et gare aux retards de paiements… L’exclusion n’est pas loin.  C’est quand même hallucinant que de telles pratiques soient permises! Ces anomalies qui subsistent, personne ne s’est jamais insurgé contre ou les a dénoncées. Nous râlons sous cape, sinon, il y a risque que nous ne bénéficions plus de ces quelques avantages concernant le suivi et la sécurité de nos enfants au sein de l’établissement même. D’autant que les écoles privées poussent comme des champignons, mais toutes ne se valent pas.

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Je jure que le bon niveau scolaire de mes enfants n’est pas simplement dû au cours dispensés par leurs profs en classe. Parfaitement! Même dans le privé, ce n’est guère suffisant. Il faut être constamment sur nos gardes, nous parents ambitieux, afin que nos enfants ne lâchent pas! Et puis, il ne faut pas se leurrer: une fois au collège, il faut indiscutablement ajouter à tous ces frais de réinscription, mensualités et j’en passe, ceux pour des cours de soutien. Eh oui! Parce que ce n’est pas moi, ni mon mari qui allons expliquer et faire appliquer des leçons de physique, chimie ou philosophie à nos enfants! Une vraie ruine! Y a-t-il quelqu’un pour remettre de l’ordre dans tout ça?».

Mariem Bennani

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