Sahara : «Le conflit doit prendre fin»

C’est fait. Le 10 avril dernier, le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, a présenté au Conseil de sécurité son rapport sur le Sahara.

C’était un rapport très attendu, pour la simple raison que le Secrétariat général de l’ONU a changé de chef ; et que tous ceux qui suivent de près ce dossier étaient curieux de savoir ce qu’il resterait, dans ce rapport, des positions de l’équipe sortante (Ban Ki-moon et Christopher Ross) ; et ce que l’on y découvrirait des intentions du nouveau Secrétaire général, Antonio Guterres. D’autant qu’à l’inverse de son prédécesseur, le nouveau Secrétaire Général de l’ONU a une parfaite connaissance du dossier, ayant été pendant 10 ans et demi (2005-2015) Haut-Commissaire aux réfugiés et, donc, à ce titre, chargé du suivi de la situation à Tindouf.

Et c’est bien parce qu’il a une totale maîtrise du sujet qu’il était intéressant de voir quelles seraient ses premières recommandations, lui qui ne peut être ni manipulé, ni abusé par une quelconque propagande, dans ce dossier.

Le résultat, ceux que le conflit du Sahara concerne l’ont minutieusement analysé à travers les 93 paragraphes du Rapport.

Pour les autres, résumons les recommandations du nouveau Secrétaire général en quelques mots…

Dans ce Rapport présenté le 10 avril au Conseil de sécurité, Antonio Guterres –qui appelle à «une solution politique mutuellement acceptable», comme l’ont fait toutes les résolutions du Conseil de sécurité, depuis que le Maroc a présenté sa proposition d’autonomie élargie en 2007- recommande aux parties au conflit de faire preuve de «réalisme et esprit de compromis» et de «travailler dans une atmosphère propice au dialogue pour entrer dans une phase de négociations plus intense et substantielle» (paragraphe 81).

Il met en avant la nécessité que les parties intéressées -l’Algérie et la Mauritanie- s’engagent dans ce processus de négociations.

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Il rappelle l’exigence d’un recensement des populations de Tindouf, annonçant qu’en attendant, l’ONU s’en tiendra au chiffre de 90.000 (un chiffre en-deçà de celui qu’avancent le Polisario et l’Algérie, qui ne veulent cependant pas autoriser de recensement à Tindouf afin qu’un chiffre définitif et incontestable soit arrêté).

Il note que le Maroc a répondu à l’appel de l’ONU en se retirant de la zone-tampon de Guergarate ; de même qu’il a permis le retour des  éléments de la Minurso qui avaient été expulsés (les 17 derniers qui n’avaient pas encore rejoint leur poste).

Au contraire, dans l’affaire de Guergarate –sur laquelle il s’arrête longuement, rappelant les enjeux sécuritaires pour toute la région- il pointe le Polisario qui y maintient illégalement ses éléments armés ; et appelle l’attention du Conseil de sécurité sur l’obligation pour ledit Polisario de se retirer de Guergarate, immédiatement et sans conditions.

Enfin, il recommande une prorogation de 12 mois du mandat de la Minurso (jusqu’au 30 avril 2018).

Bien sûr, il faut attendre la suite qui sera donnée à ce Rapport. D’abord, lors des débats de la semaine prochaine. Mais, surtout, dans le texte final de la résolution du Conseil de sécurité, prévue pour fin avril. Sachant que ce sont les Etats Unis qui, habituellement, préparent ce texte. Et que, cette année, suite au changement à la tête des USA et l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, il y a une nouvelle donne à ce niveau également. La position de l’ambassadrice américaine aux Nations-Unies, Nikki Haley, est donc attendue avec impatience.

Néanmoins, une recommandation d’Antonio Guterres retient particulièrement l’attention. Celle où le Secrétaire général de l’ONU exprime une réalité que les adversaires du Maroc refusent obstinément de voir. Le diplomate au long parcours et à la sagesse reconnue, dit que le conflit du Sahara doit prendre fin aussitôt que possible pour permettre à la région de relever les défis sécuritaires, économiques et humains qui l’attendent…». (Texte original: «The conflict over Western Sahara’s future status must come to an end as soon as possible to enable the region to confront security threats, economic challenges, and human suffering in a coordinated and cooperative manner». Paragraphe 80).

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Quoi de plus réaliste et urgent à mettre en œuvre que cette recommandation? Quoi de plus salutaire pour les peuples de la région ? Alors que les défis économiques sont gigantesques pour tous les pays –et particulièrement pour ceux qui comptaient jusqu’à présent sur la rente pétrolière- ; que le péril terroriste rampe et s’étend en métastase dans la zone ; que les dangers sécuritaires nécessitent de plus en plus une action coordonnée ; que le monde connaît une nouvelle ère où les idéologies et méthodes éculées de la guerre froide ont laissé place à la course à la croissance, aux échanges win-win et aux regroupements qui font la force… L’Algérie et le Polisario continueront-ils de regarder dans le rétroviseur des années 60 ? Il ne sera pas facile d’oublier les 40 ans de haine. Mais, comme le répètent souvent les sages, la France et l’Allemagne y sont bien arrivées. Antonio Guterres aura, en tout cas, eu le mérite de coucher, noir sur blanc, ce vœu sur son Rapport. Le reste –tout le monde aujourd’hui en est conscient- dépend de l’Algérie…

Bahia Amrani

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Un commentaire

  1. La fin viendra tôt ou tard car le probléme du Sahara marocain c’est une invention mensongére d’un régime de magouille

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