Forum CDG Prévoyance : Quelle retraite pour un Maroc qui évolue ?

Organisé par CDG Prévoyance, le 24 juin 2019 à Rabat, le Forum «Notre rapport à notre retraite et à nos aînés» s’est penché sur les enjeux et défis de la retraite pour une population marocaine qui vieillit et comptera 10 millions de personnes de 60 ans en 2050.

«Nous sommes, aujourd’hui, face à des défis extrêmement importants que le gouvernement, les pouvoirs publics et la société, tous mobilisés, doivent relever. Il est donc impératif d’entreprendre un certain nombre d’actions pour pouvoir anticiper les éventuelles évolutions. Tout d’abord, il faut sensibiliser les jeunes sur la nécessité et l’urgence de réfléchir très tôt à leur retraite, à instaurer une pension minimum de vieillesse».

Les rapports avec nos aînés

C’est en ces mots que le Directeur général de la CDG, Abdellatif Zaghnoun, a résumé la thématique du Forum CDG Prévoyance «Notre rapport à notre retraite et à nos aînés», organisé le 24 juin 2019 à Rabat.

L’enjeu est grand et les participants à ce Forum ont tiré la sonnette d’alarme. Parmi les défis, ces populations vieilles qui existent et un accompagnement sur le plan santé; ce qui nécessite des dépenses importantes à l’avenir proche. Donc, l’Etat se doit inévitablement de réfléchir sur la manière de mettre à la disposition de qui de droit les moyens financiers et les infrastructures nécessaires, pour pouvoir prendre en charge cette population.

C’est donc un ensemble de questionnements et de défis qui sont là et qui ont fait l’objet de débats entre les différents participants au Forum CDG Prévoyance. Sachant qu’il faudrait trente ans maximum pour réussir le défi de la retraite pour tous. Des chiffres éloquents sont là pour démontrer l’acuité de la problématique. Ainsi, le nombre des personnes âgées de 60 ans et plus passerait à 10 millions en 2050 et leur taux sera de 23 à 24% par rapport à la population globale, contre un taux de 9% aujourd’hui et de 7% en 1994, a fait savoir le Directeur général de la CDG, Abdellatif  Zaghnoun. Autre constat alarmant, a-t-il lancé, le taux de couverture retraite ne dépasse pas aujourd’hui 42%.

Constats alarmants

Un autre constat alarmant concernant la dangerosité du vieillissement inéluctable de la population marocaine: la nécessité d’agir d’urgence. La solidarité n’a certes pas disparu, mais a plutôt changé de visage, a expliqué Saâdia Radi, anthropologiste et chercheuse. Il est donc tout aussi urgent, a-t-elle expliqué, que le Maroc réfléchisse sérieusement à la mise en place de maisons de retraite. L’économiste Hélène Xuan, elle, a parlé d’une pension minimum de vieillesse, pour éviter les défis que pose le vieillissement. Il faut également engager de vraies réformes, vu que l’exemple de l’Occident ne s’avère pas toujours efficace. Normal, le nombre des aînés continue d’augmenter. Saâdia Radi a ainsi souligné la nécessaire solidarité et a fait remarquer que, quand même, nombre de personnes âgées continuent de vivre seules.

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La retraite des jeunes

Les participants au Forum se sont également penchés sur la retraite des jeunes, du fait que ces derniers s’y prennent un peu tard. Ils leur ont donc conseillé de mieux préparer leur retraite. Surtout que les jeunes sont souvent perdus entre l’idée d’épargner et celle d’investir dans des projets immobiliers (l’achat d’un appartement, par exemple). Il faut donc, a conseillé un participant, réconcilier les jeunes avec l’éducation financière, pour les aider à mieux vivre leur retraite.

«Il faut trouver des recommandations pertinentes, pour pouvoir préparer une feuille de route et un plan d’action à même de nous permette de prendre en charge les défis qui se posent et d’anticiper les évolutions futures», a souligné Hassan Boubrik, président de l’ACAPS.

Mohammed Nafaa

Il a déclaré…

Abdellatif Zaghnoun, Directeur Général de la CDG

«Nous serons plus de 43 millions de Marocains en 2050»

«Le Forum organisé, lundi 24 juin 2019, par CDG Prévoyance ouvre un débat autour d’une problématique importante qui concerne la relation avec la retraite. En fait, c’est une question à deux impératifs qui semblent contradictoires mais qui sont, en réalité, complémentaires. Cette problématique est posée sur la base d’une caractérisation de la situation réalisée par le Haut-commissariat au Plan (HCP), concernant l’évolution démographique de notre population.

En effet, à l’horizon 2050, nous serons un peu plus de 43 millions d’habitants, contre environ 34 millions d’habitants en 2014. Le nombre des personnes âgées de 60 ans et plus passerait à 10 millions de personnes en 2050, soit un taux de 23 à 24% par rapport à la population globale, contre un taux, aujourd’hui constaté, de l’ordre de 9% et qui était de 7% en 1994. Un autre constat, c’est que le taux de couverture retraite, aujourd’hui, ne dépasse pas 42%.

Nous sommes devant des défis importants que le gouvernement, les pouvoirs publics et la société doivent relever. Il est donc  impératif d’entreprendre un certain nombre d’actions, pour pouvoir anticiper ces évolutions. Tout d’abord, il faut sensibiliser les jeunes à mieux préparer leur retraite. Mais ceci a un préalable: il faut qu’il y ait plus d’emplois, pour permettre à nos jeunes d’accéder au travail. Il faut également les accompagner et les sensibiliser sur les mécanismes, pour pouvoir préparer leur retraite.

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Deuxième chose, concernant les personnes âgées de 60 ans et plus: il faut également anticiper les mesures d’accompagnement, parce que, c’est vrai aujourd’hui, les valeurs de la société, celles de la solidarité et de l’entraide familiale, permettent justement de protéger ces personnes, puisqu’il y a une solidarité entre les générations. Mais la question qui se pose avec acuité est: est-ce que ces valeurs de solidarité et d’entraide familiale vont perdurer dans le temps? Sinon, quels mécanismes et que faire pour continuer d’assurer l’indépendance et la protection de ces populations? Je rappelle qu’en 2050, une personne sur quatre va être âgée de 60 ans et plus. Donc, ce sont de véritables problèmes qui vont se poser.

Le troisième défi, qui est posé aux pouvoirs publics, est: comment améliorer le taux de la couverture retraite qui est aujourd’hui trop faible, même comparée à d’autres pays émergents?»

Qui est Abdellatif Zaghnoun?

Diplômé de l’Ecole Mohammedia des Ingénieurs en 1982, Zaghnoun a débuté sa carrière professionnelle à l’OCP où il a assuré plusieurs fonctions de responsabilité. Il a été Directeur général de l’Administration des Douanes et des Impôts indirects (ADII), avant d’être nommé, en 2010, DG de la Direction Générale des Impôts (DGI). Le 29 janvier 2015, il a été nommé par SM le Roi au poste de Directeur général de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG).

Hassan Boubrik, Président de l’ACAPS

Face à une population qui vieillit

«Ce Forum CDG Prévoyance, organisé par la CDG, est une excellente initiative. La CDG fête son 60ème anniversaire et c’est une belle façon de le célébrer en organisant un vrai débat sur une thématique importante qui intéresse notre pays.

La thématique d’aujourd’hui, qui est celle des rapports que nous avons avec nos aînés, concernant la problématique du vieillissement de la population et les impacts sur les systèmes de protection sociale, est extrêmement intéressante. D’où des enjeux qui sont intéressants, dans un contexte où la population marocaine vieillit».

Propos recueillis par M. Nafaa

Qui est Hassan Boubrik?

Hassan Boubrik a été nommé, en 2016, par SM le Roi Mohammed VI Président de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS), après avoir occupé le poste de Directeur des Assurances et de la Prévoyance Sociale (DAPS, ancêtre de l’ACAPS) au ministère de l’Economie et des Finances, depuis janvier 2011.

Au sein de la CDG, Boubrik a occupé plusieurs postes de responsabilité, notamment celui d’Administrateur-Directeur Général de CDG Capital.

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