Majorité Crise politique ou duel de cow-boys?

La joute politique qui a opposé le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane au président de la Chambre des représentants, Karim Ghellab, atteste, s’il en était besoin, du malaise de la majorité qui risque cette fois-ci de plonger le pays dans une réelle crise politique.

Benkirane show

Les composantes de la majorité donnent la nette impression qu’elles ont les nerfs à fleur de peau: la moindre remarque engendre une pique, voire un clash. L’équipe gouvernementale aux commandes, alors qu’elle n’en est qu’à sa deuxième année de gestion des affaires, ne supporte plus les critiques acerbes de l’opposition, même si celle-ci reste en deçà des espérances et n’a pas les moyens de désarçonner la majorité.

L’opposition peine aussi à mettre le doigt sur les problématiques qui pourraient impliquer une opinion publique convaincue qu’aujourd’hui, la pseudo-crise qui perdure, n’est en fait qu’un duel de cow-boys entre deux hommes, chacun cherchant à dégainer le premier, pour descendre un adversaire coriace. A côté de ce face-à-face Benkirane-Chabat, on compte d’autres duels qui opposent certains ministres à des membres de l’opposition. Or, l’opinion publique ne cache plus sa déception face à des querelles intestines et des combats de rue qui favorisent le superficiel au détriment du consistant. Et pour cause… Les Marocains ont droit à des prises de bec, des clashs, des excès de colère, des règlements de comptes verbaux… Bref, à des spectacles repris par les médias et caricaturés par les réseaux sociaux qui y trouvent matière à attirer plus de clients potentiels.

Les signes du malaise

La prise à partie inattendue du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, par Karim Ghellab, devant un large public drainé par le colloque national sur le droit d’accès à l’information, atteste, si besoin est, du malaise dont souffre la majorité qui ne prend plus la peine de dissimuler son bulletin de santé, lequel diagnostique les signes avant-coureurs d’une réelle crise se profilant à l’horizon.
Dans le dessein de marquer des points, l’opposition n’a pas raté une occasion d’incriminer la majorité. Driss Radi, député UC (Union Constitutionnelle), n’avait pas hésité à découvrir son ventre poilu devant la caméra de TV pour convaincre Benkirane qu’il n’a «rien d’illégal» dedans. Cette fois encore, il a sauté sur l’occasion qui lui a été offerte par le clash Benkirane-Ghellab pour prendre à partie le gouvernement, lançant une vraie diatribe contre la majorité. Driss Radi est donc allé en guerre contre le gouvernement Benkirane à qui il a reproché d’avoir «échoué à mettre en œuvre la constitution et à réformer la Caisse de compensation et les mécanismes de la gouvernance». Et surtout, a-t-il précisé, d’avoir échoué à «consolider la confiance des citoyens et celle des investisseurs et des actions économiques».

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Majorité vulnérable

La majorité se trouve aujourd’hui encore plus déchirée et donc plus vulnérable du fait du bras de fer qui oppose le PJD et l’Istiqlal, l’arbitrage royal ne venant pas encore et les protagonistes l’attendant comme une éventuelle bouffée d’air qui les sauverait de l’asphyxie qui les guette. La marge de manœuvre dont ils croyaient disposer a ainsi tendance à se rétrécir comme une peau de chagrin.

L’Istiqlal auto-piégé

A qui profite ce statu quo? Il est certain qu’aujourd’hui, l’Istiqlal, poussé par Hamid Chabat dans ce tunnel dont il n’en voit pas encore le bout, à savoir la menace de claquer la porte du gouvernement en se basant sur l’article 42 de la Constitution, s’est auto-piégé. Il peine à se libérer, tellement son adversaire, le PJD, se croyant dans une position plus confortable, le pousse à sortir de ses tranchées et à faire des gaffes. Ce qui provoquerait à coup sûr une querelle intestine au sein du Parti de l’Istiqlal, parce que cela raviverait la flamme des courants anti-Chabat qui attendent de prendre leur revanche des suites de leur marginalisation, lors du congrès et du dernier Conseil national.
Pour ce qui est du PJD, nous confie un député RNI, si la situation se retourne contre l’Istiqlal dans cette confrontation qui l’oppose à Abdelilah Benkirane, le PJD en tirerait les bénéfices et ferait d’une pierre deux coups: il se débarrasserait d’un adversaire, véritable pierre dans la chaussure, et profiterait de la bouffée d’oxygène que lui procure encore -on ne sait pas jusqu’à quand- le soutien populaire, convaincu que l’équipe Benkirane veut bien faire et que «les âafarites et tamassihes l’empêchent de faire».
La situation actuelle est telle que, fait inquiétant, nous nous trouvons en présence d’une majorité déchirée ou qui se déchire; une opposition qui favorise l’accessoire (attaques verbales et spectacles) au détriment du fond; et une opinion publique qui a perdu confiance dans la politique et les politiciens. Alors, comment sortir de ce bourbier?

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