Palmyre : Un symbole des échecs actuels de la coalition anti Daech

Palmyre syrie

La prise de Palmyre par les djihadistes du califat auto-proclamé est un choc mondial. La ville est un symbole de la civilisation, considérée comme un patrimoine universel.

Palmyre appartient à tous, mais est aux mains de ceux qui détruisent et qui pillent.
Cette chute intervient alors que Daech se rapproche de Bagdad et que l’armée d’Al Assad donne des signes d’épuisement. La conclusion est évidente: la guerre menée par la coalition est en phase d’échec, provisoire peut-être, mais indiscutable et très inquiétant. Il va falloir répondre à des questions qui révèlent des contradictions intenables et nécessitent des choix qui ont tous leurs inconvénients.
Il paraît en effet impossible de laisser Daech s’installer à Bagdad, voire à Damas. Mais comment battre l’«émirat» sans l’aide de l’Iran et sans renforcer considérablement la puissante Chiite, sans en faire le pays dominant de la région, protecteur en fait de la Syrie et de l’Irak?
Cette perspective, on le comprend, est une hantise absolue pour les alliés sunnites, notamment les monarchies du Golfe membres de la coalition internationale aux côtés des USA.

C’est cette contradiction fondamentale qui explique l’inefficacité d’une alliance engagée dans des stratégies de l’impossible.
Le chef d’état-major des armées américaines a reconnu un «grave revers» pour les forces irakiennes. Mais la chute de Ramadi est aussi -et la question est posée par des élus républicains- une manière de s’interroger sur l’efficacité des raids aériens contre les terroristes de l’organisation Etat islamique. Ces frappes ne sont pas remises en question. Elles ont d’ailleurs été amplifiées depuis cette défaite irakienne. Le sénateur Lindsey Graham, qui sera peut-être candidat à la présidentielle en 2016, affirme toutefois que, s’il est élu, il enverra des troupes américaines au sol. Dix mille hommes, dit-il. Car selon lui, l’armée irakienne n’est pas au point pour venir à bout des terroristes. Lindsey Graham a par ailleurs rendu public un communiqué dans lequel il s’inquiète de l’arrivée sur le terrain de milices chiites, pourtant venues au secours des forces sunnites de Ramadi à la demande du Premier ministre Abadi.
Au symbole négatif de la chute de Ramadi s’ajoute enfin une inquiétude récurrente aux Etats-Unis. Le groupe Etat islamique a dû s’emparer d’armes fournies aux Irakiens par le Pentagone. Des équipements désormais aux mains d’ennemis.
A la Maison Blanche, on tempère. Il ne faut pas juger cette stratégie sur une bataille. Certes, mais en attendant, Palmyre est tombé et les défenseurs des civilisations contre les sectaires obscurantistes n’ont pas sauvé un joyau mondial. La Bible attribue la construction de Palmyre au roi Salomon.
Palmyre fut prise au VIIe siècle par les Musulmans, quand elle ouvrit ses portes en 634 à Khalid ibn Al-Walid. Sous les califes omeyyades, la ville évolua. La construction de boutiques au beau milieu de la grande colonnade transforma cette artère principale en souk, comme dans les autres villes de Syrie. Les califes firent construire dans la steppe, aux environs de Palmyre, des domaines luxueux comme Bkhara au sud-est (ancien fort romain transformé en château omeyyade) ou le magnifique palais de Hisham à Qasr el Heyr el Gharbi, à l’ouest de la ville. Palmyre elle-même eut à souffrir des guerres civiles qui aboutirent à la fin des Omeyyades.
Au temps des Croisades, Palmyre dépendit des émirs seldjoukides de Damas, puis passa au pouvoir de l’atabeg bouride Tughtekin, puis de Mohammed fils de Shirkuh en tant qu’émir de Homs dépendant de Saladin. Ce fut quand Palmyre dépendait des Bourides de Damas, quand en 1132 le chambellan Nasir ad-Din transforma le sanctuaire de Bel en forteresse. La cella du temple fut transformée en mosquée.
Voilà quelques éléments qui expliquent pourquoi le cri est unanime: «Il faut sauver Palmyre»!
Certes, mais comment? Comment également en finir avec Daech sans que le remède soit aussi déstabilisant que le mal ?

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Patrice Zehr

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