Somalie : Une guerre oubliée et interminable

Somalie : Une guerre oubliée et interminable

La Somalie a connu l’attentat le plus meurtrier de son histoire pourtant sanglante. 300 morts, un horrible carnage qui a mis du temps à intéresser les médias et à émouvoir le monde.

Voilà qui a ramené l’attention sur la situation de ce pays meurtri par une guerre interminable. Les médias ignorent largement la Somalie ; et l’épisode de «La Chute du faucon noir» qui a  été à l’origine de l’un des meilleurs films de guerre, est oublié.

Le samedi 14 octobre, la Somalie est cependant revenue dans l’actualité. L’attentat est largement attribué aux «Chabab» (Les Jeunes), groupe né localement il y a dix ans et affilié à Al-Qaïda qui contrôle toujours une partie substantielle du pays, en dépit des efforts engagés pour le combattre. Les Chabab s’infiltrent dans les failles d’un pays en reconstruction. Tant que ces conflits dureront, ils prospéreront. Plus qu’un groupe terroriste ou une organisation criminelle, le mouvement Chabab est un acteur politique habile et un immense réseau d’information et d’influence qui comprend et exploite les dynamiques somaliennes. Deuxième facteur: la faiblesse du gouvernement de Mogadiscio. Le nouveau président, Mohamed Abdullahi Mohamed, dit «Farmajo», a certes suscité un espoir. Mais, sept mois après son élection, le gouvernement ne contrôle qu’une parcelle du territoire somalien.

Le groupe islamiste Harakat Al-Shabaab Al Mujaheddin (Mouvement des jeunes combattants) est plus connu sous le nom d’«Al Chabab».
Ce mouvement naît en Somalie en 2006 et sert alors de branche militaire radicale aux combattants de l’Union des tribunaux islamiques.

L’Union des tribunaux islamiques est une alliance de quinze tribunaux islamiques somaliens qui souhaitaient instaurer un Etat régi intégralement par la charia. L’Union des tribunaux islamiques s’était emparé d’une grande partie du territoire somalien en 2006 et avait rétabli l’ordre, dans un pays souffrant de violence endémique et d’affrontements entre milices rivales, mais a ensuite perdu beaucoup de terrain face au gouvernement fédéral de transition, soutenu militairement par l’Ethiopie et l’Union africaine.

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Alors que l’Union des tribunaux islamiques se disloque, les Chabab gagnent en force et s’imposent dans la lutte contre les troupes étrangères éthiopiennes. En 2008, l’Ethiopie finit par retirer ses troupes du pays. Seules les forces de l’Union africaine font face aux islamistes qui prêtent officiellement allégeance à Al-Qaïda en 2009 et en 2012. Les Chabab contrôlent alors les deux tiers de la Somalie.
Progressivement, la force de paix de l’Union africaine reprend du terrain: l’Amisom (African Union Mission In Somalia) profite des divisions qui gagnent les rangs des Chabab. En 2011, les islamistes perdent la capitale somalienne, puis leur bastion, la ville portuaire Kismayo, en septembre 2012.

Les Chabab règnent toujours sur de vastes zones rurales, surtout dans le sud du pays, où ils imposent la charia. Ils poursuivent également des attaques sporadiques, en Somalie et dans les pays limitrophes, comme au Kenya (attentat de l’université de Garissa, en 2015) ou à Kampala (Ouganda, en 2010).

«Au début, les Chabab faisaient des attentats contre tous ceux qui interagissaient avec le gouvernement et ses soutiens, explique Roland Marchal, chercheur au CERI de Sciences Po. Après 2012, ils se sont concentrés sur des cibles d’officiels ou d’étrangers, mais ils n’attaquent plus, par exemple, la petite vendeuse de thé aux soldats».

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Le groupe est parvenu à diversifier ses sources de financement. «Des finances, les Chabab en ont, explique le chercheur Roland Marchal à Libération. Avec leur économie de protection, des milieux d’affaires leur payent des dîmes, mais aussi  avec la partie de la diaspora qui leur reste favorable. Et, par ailleurs, via Al-Qaïda dans la péninsule islamique (Aqpa), avec qui ils travaillent main dans la main depuis qu’ils ont obtenu leur affiliation en 2013».

«C’est un Etat qui n’existe plus. Aujourd’hui, si le président règne sur Mogadiscio, c’est déjà beaucoup», a estimé Louis-Magloire Keumayou, journaliste et président du Club de l’information Africaine, interrogé sur Europe 1. «L’Etat-nation ne s’est jamais installé, des castes, des tribus ont essayé de vivre ensemble, mais sans jamais constituer un Etat.

«Les guerres ont ruiné l’économie du pays et ont fini de déstabiliser le pays. En 1991, la Somalie tombe, parce que les rivalités et la situation pourrie dans le pays ont conduit à cela. Depuis, les Américains sont intervenus avec l’opération « Restore Hope », pour essayer de restaurer la situation (une mission d’initiative américaine sous mandat de l’ONU en 1992-1993, qui a été un échec). Mais elle a débouché sur l’enfer qui a conduit à l’attentat, a poursuivi le journaliste.

Un attentat dont on sait déjà qu’il ne sera hélas pas le dernier.

Patrice Zehr

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