Ma santé est dans mon assiette

Ahmed, 30 ans, informaticien, est célibataire. Après les erreurs accumulées, vivre normalement pour ce jeune homme passera par son assiette. Voici son récit.

«Je me rends compte un peu tard que je n’aurais jamais dû jouer de ma santé comme je l’ai fait. Je n’ai malheureusement pas été bien raisonnable sur ce plan. Maintenant, je récolte ce que j’ai semé. Moi qui trouvais que faire la cuisine était une perte de temps, m’y voilà contraint et forcé. Non seulement je suis obligé de préparer moi-même mes repas, mais en plus, je dois les trimballer où que j’aille. Je n’ai plus le droit d’ingurgiter n’importe quoi, mon estomac longtemps malmené et aujourd’hui mal en point ne supporte plus aucun écart.

Et dire que durant ces dernières années, j’avais trouvé plus commode de ne pas cuisiner chez moi, ni la journée, ni le soir d’ailleurs. Je réservais cela pour le week-end ou mes jours de repos. Et encore, parfois, j’évitais. Tout le reste du temps, je faisais comme pas mal de mes collègues et amis vivant seuls. Au début de chaque mois, encouragés par un solde bancaire encore créditeur, nous nous permettions des largesses. Tantôt, on s’attablait dans des petits «restaus», tantôt dans des fastfoods. Vers le milieu du mois, généralement, nous nous rabattions sur les gargotes de la médina. En fin de mois, pour caller notre estomac, pas un d’entre nous n’échappait au plan baguette tartinée de fromage ou de sardines en conserve de l’épicier du coin.

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Le soir, en ce qui me concerne, éreinté par une journée ardue de travail, m’atteler à la corvée de la cuisine, il en était tout simplement hors de question. A la sortie du boulot, tel un automate, mes jambes me conduisaient directement vers ma laiterie attitrée. Une dizaine de dirhams suffisaient à me rassasier de crêpes chaudes bien imbibées de miel et de beurre fondu, ou bien d’oignons et de piquant. J’alternais mes bouchées de gorgées de thé à la menthe. Cet instant me procurait l’impression d’être attablé chez nous à l’heure du goûter. Je ne me privais pas de ces délices tant que mon estomac en redemandait. L’hiver, je changeais de décor: je me précipitais vers un autre lieu spécialisé en «harira». Je commandais deux bols de cette délicieuse soupe servie avec quelques dattes, du pain et un œuf dur. Une fois chez moi, l’idée d’un dîner ne s’imposait plus. En cas de fringale nocturne, je pouvais me rabattre sur des yaourts ou des fruits.

Me nourrir de la sorte affolait ma mère qui me le rabâchait en toute occasion. Je l’entends encore râler en me répétant que me nourrir à l’extérieur tout le temps finirait par me rendre malade. Le gras, les tambouilles de gargotes, les mélanges douteux, l’absence de vitamines… Tout cela finit par se payer!

Selon elle, pour mon déjeuner, quelques rondelles de tomates fraîches dans du pain en guise de collation au bureau valaient mieux que ce qu’elle qualifiait d’horreurs pleines de microbes. Elle rajoutait que j’avais tout mon temps, une fois à la maison, de me rattraper. Elle s’acharnait à m’expliquer par téléphone comment préparer des veloutés de légumes express, du riz au beurre avec quelques morceaux de volaille sautés à la poêle. Je lui rétorquais avec une pointe de dérision que je ne voulais pas de cette bouffe pour malades. Que j’aurais bien voulu des tagines chaque jour, mais que mes talents pour préparer ces tagines ne le permettaient pas.

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Ce genre de discussion finissait généralement par une petite querelle, surtout lorsque je lui avançais que je ne supportais pas la corvée de faire les courses, ensuite celle de la cuisine et pour finir celle de la vaisselle.

Il a fallu que je tombe gravement malade pour que je comprenne qu’elle avait mille fois raison. Aujourd’hui, je n’ai plus droit qu’au cocktail viandes légumes, bouillis ou cuits à la vapeur, sans la moindre épice. Les fruits et laitages ne me sont autorisés qu’à de très petites quantités et pas toutes les sortes. Sans quoi, c’est le supplice assuré.  

La vengeance de mon estomac ne se limite pas qu’à ça. Une grande partie de mon salaire est également engloutie dans les remèdes et visites chez les gastros. Je réalise trop tard que notre santé dépend de notre nourriture. Et que pour préserver la première, il faut veiller à ce que la seconde soit saine».

Mariem Bennani

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