Dragage des fonds marins : Moins de sable, moins de poisson. Qu’a fait l’Etat ?

Dragage des fonds marins : Moins de sable, moins de poisson. Qu’a fait l’Etat ?

Sept ans après la publication d’un rapport accablant sur les effets catastrophiques de l’activité de dragage dans le littoral de la zone de Kénitra, le gouvernement semble enfin prendre conscience de l’importance de préserver cette côte.

Désormais, l’exploitation du sable marin est interdite au niveau de l’embouchure de Sebou, à Mehdia, dans la région de Kénitra. En effet, la demande de Rimal, filiale de Drapor, de nouveaux agréments pour aspirer du sable au niveau de cette zone a été refusée. Le ministre de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, Abdelkader Amara vient d’ailleurs de le faire savoir aux responsables de Drapor, via un courrier dont Le Reporter détient copie. «La loi 27-13 relative aux carrières (article 20) interdit le dragage du sable à une profondeur de 20 mètre», lit-on dans la lettre adressée à la filiale de Drapor, spécialisée dans la production et la commercialisation du sable marin de dragage, dans le cadre d’une convention signée en 2008 entre l’Etat et Drapor et qui a pris fin ce mardi 13 mars.

A noter que, depuis près de dix ans, Rimal se trouve ainsi seule sur ce marché géant et opère sur trois plates-formes, Larache, Azemmour et Mehdia, vivement contestées par les écologistes, à cause de la «surexploitation du sable marin». Le rapport établi, en 2011, par des experts et des chercheurs universitaires, avait, pour la première fois, révélé l’impact écologique de l’extraction de sable sur la fragilité de la biodiversité dans la région du Gharb (Kenitra). «Cela fait plusieurs années que la plage souffre de plusieurs maux et que l’écosystème de la région est en danger, à cause justement de l’aspiration du sable et du dragage», s’insurgent des associatifs écologiques locaux. Ces derniers, qui mettaient en garde contre les effets néfastes que cette activité pourrait causer à l’environnement, espéraient cette décision. Mais les plus satisfaits par cette décision sont les professionnels de la pêche qui, eux aussi, ne cessent de contester le dragage du sable marin, lequel avait même provoqué «une guerre entre le ministre de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch et l’ancien ministre de l’Equipement, Aziz Rebbah», quand Akhannouch avait associé sa voix à celles des opposants à l’octroi de nouveaux agréments pour l’exploitation du sable marin dans la région de Kenitra.

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«Cela fait longtemps que nous réclamons l’arrêt de l’activité de dragage dans la zone», soulignent des professionnels de la pêche à Mehida. Ceux-ci ont d’ailleurs porté leur contestation devant la réunion du Conseil d’administration de l’INRH, présidée dernièrement, à Agadir, par Aziz Akhannouch. Ce dernier a, semble-t-il, appuyé la requête des professionnels qui ont demandé le non-renouvellement du permis d’exploitation de la plate-forme de Mehdia, selon des sources professionnelles.

Dans la plate-forme de Mehdia, on extrait tellement de sable dragué dans l’embouchure de l’oued Sebou que les conséquences écologiques sont aujourd’hui catastrophiques pour la faune marine des fonds, déplore Larbi Mhidi, premier vice-Président de la Chambre des pêches maritimes Atlantique Nord.  Selon celui-ci, cette zone, qui connaît la reproduction et le refuge pour plusieurs espèces de poissons, est menacée par cette activité. «C’est un vrai problème pour les pêcheurs et les armateurs. Le dragage de sable dans la zone de Mehdia a provoqué la disparition de plusieurs espèces de poissons», martèle Mhidi, également président de la Confédération nationale de la pêche côtière (CNPC). Non sans colère, ce natif de Mehdia, ajoute: «Conformément aux dispositions du Plan d’aménagement des pêcheries des crevettes roses, dans certaines zones du pays, la pêche est interdite pendant certaines périodes de l’année. C’est le cas notamment de Mehdia, à Kenitra, où les pêcheurs sont appelés à respecter la période du repos biologique (mars et avril), afin de préserver les stocks de la crevette». Or, pendant ce temps, précise-t-il, «l’activité de dragage continue dans cette même zone». Et c’est ce qui explique, selon le président de la CNPC, que les ressources, les crevettes, ont connu une baisse très importante. «Près de 60 espèces existaient dans la zone de Mehdia. Mais, aujourd’hui, à cause du dragage du sable marin, il y a eu destruction totale de poisson (anchois, crevettes, sole, crevettes grises, loup, etc.). En témoignent les débarquements qui ont beaucoup baissé, depuis le début de  l’activité de ces gens de dragage en mer, en 2008», conclut-il. Une vérité que ne manque pas de souligner l’Institut national de recherche halieutique (INRH).

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«Cette activité cause des dommages importants à l’environnement et à la vie marine, à travers la destruction des équilibres écologiques nécessaires à la reproduction des poissons», estime-t-on à l’INRH.

Naîma Cherii

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