17ème Congrès de l’Istiqlal : Le congrès de la discorde

17ème Congrès de l’Istiqlal : Le congrès de la discorde

Le Congrès national du Parti de l’Istiqlal (PI), qui devait élire le nouveau Secrétaire général et les 26 membres du Comité exécutif, n’a pas réussi son challenge. Les congressistes se sont donc donné rendez-vous, le samedi suivant (7 octobre 2017), à Skhirat (8H00 du matin). Le Président du congrès, Noureddine Modyane, a informé l’assistance que les affaires du parti allaient être gérées, provisoirement, par le Comité exécutif sortant, conformément à l’article 103 des statuts du PI.

Le rideau est tombé

Alors que les médias concluaient à l’élection sans surprise du candidat Nizar Baraka, à la tête du Secrétariat général et à un échec cuisant du Secrétaire général sortant, Hamid Chabat, les événements ont vite fait de démentir tous les pronostics. Le rideau est tombé, dimanche 1er octobre 2017 sur le congrès national du Parti de l’Istiqlal. Sauf que les applaudissements ont cédé la place à une bataille rangée à coups d’assiettes et de chaises, entre les partisans et les détracteurs de Hamid Chabat.

L’élection reportée

Ainsi, l’élection du nouveau Secrétaire général du PI, qui était initialement prévue le dimanche 1er octobre, a été reportée au samedi 7 octobre à Skhirat, le Conseil national n’ayant pas réussi à établir la liste du corps électoral.

Plus d’une heure avant le rendez-vous fatidique du dimanche 1er octobre, pour l’élection du SG du Parti de l’Istiqlal et des 26 membres du Comité exécutif, on sentait déjà monter la pression.

Mauvaise gestion

A l’entrée du Complexe Moulay Abdellah, on sentait que les organisateurs ne maîtrisaient pas tellement la situation et géraient mal l’opération de délivrance des badges. Ce qui a poussé les partisans de Hamid Chabat à revendiquer une partie de la liste des 1.250 votants. Petit à petit, les rangs des «chabatistes» ont commencé à grossir et les slogans  ne manquaient pas. Ces militants s’en sont pris aux organisateurs et à l’organisation qualifiée d’«organisation zéro».  Alors que ceux-ci scandaient que «le Parti de l’Istiqlal est mort», les partisans de Nizar Baraka criaient que «le parti vivra», le clan du candidat Baraka étant crédité des deux tiers des voix au sein du Conseil national.

L’organisation critiquée

En effet, les partisans de Hamid Chabat ont sévèrement critiqué l’organisation. Certains ont même brandi des badges sans nom, criant à la falsification et accusant la Commission d’organisation de ne pas avoir réussi à fournir, au moment opportun, leur badge à nombre de participants. Ils ont accusé les partisans de Hamdi Ould Errachid de mauvaise gestion de la distribution des cartes aux membres du Conseil national. Ils ont affirmé que ces cartes ont été octroyées aux hommes et aux femmes favorables à Nizar Baraka, alors que les partisans de Chabat en ont été privés.

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La pression d’Ould Errachid

Autre problème qui a attisé la colère: l’éventualité d’une mainmise qu’aurait Hamdi Ould Errachid sur le Comité exécutif du Parti de l’Istiqlal, en présentant sa propre liste qu’il imposerait. Des partisans de Chabat n’ont pas caché leurs craintes. Ils ont même scandé haut et fort: «Le Parti est istiqlalien et non sahraoui, il doit garder son indépendance et rester le parti de tous…».

Avec le report de l’élection d’un Secrétaire général au samedi 7 octobre 2017 à Skhirat, l’on se demande si Hamid Chabat est sorti grand vainqueur de ce premier round, le report lui permettant, de toute évidence, de revoir sa stratégie, même s’il sait que ses chances de remporter la bataille contre Nizar Baraka sont minimes. L’essentiel, selon un de ses partisans, est qu’il dispose d’une semaine de plus à la tête du Secrétariat général, qu’il reste toujours un sérieux concurrent à craindre tellement -tel un chat, il retombe toujours sur ses pattes- et qu’il a plus d’un tour dans son sac.

Mohammed Nafaa

Une affaire de badges

La distribution des badges du Conseil national du Parti de l’Istiqlal a été le talon d’Achille du Comité d’organisation que chapeautait Abdallah Bekkali. C’est d’ailleurs ce qui a engendré, dimanche matin, la colère du clan de Chabat. Alors qu’il était prévu de donner le coup d’envoi (dimanche à 10h00) à l’opération de vote du Secrétaire général et du Comité exécutif, celle-ci a été reportée de plusieurs heures avant d’être reportée au samedi 7 octobre 2017. Ce sont les consignes données à la société chargée de l’organisation et de la logistique, de ne laisser entrer aucune personne n’ayant pas de badge, qui ont provoqué les séries de protestations et autres bousculades, ainsi que l’intervention musclée de Hamid Chabat, flanqué de son épouse Fatima Tarek, qui a critiqué de vive voix le fait que les organisateurs aient distribué les badges aux partisans d’Ould Errachid dans les hôtels et en ont privé ses partisans. C’est en utilisant la force que les hommes de Chabat ont réussi à investir la salle du Conseil national. Fou de rage, Chabat s’en est pris à Noureddine Modyane. «Ce n’est pas ce qui a été convenu entre nous», lui a-t-il lancé, précisant que les badges devaient être distribués à tous et non remis seulement aux amis de Hamdi Ould Errachid dans les hôtels. Ce qui a fait dire au président du congrès, Modyane: «Moi-même, je n’ai pas reçu mon badge du Conseil national». Avec comme consigne stricte de ne laisser entrer personne sans badge, y compris les journalistes, la société de surveillance s’est retrouvée les mains liées. Même les invités du congrès, qui pourtant étaient menus de cartons d’invitation, ont eu des difficultés à accéder à la grande salle qui abritait le congrès. Noureddine Modyane, pourtant président du congrès, a dit à voix haute à Chabat qui lui reprochait le fait qu’on laisse des congressistes sans badge: «Moi-même, je n’ai pas mon badge!». Alors que le congrès avait démarré, nombreux étaient les membres du Conseil national restés à l’extérieur du grand chapiteau qui abritait le congrès. «Ce sont plus de 5.000 congressistes venus de toutes les régions du Maroc qu’il faut gérer et ce n’est pas tâche facile», nous a confié un membre du staff d’organisation.

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MN

Bain de foule pour Benkirane

La séance d’ouverture à laquelle ont assisté des délégations et hôtes de marque étrangers s’est distinguée par la présence du Secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, qui s’est offert un bain de foule médiatique, comme à l’accoutumée. Deux interventions étaient au menu de la séance d’ouverture, celle du secrétaire général sortant, Hamid Chabat et celle de l’ambassadeur de Palestine. Le Président de la commission préparatoire du congrès, Abdallah Bekkali, a pour sa part mis l’accent sur le renforcement de l’unité des rangs. Après la séance d’ouverture, les travaux du congrès se sont poursuivis par l’élection de Noureddine Modyane comme président du 17ème congrès.

Regrets et excuses

17ème Congrès de l’Istiqlal : Le congrès de la discorde

Le congrès devait être celui de la réconciliation et de la cohésion, mais il s’est trompé de trajectoire et l’ambiance a tourné au vinaigre. Les regrets et excuses des organisateurs pour cette dérive, qui a transformé le congrès en arène où se sont disputés les partisans des deux candidats au Secrétariat général, Baraka et Chabat, n’ont pas pu calmer les esprits. «Les Istiqlaliens, peut-on lire dans le quotidien francophone du parti, L’Opinion, doivent faire preuve d’esprit de conciliation, de volonté, de regroupement et mettre de côté les différends, sachant que cela n’exclut nullement qu’il puisse y avoir des divergences de points de vue». Les efforts, pour que le congrès constitue un nouveau départ et restaure la crédibilité et la confiance du parti, n’ont pas abouti. En atteste le report du congrès au samedi 7 octobre 2017. Il est certain que Hamid Chabat ne restera pas les mains liées et qu’il profitera de cette trêve d’une semaine, pour regrouper et remobiliser ses partisans et se préparer au grand vote du 7 octobre. Ce qui s’est passé sous le grand chapiteau, le dimanche matin (1er septembre), prouve qu’il n’est pas homme à se laisser battre, ni abattre, sur son propre terrain. «Il en a les moyens, nous a confié un membre du conseil national. Nous n’avons plus besoin de démonstration pour le croire».

MN

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