Les Marocains sont-ils prêts pour la 4G ?

4G Maroc

Durant tout le mois de Ramadan, personne n’a pu passer à côté des incessants spots publicitaires introduisant la 4G au Maroc, diffusés par nos télévisions nationales. Les opérateurs télécoms ont littéralement guerroyé pour séduire les Marocains et leur faire consommer cette nouvelle venue.
Comment les Marocains ont-ils accueilli la 4G ?

A première vue, tout porte à croire que les citoyens ont bien accueilli la 4G… Oui, parce que les Marocains sont réputés pour leur chaleur et leurs bras grands ouverts, tendus vers tout le monde et (parfois) vers n’importe quoi.
Malgré cette chaleur naturelle -pas celle de la météo- certains ont préféré croiser leurs bras, ou encore les garder ballants, manifestant un soupçon de scepticisme envers la 4G qui promet monts et merveilles. En effet, elle promet de révolutionner l’internet mobile, une vitesse et une fluidité de navigation plus rapide que jamais. Et le rêve suprême: pouvoir regarder une vidéo en ligne, du début à la fin, sans interruption!

Ils sont ready

Dans l’une des agences des trois principaux concurrents en téléphonie, les gens ont afflué pour en savoir plus sur l’offre 4G. Certains arrivent déjà avec une idée claire en tête de ce qu’est cette nouvelle offre, tandis que d’autres viennent pour en savoir davantage.
Les situations peuvent très vite tourner à des scènes cocasses.
La file de clients voulant s’acquitter de leur dû mensuel est longue. Ils paraissent assoiffés et suffoquent de chaleur -cette fois-ci, la vraie, celle d’un mois de juillet caniculaire-, se tournant les pouces avant de penser à tourner les talons pour s’en aller, tant l’espace est confiné et non climatisé, à part avec un petit ventilateur tourné vers le responsable de l’agence…
Un homme, maigrichon et d’âge mûr, se tient debout dans un coin, attendant patiemment son tour. La file des clients devant lui ne lui fait pas peur, encore moins la lenteur du chef de l’agence qui travaille seul. Son tour arrive, enfin. Il s’adresse d’un ton posé, sûr de lui-même, à l’homme derrière le comptoir. «Je voudrais une puce», lance-t-il. «Un nouveau numéro?», demande l’opérateur. «Non, j’en ai déjà un», répond le vieil homme. L’employé, accablé par le travail, le regarde prêt à s’énerver. Le vieil homme renchérit, il voudrait «le même numéro avec une autre carte SIM»… L’employé lui crie d’expliquer ce qu’il veut au juste. Silence dans la salle. Personne ne comprend ce qu’il se passe. Il aura fallu quelques bonnes et longues minutes pour que les deux hommes se comprennent enfin. Il aura surtout fallu que l’adjectif «nouveau» soit mentionné pour que le quiproquo cesse. Le client cherchait une puce 4G, bien sûr, avec le même numéro.
Nous interpellons le client plus tard, vers la sortie. «J’ai vu les publicités à la télévision pour ça et c’est vrai que l’internet que j’ai sur mon téléphone est lent. Mon fils m’a dit qu’il suffisait d’aller changer sa puce à l’agence», nous dit-il, ajoutant que c’est une aubaine pour le Maroc et qu’à présent, nous sommes aussi modernes qu’en France.
Ce client ne sera pas le seul à vouloir changer sa puce contre une puce 4G, ce jour-là. Cependant, ils ne seront pas nombreux à effectuer la transition… Et pour cause, il ne suffit pas de changer de carte SIM, il faut également avoir un terminal, que ce soit un smarphone ou une tablette compatible avec la 4G.
«Je n’ai finalement pas changé de carte SIM aujourd’hui, à cause du téléphone qui ne fonctionnera pas avec la 4G. J’aurais attendu que tout ce monde passe avant moi pour repartir les mains vides», nous dit Saad, un autre client, exaspéré. «Mais de toutes les façons, j’allais changer de téléphone, donc je finirai bien par changer aussi de carte SIM!», se console-t-il avant de partir.

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Des réticences justifiées

«Ça ne m’intéresse pas! Je dois changer de carte SIM, donc je dois transférer sur la nouvelle toutes mes données, mais en plus, je dois changer de téléphone portable, parce que le mien n’est pas compatible avec la 4G», dit cette femme, pas du tout convaincue. Elle ajoute qu’en plus de cela, «ça ne servirait à rien si je me déplace. Il faudrait déjà que tout le pays soit couvert. Je me déplace beaucoup, je vais souvent dans les petites villes et elles ne sont pas toutes couvertes. Alors, raison de plus pour en rester à la 3G pour l’instant».
Les jeunes sont eux aussi quelque peu sceptiques. Ceux que l’on a rencontrés pour le moins ne semblent pas très excités à l’idée de changer de puce ou encore de téléphone pour les beaux yeux de la 4G, surtout qu’ils estiment qu’il ne faut pas trop se précipiter. «Opérer tous ces changements pour quelque chose qui vient tout juste d’être lancée et dont on n’a pas la certitude que ça marche réellement mieux, c’est idiot», dit ce jeune de 24 ans. Salma, rencontrée chez un autre opérateur, quant à elle, la joue maligne. «Moi, j’attends de voir ce que les autres vont en dire avant d’oser. Comme dit le dicton, il faut interroger celui qui a éprouvé la maladie, plutôt que le médecin. Donc je reste avec ma 3G, en attendant», dit-elle dans un rire.
Dans cette boutique de téléphones de la médina, les clients arrivent les uns après les autres pour vendre, acheter ou juste demander le cours des prix de certains modèles de téléphone. Nous y retrouvons Adil, un jeune homme, la trentaine, qui semble s’y connaître en gadgets. Sa conversation à haute voix avec le vendeur sur les derniers modèles semble intéresser les badauds. Nous lui demandons ce qu’il pense de la 4G. «Les publicités télévisées avec les humoristes, moi, ça ne m’a pas fait rire, et encore moins donné envie de me tourner vers la 4G… Ce serait même le contraire. Je vois cette lutte acharnée avec dix mille spots publicitaires différents, ces mêmes têtes qui font toutes les pubs de toutes sortes de produits et la musique partout. Ça m’a plutôt donné envie d’attendre que la tempête passe, ou carrément d’aller acheter un bon vieux téléphone sans couleurs!», se moque Adil. Le vendeur pouffe de rire à son tour. «Je me tournerai vers la 4G quand mon téléphone captera déjà le réseau et que ma 3G fonctionnera là où elle est censée fonctionner», commente le vendeur qui dit ne pas avoir besoin de 3G, puisqu’il ne quitte presque jamais son magasin. «Mais que cela reste entre nous, parce qu’il faut bien que je vende des téléphones, moi!», ajoute-t-il avec un sourire en coin.
Partagés, voilà ce que l’on peut retenir des avis des Marocains concernant la 4G. La publicité a beaucoup influencé les avis, certes, mais –surprise- pas toujours dans le bon sens. Probablement parce que la guerre commerciale a été menée par tous les opérateurs quasi-simultanément, de façon intensive et pendant le Ftor du Ramadan, coupant parfois une sitcom au beau milieu de sa meilleure séquence… Nous attendrons de voir ce que les prochains mois réserveront à la 4G. Peut-être que les Marocains, retrouvant la bonne humeur avec les vacances, voudront naviguer à la vitesse lumière sur leur mobiles et franchiront le pas…

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Yasmine Saih

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