Conseil national de l’Istiqlal : La fièvre du samedi

Lors d’une session survoltée, le Conseil national du Parti de l’Istiqlal a décidé le retrait du parti du gouvernement.

Conseil national de l’Istiqlal 11 mai 2013

Samedi 11 mai 2013, tôt le matin, les membres du Conseil national du PI (parlement du parti) commençaient à se rendre à «Bab Al Azizia» et à prendre place dans la superbe grande salle du siège du parti (sis avenue Ibn Toumert à Rabat). La salle a été entièrement rénovée par les soins du nouveau secrétaire général du parti, Hamid Chabat.

Une ambiance survoltée

La Chabiba Istiqlalia, qui est venue en force, a pris soin de préparer le champ et de surchauffer l’ambiance pour rehausser le moral des militants et les préparer à cette grande et mémorable journée. Rien n’a été omis. De forts slogans ont été minutieusement choisis pour maintenir la «fièvre du samedi» et entrecouper l’allocution d’ouverture de Hamid Chabat devant le Conseil national. «Allah, Allah âla warta, al-moucharaka akbar ghalta» ou «Al Istiqlal youridou al-khourouj mina al-houkouma fawrane, fawrane».
Dans cette ambiance survoltée, la Chabiba Istiqlalia n’a pas hésité à enfoncer le clou un peu plus. Elle a distribué un «appel» brûlant et provocateur accusant les ministres de Abdelilah Benkirane de «comploter contre l’intégrité territoriale du pays». Ledit appel reprochait au gouvernement d’accuser le Parti de l’Istiqlal d’entraver l’action gouvernementale et au chef de gouvernement de «faire l’amalgame entre ses prérogatives partisanes et sa fonction gouvernementale». L’appel de la Chabiba Istiqlalia est allé jusqu’à accuser le secrétaire général du PJD de «transformer les conseils de gouvernement en tribunaux d’inquisition».

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Chabat tire sur tout le monde

C’est dans cette ambiance survoltée que Hamid Chabat a pris la parole. Sa diatribe est allée contre les adversaires d’hier et d’aujourd’hui, Abdelilah Benkirane et son parti. Un discours excessivement pimenté et qui n’a rien laissé passer.
Quand Chabat a évoqué la participation de l’Istiqlal au gouvernement d’alternance qu’avait dirigé Abderrahmane Youssoufi, les slogans ont retenti, assourdissants: «Allah, Allah, âla warta, al-moucharaka akbar ghalta». Ce à quoi Chabat a répond du tac au tac: «Quand nous étions au gouvernement d’alternance, nous ne nous trouvions pas face à la dictature d’aujourd’hui. Nous avions participé dans le cadre d’un programme et le nôtre était le plus fort. Nous étions conscients de la situation interne et externe du pays. C’est la différence entre nous et ceux qui commercialisent la religion». Chabat n’a pas ménagé ses alliés qu’il rend responsables de la crise économique qui touche le pays et qui, a-t-il affirmé, «résulte du manque de cohésion et de l’absence d’un véritable dialogue entre les composantes de la majorité gouvernementale». Le leader istiqlalien a réitéré à l’occasion l’appel à récupérer Tindouf, rappelant que feu Allal El Fassi «considérait l’indépendance du Maroc boiteuse et a appelé à poursuivre le combat pour libérer les territoires spoliés». Chabat a d’autre part loué l’action de SM le Roi qui a permis au Maroc de sortir vainqueur et de faire capoter les manœuvres de nos adversaires. Et de conclure en appelant «à un dialogue profond sur la manière qui renforcera notre présence (du PI) sur la scène politique nationale, ainsi que notre contribution au succès de l’expérience en cours».

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L’Intérieur et le PPS mis sous les feux de la rampe par Chabat

Chabat a pris soin, lors de son allocution, de rappeler les bienfaits du Parti de l’Istiqlal pour le PJD, quand le PI s’est battu pour empêcher la dissolution du parti islamiste après les événements douloureux du 16 mai 2003. D’autre part, il n’a épargné ni l’Intérieur qu’il a accusé d’avoir défavorisé l’Istiqlal lors des élections partielles, ni le PPS, plus particulièrement Nabil Benabdallah qui, a-t-il dit, «a considéré le débat sur la récupération de nos frontières orientales, dépassé».
Ce qui n’était donc au départ que déclarations et contre déclarations, entre deux partis qui ne se supportaient pas, a fini par prendre la forme d’un vrai duel. En effet, les 82 prises de parole des membres du Conseil national ont été unanimes à réclamer l’urgence du retrait de l’Istiqlal du gouvernement.

Le «parlement» de l’Istiqlal a rendu son verdict à l’unanimité au sujet d’une question majeure. Il a opté pour le retrait d’un gouvernement dont le chef est dénoncé pour autoritarisme, voire totalitarisme, en se référant à l’article 42 de la constitution et en déléguant «à la direction du parti la prise des mesures nécessaires à cet égard».

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