2015: l’espoir malgré le désordre mondial

Camp de yarmuk 2015

La Tunisie qui aspire à la liberté et à devenir un exemple pour le monde arabe a élu à sa tête un président qui a servi Bourguiba et Ben Ali. L’aspiration à la stabilité et à la sécurité explique, comme en Egypte, une sorte de restauration après les espoirs et les déceptions des faux printemps arabes.
L’évolution du monde arabo-musulman est certainement le grand défi de l’année qui s’ouvre. La guerre livrée contre les djihadistes du prétendu Etat Islamique au Levant connaîtra sans doute, dans un sens ou dans un autre, une évolution décisive. Le conflit israélo-palestinien, lui, semble bloqué. Les négociations avec l’Iran devraient cependant connaître un aboutissement ou un échec. L’autre grande inconnue concerne la Russie et son bras de fer militaire et économique avec les nations pro-américaines, l’Europe de Bruxelles et l’OTAN.
Tous ces conflits seront tributaires du marché pétrolier qui connaît en ce début 2015 une sorte de contre-choc.
C’est terrible pour la Russie qui ne peut plus être considérée comme un pays émergent. C’est dangereux politiquement, car cela peut pousser Poutine à une réaction violente et des conflits extérieurs. C’est favorable pour les pays consommateurs, mais cela rend moins attrayant l’exploitation du gaz de schiste. Ce serait l’une des raisons du maintien de la production de l’Arabie Saoudite, éviter l’autonomie pétrolière des puissances vis-à-vis du pétrole. Mais si la Russie est en récession, l’Arabie Saoudite va connaître une situation de déficit. Le pétrole bas handicape également les économies djihadistes en Syrie et en Irak, mais aussi en Libye. Il fait peser une menace sérieuse sur l’Algérie.

Voilà démontré le grand risque du pari sur un seul élément économique. Cela confirme la sagesse marocaine de la diversification de ses sources de revenus. Certes pas de grands profits, mais pas de déstabilisation rapide et de chute brutale.
C’est donc l’avenir du pétrole qui a marqué le début de l’année 2015.
Le prix du baril de pétrole a perdu 50% de sa valeur depuis juin dernier. Les pays producteurs se préparent à une année budgétaire difficile en 2015. C’est le cas de l’Arabie Saoudite, premier exportateur mondial de pétrole qui prévoit un déficit important de son budget annuel à cause de l’effondrement des cours.
L’Arabie Saoudite prévoit un déficit historique de 38,6 milliards de dollars en 2015. C’est à la fois le plus important jamais estimé par ce pays et le premier depuis 2011. Lors d’un conseil extraordinaire, le gouvernement a cependant prévu un budget en hausse, malgré une baisse prévisible des recettes: quelque 37 milliards de dollars par rapport aux prévisions budgétaires de 2014.
Ce recul s’explique par la chute des cours du pétrole, dont le baril a perdu la moitié de sa valeur depuis juin. Il y a eu en effet une surabondance de pétrole, avec en parallèle un ralentissement de la demande mondiale à cause d’une croissance internationale faible et d’un dollar fort.
Si le prix du pétrole, 60 dollars pour le baril de Brent, ne remonte pas, le royaume -qui tire 90% de ses revenus de «l’or noir»- risque de perdre la moitié de cette manne. En 2013, elle s’élevait à 276 milliards de dollars. Malgré cela, le gouvernement n’a pas l’intention de ralentir le rythme des dépenses publiques. Il peut compter sur les réserves en devises du pays en cas de vaches maigres: 750 milliards de dollars.
Tous les pays producteurs de pétrole ne peuvent en dire autant. C’est le cas de l’Algérie.
Le prix du pétrole, qui assure l’équilibre du budget algérien, se situe pourtant entre 100 et 110 dollars le baril. Il évolue ces jours-ci autour de 60 dollars. Pour 2014, il manquera au moins 15 dollars par baril et par jour. En 2015, ce sera pire, selon toutes les prévisions.
Les mauvaises années vont-elles rattraper Abdelaziz Bouteflika encore au pouvoir? Réflexe ancien, Alger a dépêché sa diplomatie énergétique pour essayer de raisonner l’Arabie Saoudite et lui faire cesser sa guerre des prix contre les producteurs de pétrole non conventionnel. «Même si Riyad renonce avant la fin du premier trimestre 2015 à inonder le marché de son brut, il faudra plusieurs mois pour que les cours se mettent à se redresser. Et sans doute deux ou trois années pour qu’ils reviennent à 120 dollars le baril». Une échelle de temps trop lointaine pour le président algérien.
Poutine, lui, comme par hasard, a durci sa doctrine militaire et désigne l’OTAN comme ennemi principal. Trois jours après l’abandon par l’Ukraine de sa neutralité pour favoriser un rapprochement avec l’OTAN, Vladimir Poutine a signé une nouvelle doctrine militaire qui identifie l’Alliance atlantique comme les principaux risques extérieurs de la Russie. Le vice-ministre de la Défense, Anatoli Antonov, a estimé que l’OTAN cherchait à faire de l’Ukraine la «ligne de front» de son conflit avec la Russie.
Ligne de front-conflit, 2015 commence fort et pas seulement dans le monde arabo-musulman… Tout cela sous le regard du pays qui paraît le mieux placé pour échapper aux désordres mondiaux: la Chine.

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Patrice Zehr

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