L’affaire Snowden Internet, meilleur allié de Big Brother

Quand la technologie menace la démocratie… Edward Snowden est à l’image des héros américains de cinéma. Il dénonce, en prenant des risques énormes, les atteintes du système aux libertés.

Snowden AFP

Le problème, c’est que les héros de ce genre passent aussi parfois pour des traitres ou des irresponsables mettant en jeu la sécurité. Quoi qu’il en soit, cette affaire colossale révèle des pratiques mondiales et secrètes de la technologie américaine au service de l’espionnage d’Etat. L’ordre mondial démocratique serait-il un ordre technologique totalitaire? Les deux peuvent-ils aller ensemble?

Si PRISM est loin d’être le premier réseau du genre, il va toutefois beaucoup plus loin que ses prédécesseurs en rendant possible la surveillance d’un individu n’importe où sur le globe, pourvu qu’il utilise des services de géants du Net tels que ceux de Facebook, Google, Microsoft, Yahoo ou encore Apple. Franchement, c’est plus que perturbant même quand on essaye de faire la part des choses! La présentation du journal suisse Le Temps reflète bien le débat.
«Les Etats-Unis s’interrogent sur le nom à donner à celui qui a rendu publics les deux programmes secrets de collecte de données privées: un dénonciateur héroïque qui défend les libertés individuelles? Une source utile qui nourrit le débat sur le champ des instruments destinés à prévenir les attaques terroristes? Un traître à la nation qui menace des programmes cruciaux? Le débat fait rage»…

Big Brother est de retour

Un nouvel avatar est né. Et il a trouvé son whistleblower, comme on dit dans le milieu… Qui a agi «à ses risques et périls». C’est en tout cas ce qu’estime USA Today dans l’éditorial traduit par Courrier international à propos des conséquences que pourrait encourir Edward Snowden, qui a été identifié par le Guardian comme le lanceur d’alerte contre l’Agence nationale de la sécurité américaine (NSA).
«Snowden pourrait fort bien avoir l’étoffe d’un héros». Car il semble effectivement «n’avoir rien à gagner personnellement dans cette affaire, et beaucoup à perdre. Il aura sacrifié une belle carrière et 200.000 dollars de revenus annuels, sa famille et sa petite amie». Cependant, «d’après un sondage pour le Washington Post, 56% des Américains interrogés sont favorables au programme de l’Agence nationale du renseignement (NSA) quitte à empiéter sur la vie privée».
La position d’Obama est tout de même, par rapport à son image mondiale, intrigante, sinon inquiétante. Le président a défendu ces programmes de surveillance orwelliens, disant qu’ils sont nécessaires pour protéger les Américains contre les attentats terroristes. Il a affirmé qu’ils sont légaux puisqu’ils ont été validés par le Congrès et approuvés par les Cours de justice secrètes créées expressément pour cela, dans le cadre du Foreign Intelligence Security Act (FISA). Avec une question: comment en démocratie peut-il y avoir des cours de justice secrètes?
Obama a dit qu’«on ne peut avoir la sécurité à cent pour cent tout en ayant aussi une intimité garantie à cent pour cent». En d’autres termes que tout le monde peut comprendre, le Quatrième amendement ne s’applique plus. De même, pour le gouvernement, les garanties du respect des procédures déterminées par la loi, du procès devant un jury, de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et de la liberté de réunion ne sont plus applicables.
Et pour nous étrangers hors du territoire américain?
A priori, que vous soyez suspect ou non, vous êtes le cœur de cible de FISA et du réseau PRISM. Ce qui constitue, si l’on soustrait les 316 millions d’Américains aux 7 milliards d’humains, un sacré nombre de cibles et autant -voire beaucoup plus- de données personnelles dont disposent la NSA et le FBI sur vous, nous et, en somme, tout le reste du monde.
Le «coming out» de l’ancien espion a stupéfié le monde du renseignement. Il a intensifié le débat sur les pouvoirs secrets de la NSA et le fait que non seulement ses actions sont couvertes par le secret, mais aussi certaines parties de la législation qui les encadrent. Edward Snowden a démenti être «passé à l’ennemi». Mais le fait est qu’il a choisi un lieu sous souveraineté chinoise, au moment même où Barack Obama demandait à son homologue Xi Jinping de faire cesser le piratage des entreprises américaines. Interrogé sur les accusations américaines, il répond: «Nous piratons tout le monde tout le temps».

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Pour le journal Le Monde

«Il avait fallu l’élection de M. Obama pour que les Etats-Unis retrouvent une certaine aura dans le monde. Les révélations sur les pratiques de la NSA risquent de compromettre le «soft-power» que le président américain avait entrepris de restaurer».
On peut maintenant douter de sa sincérité avec un «s» comme sécurité.

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