Accord de pêche : La pression espagnole

Pays le plus gêné de tous par la suspension de l’accord de pêche entre le Maroc et l’UE, l’Espagne durcit le ton et fait un pressing remarquable sur le Conseil des ministres de l’Agriculture et de la Pêche de l’UE qui s’est réuni (22 avril 2013 à Luxembourg) pour débattre des accords de pêche avec le Maroc et la Mauritanie.

Peche-flotte-espagnole

L’Espagne a eu gain de cause en réussissant à introduire lesdits accords à l’ordre du jour de cette réunion. Pour rappel, le Parlement européen avait rejeté, le 14 décembre 2011, la prolongation pour un an de l’accord de pêche Maroc-UE, qui permettait à 120 navires battant pavillon de 11 pays européens -dont une centaine pour la seule Espagne- de pêcher dans les eaux marocaines.

Le Maroc avait riposté en demandant aux bateaux de pêche européens de quitter ses eaux. Madrid avait, de son côté, demandé une «compensation» financière à l’UE et des centaines de pêcheurs avaient manifesté dans le sud de l’Espagne contre ce blocage. Depuis le mois de novembre 2012, cinq rounds de négociations se sont déroulés entre l’Union européenne et le Maroc pour parvenir à un nouvel accord. Au bout de six rounds, rien n’est encore acquis et l’Espagne multiplie ses interventions pour faire aboutir le processus le plutôt possible. L’Espagne avait d’ailleurs déjà menacé de quitter l’Union, avant de tempérer sa position et de demander à négocier de manière directe avec le Maroc. Une pression qui fait que l’UE étudierait aujourd’hui la possibilité de signer un accord dans les mois qui viennent.

L’Union européenne et le gouvernement espagnol se montrent ainsi confiants qu’un nouvel accord peut être conclu. Ce qui favoriserait le retour aux eaux marocaines de la flotte communautaire et surtout espagnole qui est la plus intéressée. En effet, depuis que cet accord n’est plus en vigueur (14 décembre 2011), le secteur halieutique espagnol est dans une très mauvaise passe, puisque les pêcheurs espagnols s’alimentaient exclusivement dans les eaux marocaines. Il ne reste donc plus qu’à attendre de voir comment se déroule la suite des évènements et des éventuels rounds de négociations entre le Maroc et l’UE.

 

Nouvel accord

Déjà une voix «pour»

Struan-Stevenson

 

L’information a bien été confirmée au Reporter, à Bruxelles, par Struan Stevenson, vice-président de la Commission de pêche au Parlement européen. Ce dernier s’est dit pour un accord de pêche, lequel devrait intervenir avant la fin de l’été. «On attend les recommandations de la Commission européenne sur un nouvel accord avec le Maroc. En général, cet accord devrait aboutir dans les mois qui viennent. Personnellement, je suis pour, car il solutionnera des problèmes de part et d’autre. Il permettra aux pêcheurs européens de souffler en ces temps de crise et consolidera les relations bilatérales en installant une plus grande confiance entre les deux parties». Dans ses propos, Stevenson n’a pas indiqué certaines entraves, notamment la position des opposants de l’accord dont les termes ne devraient pas intéresser les provinces du sud marocain.

 

Obligation

Un total respect des ressources

Maria-Damanaki

L’Europe doit s’engager à respecter les ressources halieutiques marocaines avant toute négociation. C’est là une autre condition pour une éventuelle ouverture des négociations. Le Maroc n’envisagera donc de discussions sur l’accord de pêche avec l’Union européenne (UE) que dans le cadre d’un respect total des ressources, de l’environnement et des intérêts du secteur de la pêche marocaine. D’autant plus qu’un rapport de Greenpeace International avait insisté sur le fait que les eaux marocaines étaient surexploitées.

Sur ce point, la Commissaire européenne en charge de la Pêche et des Affaires maritimes, Maria Damanaki, se veut rassurante en précisant qu’il s’agit là d’un objectif que poursuit également l’UE, en ce sens que l’accord doit respecter l’environnement, être rentable aux deux parties et être en conformité avec le droit international. «Nous devons coopérer si nous voulons gérer efficacement les stocks de poisson», a estimé la responsable européenne, faisant savoir que «la Commission européenne considère le Maroc comme un partenaire clé, et pas seulement en Méditerranée».

  

Pêche

Ce que demande le Maroc

Au bout de six rounds de négociations, le Maroc et le Parlement européen n’ont pas encore trouvé de terrain d’entente pour un nouvel accord de pêche. On a beau parler ces derniers temps de la signature d’un accord au mois de juin prochain, hormis la question des droits de l’homme sortie par certains eurodéputés, tout coince aujourd’hui sur le volet financier. Le Maroc, qui est toujours parti du principe d’une compensation «symbolique», ne réclame qu’une allocation annuelle de 38 millions d’euros. En revanche, Bruxelles, qui a nettement revu à la baisse son offre, ne compte pas atteindre les 30 millions, puisque son offre oscille entre 25 et 28 millions d’euros. Un peu moins que ce qui a été alloué auparavant! C’est donc à qui consentira le premier…

 

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