Abderrahim Manar Slimi, président du Centre maghrébin pour les études sur la sécurité et l’analyse des politiques

«Le gouvernement sera formé avant la session parlementaire d’avril»

Abderrahim Manar Slimi, président du Centre maghrébin pour les études sur la sécurité et l’analyse des politiques

L’ancien chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, l’a lui-même annoncé, lors de la session extraordinaire du Conseil national du PJD: «Benkirane au gouvernement, c’est fini». Tournée donc la page Benkirane et c’est Saâd-Eddine El Othmani qui prend la relève.

Le nouveau chef de gouvernement parviendra-t-il à former sa majorité dans des délais raisonnables? Qu’est-ce qui le différencie de son prédécesseur? Le président du Centre maghrébin pour les études sur la sécurité et l’analyse des politiques apporte quelques éléments de réponse.

Quelle lecture faites-vous de la décision de SM le Roi de décharger Abdelilah Benkirane de sa fonction de chef de gouvernement et de désigner Saâd-Eddine El Othmani à sa place?

La décision du Souverain de décharger Abdelilah Benkirane de sa mission de former le gouvernement est une décision logique. On se souvient que le SG du PJD a été nommé 48 heures seulement après l’annonce des résultats des élections législatives du 7 octobre 2016. Depuis cette date et jusqu’au 15 mars 2017, date à laquelle il a été déchargé par SM le Roi de sa fonction de chef de gouvernement, Benkirane a fait preuve d’une rigidité insoutenable, au lieu de faire preuve de tact pour créer un consensus autour de sa personne.

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Quelles sont, selon-vous, les erreurs qu’a commises Abdelilah Benkirane et que Saâd-Eddine El Othmani doit éviter, pour mener à bien sa nouvelle mission de chef de l’Exécutif?

Les erreurs commises par Abdelilah Benkirane sont multiples. Parmi elles, il y a le fait que depuis le début des négociations pour la formation de la majorité, il a publié des communiqués agressifs et tranchants à l’égard des autres partis politiques, avec lesquels il devrait normalement négocier sur la base des résultats des élections et non en se basant sur des questions de préférence personnelle pour tel parti au détriment d’un autre.  Plus que cela, Abdelilah Benkirane n’est pas parvenu à s’émanciper de son parti et continuait de raisonner en tant que SG du PJD, alors qu’il avait été nommé par le Souverain pour accomplir une mission bien définie. Le nouveau chef de gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, doit éviter de commettre les erreurs commises par son prédécesseur, s’il souhaite former sa majorité.

Doit-on s’attendre à ce que le nouveau gouvernement soit formé dans les prochains jours?

Le nouveau chef de gouvernement, Saâd- Eddine El Othmani, dispose d’une grande marge de manœuvre. Dès l’annonce de sa nomination par le Souverain et à peine a-t-il entamé les consultations pour former sa majorité qu’il a reçu les félicitations de tous les leaders des partis politiques, à leur tête le Parti Authenticité et Modernité (PAM) et l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP).

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Quelle configuration du prochain gouvernement, selon vous?

Le gouvernement sera formé avant la session parlementaire qui s’ouvrira en avril prochain. Sa composition dépendra des développements que connaîtront les négociations que mène Saâd-Eddine El Othmani avec les autres parties prenantes dans le processus. Cependant, El Othmani n’aura pas la tâche facile. D’après le communiqué du Secrétariat général du PJD, publié à l’issue de la session extraordinaire du Conseil national du parti à Salé, si les conditions posées par les partis politiques au successeur de Abdelilah Benkirane pour faire partie du gouvernement persistent,  il sera difficile de constituer un gouvernement, quel que soit le chef de gouvernement désigné. Maintenant, la balle est dans le camp d’El Othmani qui, à mon sens, fera des concessions, de même que les autres partis politiques, pour que le gouvernement voie le jour sans plus tarder.

Propos recueillis par Mohcine Lourhzal

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