L’hiver des autocrates : Après l’Algérie, le Soudan…

L’hiver des autocrates : Après l’Algérie, le Soudan…

Il y a dans l’actualité, qui deviendra l’Histoire, des lois des séries. Ainsi les «printemps» arabes ont vu Moubarak tomber après Ben Ali. Cela a été  un hiver des autocrates. On est revenu dans une sorte de cycle comparable, puisque la chute de Bouteflika en Algérie est suivie de celle d’Omar El-Béchir au Soudan.

Chaque fois, c’est la rue qui impose massivement sa volonté de changement. C’est l’armée qui chasse le dirigeant pour satisfaire le peuple, tout en gardant les clés du pouvoir. Pour le moment, contrairement aux phases précédentes, il ne semble pas y avoir de passage obligé par la case islamiste, mais restons prudents.

Dans chaque cas, après la démission d’un vieux président, le peuple veut un changement radical de régime. Mais en Algérie, comme au Soudan, on n’en est pas encore là.

En tête du pays depuis 1989, le président soudanais a quitté le pouvoir.  Le président, âgé de 75 ans, a été destitué par l’armée après plus de trois mois de manifestations contre son pouvoir, a annoncé ce jeudi 11 avril, le ministre de la Défense à la télévision. Omar el-Béchir a été détenu par les militaires et se trouvait, d’après l’armée, «en lieu sûr». Awad Benawf,  provisoirement homme fort, est un pilier du Parti du Congrès qui est au pouvoir depuis trois décennies. Après des études militaires en Egypte, il enseigne à l’école militaire de Khartoum. Il monte en grade au sein de l’armée et occupe plusieurs fonctions importantes, avant de devenir directeur du service de renseignements.

Il joue un rôle décisif dans l’amélioration des relations entre le Soudan et l’Erythrée, puis démarre une carrière diplomatique. Awad Benawf devient ambassadeur en Egypte, puis au sultanat d’Oman. Il prend la tête de la cellule de crise au ministère des Affaires étrangères. Il a également indiqué que la Constitution était suspendue pour le moment et que des élections seraient organisées après une période de transition de deux ans. Durant cette période, c’est un conseil militaire qui administrera le Soudan. Les frontières et l’espace aérien ont été fermés jusqu’à nouvel ordre.

Le Conseil de la Ligue arabe appelle au plein respect de la souveraineté, l’unité et de l’intégrité territoriale du Soudan

La contestation a démarré après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, le 19 décembre. La mobilisation s’est ensuite muée en mouvement de protestation contre le régime lui-même, des milliers de Soudanais réclamant le départ du président. Omar el-Béchir a tenté de réprimer la contestation par la force, puis a instauré, le 22 février, l’état d’urgence à l’échelle nationale. 49 personnes sont mortes dans des violences liées aux manifestations, de sources officielles.

Militaire de formation, ayant notamment combattu aux côtés de l’armée égyptienne pendant la guerre du Kippour en 1973, Omar el-Béchir renverse le pouvoir au Soudan en 1989, entraînant la chute de Sadek al-Mahdi, dernier Premier ministre élu démocratiquement. Très vite, le nouvel homme fort du Soudan, cumulant les fonctions de chef de l’Etat, Premier ministre et chef des forces armées, fait interdire tous les partis politiques et instaure un nouveau code légal islamique.

Mentor du général Omar el-Béchir lors du coup d’Etat militaire de 1989, Hassan al-Tourabi deviendra ensuite l’un de ses adversaires les plus virulents. En 1999, lorsqu’il propose un projet de loi visant à limiter les pouvoirs du président soudanais, ce dernier répond par la force, dissout le Parlement et écarte son ex-allié en quelques semaines. A partir de 2003, Omar el-Béchir lance ses milices janjawid sur des centaines de villages du Darfour. Depuis l’éclatement des violences, cette région de l’ouest du Soudan est le théâtre d’un conflit armé entre rebelles et forces gouvernementales, ayant fait plus de 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU. Le 4 mars 2009, un mandat d’arrêt international est lancé par la CPI contre Omar el-Béchir pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre au Darfour. Il est le premier chef d’Etat en exercice à être inculpé par cette juridiction. Le désormais ex-président soudanais a cependant pu se rendre plusieurs fois à l’étranger, notamment dans des Etats parties au statut de Rome de la CPI, narguant ainsi les juges de La Haye. Un second mandat d’arrêt pour génocide sera délivré contre lui en juillet 2010.

Entretien à Rabat entre El Hassan Daki et le procureur général de la République du Soudan

Le 9 juillet 2011, le Soudan se divise en deux et donne alors naissance au plus jeune Etat du monde: le Soudan du Sud. Cet événement intervient six mois après le référendum d’autodétermination par lequel les Sud-Soudanais avaient approuvé à 98,8% cette indépendance. Depuis 2013, le pays fait face à une guerre civile particulièrement meurtrière due aux rivalités politiques et ethniques, ainsi qu’à la lutte pour le contrôle des puits de pétrole. Les relations entre Khartoum et Juba sont, depuis, particulièrement tendues. Omar el-Béchir a été réélu à la présidence en 2015 à l’issue d’élections générales contestées par l’opposition.

Omar el-Béchir est destitué par l’armée le 11 avril 2019. Le général Awad Ibn Awf, vice-président, annonce la mise en place d’un Conseil de transition et dévoile une série de mesures d’état d’urgence, parmi lesquelles la fermeture des aéroports.

La crise soudanaise n’est cependant pas terminée, la rue veut maintenir la pression sur les militaires.

LR

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Un commentaire

  1. Hé les gars faut pas oublier le votre d’autocrate. Parce que ce n’est pas encore la monarchie du royaume uni ou de la Suède. Hein?

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