C’est décidé, je me prends en main

A 52 ans, Saleha, mariée, mère de trois enfants, n’en peut plus de sa vie. Elle veut prendre un nouveau départ… Le pourra-t-elle?

«Je me suis mariée, il y a 20 ans, avec un homme de quarante ans, le frère du mari de ma sœur. Cet homme a jeté son dévolu sur moi dès qu’il m’a vue. Mes parents, qui ne souhaitaient pas que ma sœur ait des problèmes dans son couple à cause d’un refus de ma part, m’ont tellement embelli l’occasion qu’ils m’ont presque forcée à accepter sa demande.

J’étais jeune, je venais d’avoir ma licence et me marier me paraissait être une chance. En plus, je voyais que ma sœur était heureuse de vivre en couple, de fabriquer son nid avec un compagnon aimant. Je me suis dit que son frère ne devait pas être différent. C’est comme ça que je me suis retrouvée, moi aussi, à fonder un foyer avec un homme mûr, ayant une situation, sans l’avoir jamais fréquenté. Cet homme, qui est devenu mon mari, a voulu tout de suite avoir des enfants et ne souhaitait pas qu’un jour je puisse faire autre chose que m’occuper de lui, de mes enfants et de ma maison. Cela me paraissait merveilleux et je remerciais la Providence d’avoir mis sur mon chemin un homme comme lui. Nous avons eu 3 enfants, un garçon aujourd’hui âgé de 19 ans, une fille de 17 ans et un autre garçon de 14 ans. Mais dès les premiers temps de notre mariage, quelque chose clochait. Seulement, je me disais qu’il fallait que je sois une épouse soumise et que j’aie confiance en mon mari.
Je remarquais que je ne recevais jamais un quelconque cadeau de la part de mon mari. Je n’ai jamais eu autre chose que ce que j’avais reçu à mon mariage. Depuis 20 ans, je porte les mêmes pyjamas, les mêmes chaussures, les mêmes tenues, les mêmes djellabas. Il y a aussi autre chose… Si mes beaux-frères et mes enfants ne s’étaient pas manifestés, nous serions encore dans ce petit appartement de deux pièces, à vivre à l’étroit.
Quand je compare ma vie à celle de ma sœur, mes larmes coulent d’elles-mêmes. Ma sœur et son mari affichent un bonheur sans entaches. Ils sont complices, heureux, voyagent souvent et ne cessent d’améliorer leur niveau de vie. Ils ont pu construire une belle maison, scolariser leurs enfants dans de grandes écoles et mènent un joli train de vie.
Mon mari, lui, est casanier, peu bavard et aucune communication constructive n’est jamais passée entre nous. De même qu’il n’a jamais essayé d’améliorer notre condition de vie. Je lui reprochais tout le temps de ne pas chercher à mieux nous loger, parce que nous étions vraiment à l’étroit dans ce deux-pièces. Il se mettait très en colère, ensuite il m’ignorait. Il pouvait rester des mois sans m’adresser la parole. Des bouderies qui pourraient durer une éternité, si je ne mettais pas mon orgueil de côté et le suppliais de nous réconcilier. Je le faisais pour que mes enfants ne soient pas touchés par le comportement de leur père et qu’ils grandissent sans haine, ni rejet de la vie de couple. Mais on ne peut jamais jouer trop longtemps la comédie à ses enfants. Ils ont fini par comprendre et me reprochaient à moi de m’être mariée avec un vieux pingre. Ils en sont même arrivés à me dire que c’était à cause de ma faiblesse qu’ils vivaient eux aussi dans cette honteuse misère. Ils se mirent à comparer notre vie et celle de ma sœur. N’en pouvant plus, meurtrie au plus profond de moi, je suis allée demander l’aide de ses frères. Heureusement, ils ont su le persuader et il a consenti à acquérir un petit terrain. Il nous a construit une lamentable habitation sans peinture, ni carrelage, nous y a logés en nous imposant un régime alimentaire de famine et à des restrictions intolérables de toutes sortes. Je tentais de le raisonner pour qu’il me donne l’autorisation d’aller chercher un travail qui nous permette de nous en sortir. Il était catégorique: un travail dans une entreprise, c’était hors de question, mais je pouvais cuisiner, tricoter, coudre si cela me chantait. Il disait que je n’allais pas jouer à «el oustada el mouadafa» dans sa maison. Je compris qu’en plus d’être pingre, mon mari était jaloux du fait que j’étais plus instruite que lui. Il ne supportait pas que je me trouve un emploi dans une entreprise et que je sois une femme active. Je ne cherchais pas à lui tenir tête, c’était trop tard. Il fallait que je trouve une solution pour sortir mes enfants et moi-même de cet enfer. Je commençais par rencontrer toutes mes anciennes camarades de classe et amies. Elles n’en revenaient pas de me voir dans cet état et se sont empressées de proposer de m’aider. Je recevais des coups de poignard dans le cœur, mais seul l’espoir de donner du bonheur à mes enfants décuplait mes forces. Je pus m’en sortir et panser mes blessures grâce aux commandes en crêpes, petit pains et gâteaux de mes amies et de leurs connaissances. Je passais mes nuits à confectionner mes commandes et les livrais le lendemain. Du travail, j’en ai jusqu’à ne plus pouvoir accepter de commandes. J’ai pu carreler à crédit notre maison, la peindre, la meubler, habiller mes enfants et payer leur scolarité. Avec ça, mon mari a l’audace de me demander de faire le marché à sa place ou de lui prêter de l’argent. Il boude sans arrêt, mais ça ne me touche plus. Mon nouveau comportement l’offusque au point qu’il n’a rien trouvé de mieux que de me demander de quitter la maison parce que ma présence le dérangeait. Et tout à coup, un déclic… Je n’ai donc pas cherché à me disputer avec lui, j’ai quitté la maison et me suis installée dans une autre, puis j’ai demandé le divorce. Maintenant, il prend mes efforts pour un acte de vengeance et cherche à me causer du tort par le biais de la justice, de mes enfants et de ma famille.
Qu’est-ce qui fait que mon mari s’acharne à me pourrir autant la vie? J’ai accepté, tout le temps de notre mariage, toutes ses bassesses et misérables conditions sans broncher, mais ça ne l’a pas amélioré. Au contraire, plus j’acceptais de restrictions, plus il en rajoutait… Aujourd’hui, je me dis: ça suffit! Je ne veux plus continuer à souffrir par sa faute. Mon espoir est que la justice tranche en ma faveur et que je retrouve ma dignité. Mais c’est un coriace et la justice n’est pas toujours du côté des femmes… Une chose est sûre, j’ai brisé mes chaînes et je tiendrai! J’ai même trop attendu, mais je l’ai fait pour préserver mes enfants… Lui, qu’il continue d’amasser de l’argent tout en vivant miséreux! Le maigre patrimoine pour lequel il a tant souffert et nous a fait souffrir, en se privant et en nous privant, ne l’aura même pas rendu heureux, au bout du compte. Dans le meilleur des cas, il ira à ses héritiers!».

Prostituée, en attendant des jours meilleurs…

Mariem Bennani

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