France-USA : L’enjeu africain

Obama hollande usa 2014

De nombreux commentateurs, aussi bien français qu’américains, se sont étonnés de la chaleur de la visite d’Etat du président français aux Etats-Unis.

En effet, pour les Américains, François Hollande est un quasi inconnu. Sa notoriété, très récente, est liée à l’affaire Julie Gayet. C’est dire…
L’explication est donc ailleurs. Elle est en fait en Afrique où la France joue le rôle d’allié incontournable et privilégié dans la lutte contre le terrorisme. C’est une nouvelle alliance qui passe par l’axe Kaboul (un peu à l’ écart)-Tripoli-Bamako-Bangui et qui explique tout.

Certes, l’amitié franco-américaine est historique. Les Français ont joué un rôle capital dans la lutte des colonies pour leur indépendance face à l’Angleterre. Les Américains ont libéré la France de l’occupation allemande. Mais les relations ont connu également des périodes de refroidissement. Ce fut le cas sous de Gaulle avec même le retrait de l’Otan. Ce fut le cas également lors de la guerre contre l’Irak avec l’intervention de Villepin, le ministre français des Affaires étrangères, à la tribune de l’ONU.
La nouvelle alliance est centrée sur le continent africain. François Hollande et Barack Obama ne le cachent pas. Ils affirment que l’Afrique est le théâtre «le plus visible» du «nouveau partenariat» noué par leurs deux pays. Ils citent le Mali, «tout le Sahel», la République centrafricaine, «tout le continent, du Sénégal à la Somalie».
C’est sur le continent africain que Français et Américains, malgré leurs différences, semblent avancer la main dans la main vers le même but: stabiliser cette région du monde en vue de sauvegarder leurs intérêts stratégiques vitaux. Face aux multiples crises qui secouent le continent africain, notamment dans le domaine sécuritaire au sein de la bande sahélo-saharienne, la France et les Etats-Unis sont conscients que ni l’un ni l’autre ne saurait vaincre seul le terrorisme. La France a tenté à plusieurs reprises, mais en vain, de jouer la carte européenne, puis africaine. Cela ne suffit pas. Les Africains n’ont pas encore les moyens d’une action efficace et les Européens ne veulent pas suivre les «aventures françaises» en Afrique. Hollande a besoin de redynamiser «l’alliance franco-américaine» pour mieux affronter les nouveaux périls qui menacent les intérêts français sur le continent africain. Quant aux Etats-Unis, même s’ils paraissent discrets, leur engagement sur le continent africain est réel, notamment dans la lutte mondiale contre le terrorisme.
Le chef de l’Etat américain, Barack Obama, a invité les dirigeants de 47 pays africains à participer à un sommet à la Maison Blanche, les 5 et 6 août prochains, a annoncé, mardi 21 janvier, la présidence américaine. La Maison Blanche a précisé avoir convié les dirigeants de tous les pays africains, «sauf ceux qui n’ont pas de bonnes relations avec les États-Unis ou sont suspendus de l’Union africaine (UA)». Parmi les pays qui n’ont pas été invités au sommet, figurent ainsi le Zimbabwe, le Soudan, la Guinée-Bissau, mais aussi l’Égypte et Madagascar. La présidente de la commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, sera également reçue à Washington pour l’occasion. Il ne faut cependant pas en conclure que l’enjeu africain est perçu comme prioritaire par la presse américaine et surtout l’opinion publique.
Le Washington Post a titré: «Le badinage d’Obama avec le Français». CNN, quant à elle, parle d’une «alliance forte». Le New York Times est un peu plus critique dans son titre: «Obama salue le leader de la France, mais le met en garde de ne pas faire affaire avec l’Iran». Le site Politico est moins tendre, reprochant aux deux présidents d’être trop vagues sur les suites du conflit syrien. L’Afrique est très loin.
Après son séjour sur la côte est, le président français est venu visiter (mercredi 12 février) la côte ouest. En particulier San Francisco et la Silicon Valley, qu’il appelle lui-même «l’endroit où le monde de demain est inventé». François Hollande a reçu les clés de la ville de San Francisco avant de rencontrer les dirigeants de Facebook, Twitter et Google. Le San Jose Mercury News s’est contenté de décrire la visite présidentielle en précisant toutefois qu’il n’y avait pas eu de discussion autour de la condamnation de Google infligée par la justice française.
Mais, bien sûr, la véritable menace, ce n’est pas Google. C’est Al-Qaïda et ses ramifications qui profitent en Afrique noire de la fragilité et de la déstabilisation de plusieurs pays.
Les deux présidents estiment que le «partenariat toujours plus étroit» de leurs deux pays, «enraciné dans une amitié de plus de deux siècles», est un modèle de coopération internationale. Ils souhaitent cependant qu’un plus grand nombre de pays prennent des initiatives et partagent le poids et le prix du leadership, car «un pays ne peut pas à lui seul venir à bout des défis transnationaux». «Il faut qu’un plus grand nombre de pays prennent leurs responsabilités pour garantir la sécurité et la paix dans le monde et faire progresser la liberté et les droits de l’homme»
La France assume cette volonté en Afrique et c’est pourquoi Hollande a été reçu comme «le meilleur des alliés» par Obama qui, par une partie de ses origines, se sent un peu «africain».

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Patrice Zehr

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