Reekya Madougou, ancienne Garde des sceaux, ministre de la Justice, de la Législation et des Droits de l’homme du Bénin

Retour du Maroc à l’UA : «J’en ai pleuré comme Mohammed VI lui-même»

Reekya Madougou, ancienne Garde des sceaux, ministre de la Justice, de la Législation et des Droits de l’homme du Bénin

Le Forum de Crans Montana, organisé à Dakhla, a choisi comme thématique de sa 3ème édition 2017 «Vers la nouvelle Afrique du 21ème siècle». Quel rôle structurant du Maroc dans le Continent?

Je pense que nous devons tous être fiers du rôle que le Maroc joue aujourd’hui en Afrique. Un rôle fédérateur et intégrant.

L’Afrique a beaucoup et longtemps souffert de son isolement. Quel rôle joue le Maroc pour aider le continent à sortir de cette situation?

J’ai vraiment beaucoup d’admiration -je dois le dire- pour ce que fait le Roi Mohammed VI, en ce qui concerne le regard tourné vers l’Afrique d’en bas. Parce que pendant longtemps, cette Afrique d’en haut nous a regardés de haut et qu’aujourd’hui, la coopération Sud-Sud est de nature à vraiment booster l’économie de ce continent que nous chérissons de tout notre cœur.

Comment alors cette Afrique peut-elle s’en sortir?

Elle ne peut malheureusement s’en sortir tant que ses filles et ses fils ne se tiennent pas la main. C’est pour cela que, ce que nous faisons aujourd’hui n’est pas la solidarité active d’envergure, mais en tout cas, fait partie de ces initiatives d’envergure qui vont faire que l’Afrique se hisse dans le concert du monde.

Quel est le rôle des jeunes Africains dans le changement des comportements et des mentalités?

Au risque de me répéter, je dis que rien ne se fera tant que les filles et les fils de l’Afrique ne se tiennent par la main, pour que la croissance arrive et soit au rendez-vous et pour que le développement et l’essor de l’Afrique deviennent une réalité.

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Quel rôle des gouvernements africains?

Cela ne peut se faire encore une fois tant que les gouvernements africains ne comprennent pas que leur grande richesse, c’est la jeunesse qui est notre meilleure plus-value.

Mais alors, que fait-on aujourd’hui concrètement pour bénéficier de tout ce potentiel de la jeunesse?

On ne fait pas encore grand-chose. Nous avons beaucoup de beaux discours, mais la réalisation et la mise en œuvre posent encore problème.

Quels sont les obstacles à cette difficile intégration de la jeunesse?

Le fait de ne pas associer la jeunesse au processus de prise de position, alors qu’elle doit avoir son mot à dire dans la bonne marche de son pays.

Pourquoi, selon vous, ne veut-on pas faire associer la jeunesse au changement et à l’action positive?

Je sais qu’on a peur de la jeunesse, parce que l’on sait que, lorsqu’elle est aux affaires, elle ne lâche rien et est coriace.

Que doit donc faire la jeunesse?

Elle doit forcer les portes de la décision.

Casser la baraque, comme on dit?

Absolument pas! Parce que la décision se prend autour de la table et pas dehors.

Et que faire pour être autour de la table, c’est-à-dire discuter, débattre, se faire entendre et comprendre?

Il faut militer, mais aussi être éduqué, en bonne santé et surtout promouvoir les mécanismes de prise en charge, surtout de financement de l’entreprenariat.

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Comment faire pour être jeune leader?

Il faut, entre autres, être autonome et, pour l’être, il faut mener des activités qui permettent d’exceller dans le domaine choisi.

SM le Roi Mohammed VI a dit dans son message adressé au Forum de Dakhla: «L’Afrique d’aujourd’hui est gouvernée par une nouvelle génération de dirigeants pragmatiques et décomplexés par rapport à des idéologies d’un autre âge», c’est-à-dire de jeunes dirigeants. Partagez-vous cette observation?

Oui et cela est vrai! Certes, pas encore totalement comme nous le souhaiterions mais, en tout cas, dans une certaine mesure et je pense honnêtement que c’est un bon espoir. Lorsqu’on fait confiance à la jeunesse, nous avons des résultats bien au-delà des espérances. Mais encore une fois, il faut lui faire confiance pour qu’elle montre ce qu’elle sait faire.

Où se décident les choses?

Je dirais, heureusement ou malheureusement, qu’elles se décident au niveau de la politique. Même si le secteur privé et autres ont aussi leur influence, il est honnête de dire que les décisions se prennent au niveau de la politique.

Concernant le retour du Maroc à l’Union Africaine, quelle plus-value au changement et au développement de l’Afrique?

Je dis honnêtement et sincèrement que j’en ai pleuré comme le Roi lui-même. C’était absolument émouvant. Je pense que la coopération Sud-Sud-africaine y gagnera beaucoup.

Interview réalisée par Mohammed Nafaa

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