Bouchra Abdou, directrice de l’association Tahadi

«Il est grand temps de réformer le Code de la famille»

Bouchra Abdou, directrice de l’association Tahadi

Pour Bouchra Abdou, directrice de l’association Tahadi, le Maroc a réalisé des avancées importantes en matière de promotion de la condition féminine. Elle déplore cependant le manque de reconnaissance du rôle que jouent les femmes marocaines dans la société. D’où la nécessité d’une implication effective de la part des pouvoirs publics et de l’ensemble de la société civile.

A l’occasion du 8 Mars, quel état des lieux faites-vous de la situation des femmes au Maroc?

Malgré les avancées réalisées, la promotion des droits des femmes pose un grand défi, notamment au niveau de la mise en œuvre des dispositions de la Constitution de 2011, de la consolidation de la représentativité des femmes dans la sphère politique et décisionnelle et du changement de la perception négative à l’égard des femmes.

Comment faire pour que ce changement de perception devienne une réalité?

La société tout entière doit se joindre aux efforts déployés par la société civile, pour mettre en valeur la femme et son rôle dans le développement socio-économique du pays. Aussi, les médias ont-ils un rôle influent à jouter dans les domaines de la défense et de la promotion de la femme et de ses droits légitimes. Et n’oublions pas l’importance de l’école dans l’évolution des mentalités et le changement de la «perception négative» à l’égard des femmes.

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Les appels se multiplient, demandant une réforme du Code de la famille. Partagez-vous cette position et pour quelle raison?

Il est grand temps de réformer le Code de la famille, dont des dispositions sont aujourd’hui obsolètes et ne répondent pas à l’esprit de la Constitution de 2011. Laquelle Constitution a insisté sur la question de l’égalité hommes-femmes et a banni toutes formes de discrimination basée sur le genre.

La loi 103.13 sur les violences faites aux femmes est entrée en vigueur en septembre 2018. Quel bilan d’étape en faites-vous?

La loi relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, entrée en vigueur en septembre 2018, a couronné un long processus de militantisme de la part des femmes marocaines. C’est un premier pas vers la protection de la femme contre toutes les formes de violence dont elle est victime au quotidien. Néanmoins, cette loi se heurte à certains obstacles, notamment en ce qui concerne la présentation de preuves démontrant les violences subies. Comme vous le savez, la plupart des cas de violences contre les femmes sont commises dans des espaces fermés.

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Vous faites partie de celles qui font le lien entre l’autonomie financière et les droits des femmes. L’indépendance financière est-elle une condition sine qua non à l’émancipation de la femme?

L’indépendance financière des femmes constitue l’une des principales revendications du tissu associatif qui œuvre dans le domaine de la défense de la cause féminine. C’est pourquoi nous appelons les pouvoirs publics à mettre en place des centres de formations dédiées aux femmes rurales. Ces dernières doivent bénéficier du soutien et de l’accompagnement nécessaires de la part de l’Etat. C’est grâce à cela qu’on pourra améliorer la situation des femmes dans le monde rural, en leur donnant les moyens de sortir de la précarité et de subvenir à leurs besoins.

Propos recueillis par : Mohcine Lourhzal

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