«Grimates» Quel est le véritable message ?

La publication par le ministre de l’équipement et du transport, Aziz Rebbah, de la liste des agréments de transport interurbain, a incontestablement créé l’événement. L’opinion publique marocaine est encore sous le double choc de cette initiative, quant à la forme et quant au fond.

Pour ce qui est de la forme, balancer sur internet la liste des plus de 4.000 bénéficiaires d’agréments de transport –quel que soit leur rang social, leur appartenance politique, ou leur proximité avec les sphères du pouvoir- est un geste inédit au Maroc. Aucun gouvernement n’a jamais osé le faire.

 

Pour ce qui est du fond, le choc a trait, bien sûr, à l’identité des bénéficiaires…

L’effervescence de l’opinion publique s’accentue encore plus à l’idée que l’initiative ne devrait pas rester isolée et que les listes des autres rentiers de l’Etat -notamment les bénéficiaires d’agréments de petits taxis, d’exploitation de carrières de sable, ou de licence de pêche- devraient également être révélées.

Quelle signification donner à tout cela ? D’autant que les réactions se multiplient et ne vont pas toutes dans le même sens.

Pour le PJD (parti justice et développement) qui dirige le gouvernement, non seulement il s’agit d’un engagement électoral qu’il faut honorer et d’un programme gouvernemental qu’il faut appliquer, mais il s’agit surtout de la nouvelle Constitution dont il faut respecter les orientations.

Selon ce que nous a affirmé le ministre de la communication, Mustapha Khalfi, le gouvernement a ainsi l’intention de rendre désormais publics l’emploi et les destinataires de tout centime relevant des deniers de l’Etat. Cela promet…

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Pour Abdelilah Benkirane et ses hommes, il s’agit de lutte contre la corruption et l’économie de rente, de bonne gouvernance et de transparence, ni plus, ni moins.

Il faut le dire, une bonne partie de l’opinion publique est convaincue de cela et y applaudit. Les arguments ne manquent pas… Il faut que le Maroc rompe avec ce vieux système gangréné par la rente où tous ceux qui le peuvent tentent de vivre aux crochets de l’Etat, voire de faire fortune à ses dépens. Il faut en finir avec cette mentalité où l’on est à l’affût des privilèges et où l’on renonce à l’effort et au mérite. Il faut mettre un terme à cette injustice où les uns triment sans arriver à joindre les deux bouts quand d’autres vivent de prébendes qu’ils tiennent pour définitivement acquis (et transmissibles à leur descendance). Il faut que la citoyenneté et le patriotisme n’attendent plus de récompenses, mais soient un don de soi au pays… Et puis, surtout, si elle doit exister, la rente ne doit pas aller aux plus riches –profiteurs éhontés- mais à ceux qui en ont vraiment besoin…

Cela dit, il est bien évident que tout le monde n’applaudit pas à ces opérations qui rappellent la désastreuse campagne d’assainissement de 1996 menée alors par Driss Basri (la chasse aux sorcières avait fait des victimes innocentes). Sans compter que quelques soupçons pèsent sur le chef du gouvernement et ceux de son parti. Nous en retiendrons trois principaux.

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Les hommes du PJD sont d’abord suspectés de tenter de prendre le maximum de décisions spectaculaires pour pouvoir s’en prévaloir au moment de présenter leur bilan des «réalisations des 100 premiers jours du gouvernement». Notamment parce que ce bilan ne pourra pas comporter de réalisations concrètes qui aient un véritable impact sur l’économie du pays ou le portefeuille des citoyens.

Ils sont ensuite soupçonnés d’opter pour des mesures spectaculaires et populistes pour réaliser un raz de marée aux élections communales et régionales qui auront lieu dans quelques mois.

Enfin, le PJD est suspecté de vouloir régler quelques comptes, dans la foulée, comme ce fût le cas pour le prédicateur Abdelbarri Zamzami, dissident du PJD, dont le nom figure parmi les tout derniers bénéficiaires des agréments de transport (pour ne citer que ce cas-là)…

D’où la question de savoir quel est le véritable message de tout cela ? Si le PJD n’a réellement que l’intention de lutter contre la rente et la mauvaise gouvernance, alors, il doit revoir son mode opératoire. Il doit associer les autres partis de la majorité en commençant par débattre avec eux des décisions en conseil de gouvernement, comme dans toutes les démocraties et étudier, planifier, de façon pondérée, la suite à donner à ces initiatives qui ne doivent pas se limiter à la «politique show». Enfin, la justice étant l’une des valeurs qu’il défend, il doit veiller à ce qu’il ne lui soit jamais reproché d’avoir été injuste avec qui que ce soit.

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